Abandonnée depuis près d’un demi-siècle sur un terrain vague, l’une des deux premières télécabines des Pyrénées ariégeoises retrouve aujourd’hui son éclat d’origine. Un projet mené avec passion par des artisans locaux et une poignée de bénévoles.
Posée entre un terrain de football et un espace en friche depuis près de cinquante ans, la mythique télébenne rouge d’Ax-les-Thermes s’offre une seconde vie. Symbole de l’arrivée du ski dans la vallée, cette cabine, qui reliait autrefois en six minutes la gare du Berduquet (970 m d’altitude) à celle du Saquet (2 000 m), était tombée dans l’oubli depuis 1979.
Aujourd’hui, elle renaît dans sa ville d’origine, entièrement restaurée à l’identique. “La structure était très abîmée et rongée par la rouille, nous avons dû commencer par dissocier le haut du bas qui était irrécupérable et qui partait en lambeaux”, explique Rémi Garcia, chaudronnier et chef d’entreprise à la Société de Chaudronnerie Ariégeoise Design (SCAD).
Une restauration à l’ancienne
Depuis un an et demi, l’épave a été confiée aux mains expertes de cette société de Tarascon-sur-Ariège. Objectif : lui redonner son allure des années 1955. Pour l’artisan, ce chantier revêt une valeur toute particulière. “Participer à cette aventure est un honneur”, confie-t-il. “En parallèle du devis initial, nous avons aussi donné de notre temps pour garantir la faisabilité et l’aboutissement de ce projet local.”
Les trois artisans mobilisés ont passé plus de 700 heures sur cette capsule d’histoire. Et ils ont dû s’adapter : “Nous avons intégralement refait le soubassement et les portes, puis nous avons dû créer autant de gabarits en tôle que de fenêtres car elles avaient toutes une taille différente”, poursuit Rémi Garcia, qui s’appuie sur un savoir-faire manuel vieux de plus de 80 ans. