October 24, 2025

ENTRETIEN. TFC : "Je ne l’ai jamais revécu" se remémore la légende toulousaine Gérald Passi, qui a aussi joué à Monaco où se rendent les Violets samedi

l’essentiel
Il a gagné ses galons bleus à Toulouse et atteint, de ses propres mots, son nirvana footballistique sur le Rocher. Passi, Gérald, l’aîné de Franck, ouvre la boîte à souvenirs. Séquence nostalgie, mais pas que, de l’ancien milieu offensif notamment donc au TFC (1985-1990) et à Monaco (1990-1992), international France A (11 sél., 2 buts) et, âgé de 61 ans, actuel responsable du scouting de Troyes (City Group) en Ligue 2. Paroles de soyeux gaucher alors que le Téfécé se déplace en Principauté samedi 25 octobre (19h) dans le cadre de la 9e journée de L1.

Montpellier pour l’éclosion puis Toulouse pour l’explosion, Saint-Étienne votre dernier club en France avant une expérience au Japon, mais on a tendance à oublier qu’il y eut Monaco entredeux, de 1990 à 1992…
À l’intersaison, j’avais le choix entre Paris et Monaco. Maintenant, quand on rencontre Wenger… J’ai eu la chance d’avoir Arsène comme coach (NDLR : il le rejoindra à Nagoya). Je ne vais pas le regretter.

Les Monégasques et la Coupe de France qu’ils viennent d’arracher à l’OM sur un but de Gérald Passi (à droite). On reconnaît – de g. à d. – Barros, Djorkaeff, Diaz, Dib et Sonor.
Les Monégasques et la Coupe de France qu’ils viennent d’arracher à l’OM sur un but de Gérald Passi (à droite). On reconnaît – de g. à d. – Barros, Djorkaeff, Diaz, Dib et Sonor.
DR – AS MONACO

Et sous ses ordres, vous allez gagner le seul titre de votre carrière !
La Coupe de France 1991 , oui, quel souvenir… Les époques sont différentes : aujourd’hui, ce trophée n’a sûrement pas la même importance, la même saveur. Parce que ce n’était pas facile d’avoir un titre, alors ! Au moment où on jouait, nous, on bataillait contre le Marseille de Tapie. C’est dire. Nous n’avons pas été champions (deux fois seconds), mais nous avons disputé la coupe d’Europe (UEFA la première année, Coupe des Coupes la seconde saison). Ensuite, je suivrai Jacques Santini, mon entraîneur toulousain, chez les Verts. Lorsque je regarde dans le rétro, je me dis : “Gérald, comment c’est possible que tu aies pu partir de Monaco pour aller à Saint-Étienne ?” Bon, après, en dehors du côté humain, il y avait un vrai projet à Saint-É.

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Si on revient à la finale de Dame Coupe…
J’étais remplaçant, je me rappelle du contexte. Deux mois avant, on joue à Lille (16e de finale) et je me fais démonter le genou par Fichaux. Plaie articulaire. Je suis en galère, je me retape pour essayer de jouer la fin de la saison en espérant que mes coéquipiers atteignent la finale. Puis…

Oui…
Et là, je rentre (à la 59e, au relais de Y. Djorkaeff) et je marque l’unique but, à la dernière seconde, contre le grand OM. Sur un long une-deux avec l’autre remplaçant du jour, Ramon Diaz. Vous imaginez la revanche, non ?

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Une jolie réalisation, qui plus est !
Pas mal, pas mal (sourire). Du droit, pleine lunette. Je n’en ai pas inscrit beaucoup du pied droit, après généralement ils étaient sympas. Pas sorcier, du droit, c’était soit tout beau, soit tout moche (rires). Tiens, une anecdote. J’étais très pote avec Franck Sauzée qui était prêté par l’Olympique de Marseille. Il me glisse : “Une finale ? Ça ne sert à rien d’en parler sauf si tu la gagnes.” L’année suivante, je quitte le Rocher sur une défaite en finale de C2 (vs le Werder Brême, 0-2, à Lisbonne). J’ai compris ma douleur : c’est un événement traumatisant. Et Monaco n’y est pas retourné depuis…

Est-ce le meilleur souvenir de votre carrière avec votre triplé face au Spartak Moscou au 2e tour de la Coupe UEFA en 1986 sous le maillot du TFC ?
Lorsque j’ai raccroché, j’ai dit, et ça, je le pense vraiment, que ce sont davantage des moments de football qui me ravissent. Et un instant particulier. En terme de jeu pur, je me suis vraiment éclaté à l’ASM, précisément la deuxième année et l’entame du Championnat.

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Pourquoi ?
Il y avait une cohésion incroyable au sein de l’équipe qui faisait que quelque part, comme aux échecs, on avait trois coups d’avance sur les autres. C’est-à-dire que toutes les actions, tous les déplacements, tous les choix qu’on faisait, on les avait déjà imaginés auparavant. C’était magique. C’est du domaine du ressenti : c’était tel un flot où tout baigne. Je ne l’ai jamais revécu. À titre personnel tu peux marquer trois buts, c’est super, certes. Là, ça se passe ensemble, toute l’équipe savait ce qui allait se dérouler sur le terrain alors que normalement un match renferme par définition son plein d’incertitudes. Collectivement, il y avait quelque chose qui se dégageait. Les planètes s’étaient alignées. J’ai pris un pied pas possible. Bon, il fallait que ça s’arrête un jour et que je rentre dans la norme on va dire.

Il est clair que vous aviez un effectif de rêve (le XI de la finale de la Coupe de France : Ettori – Puel, R. Mendy, Petit, Sonor – Dib, Sauzée, Y. Djorkaeff, Barros – Y. Fofana, G. Weah ; renforcés à l’été 1991 entre autres par Sivebaek, Ch. Robert, Algerino, L. Thuram).
Devant, on avait la doublette Youssouf/George (Fofana/Weah). Au milieu, jouer avec Rui (Barros), c’était un délice. Derrière, tu avais Claude (Puel), qui chaque saison ne partait jamais titulaire au début, mais qui terminait toujours titulaire à la fin ! Mieux, c’est lui qui faisait le plus grand nombre de matchs… Puis les jeunes à l’image de Manu (Petit) et Tutu (Thuram). Ouais, j’ai passé deux années à Monaco qui furent magnifiques.

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Parmi toutes ces stars, qui vous a le plus impressionné ?
Ça va vous surprendre, mais je vais dire Jean-Luc Ettori. Franchement. Un gardien pas très grand (1m73) mais une énergie, une capacité à s’envoler, à démarrer exceptionnelles.

Faisons un bond de 33 ans : ce n’est pas la joie à l’AS Monaco…
Même si face à Tottenham (0-0 mercredi à Louis-II en Ligue des champions), ça avait l’air d’aller mieux avec leur nouvel entraîneur (le Belge Sébastien Pocognoli). Après, je ne le connais pas plus que ça.

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Et le coach catalan du Téfécé Carles Martinez Novell ?
L’année dernière, les Toulousains ont plutôt bien tenu. Il y a deux ans, je ne les voyais pas très bien mais finalement ça s’est bien déroulé également. Et force est de constater que ça continue. De l’extérieur, ce qui marque, c’est cet élan, ces bonnes ondes que le club a repris en l’espace de quelques années. Avec beaucoup de spectateurs, un Stadium vivant. Incontestablement, il y a un nouveau souffle ; tu sens quelque chose. Des jeunes poussent, sortent du panier quoi.

Quid du système de jeu ?
Je trouve que c’est une des équipes qui s’est donnée les moyens d’avoir un 3-4-3 qui tienne la route. Il y en a beaucoup, en L1 ou L2, qui adoptent ce schéma : or, souvent, c’est un peu tiré par les cheveux. Là, il y a les pistons qu’il faut : le TFC me rappelle l’Atalanta d’il y a quelques années. Il finira entre 5 si ça rigole et 10-12 dans les autres cas.

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Des Toulousains retiennent-ils votre attention ?
Le petit Methalie, naturellement, qui fait un début de saison étonnant. Sinon, on les connaît : Dönnum et Gboho pour les créativité ; derrière, Cresswell, c’est costaud. Le gardien (Restes) est bon. Sans oublier Magri qui, mine de rien, en est déjà à 4 pions.

À l’inverse, qu’est-ce qui cloche à l’AS Monaco ?
Pas compliqué : l’ASM n’arrive pas à produire du jeu. Dans le contenu, ça reste très pauvre – hormis par séquences. Monaco n’a pas encore d’équipe-type. C’est embêtant. Et, par-dessus, le tout manque d’engagement.

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N’y a-t-il pas aussi l’effet Principauté ?
C’est sûr. Parce que tu as le confort de vie. Tu n’intéresses pas grand-monde. Tu es un peu isolé du reste du Championnat.

Allez, on se jette dans la… Méditerranée : un petit prono ?
J’ai envie de dire que Toulouse peut battre Monaco, oui : 2-1 comme à Lyon. Avec ses individualités, l’ASM peut scorer à tout moment ; d’un autre côté, c’est tout de même instable. Il n’y a plus vraiment de patrons en défense.

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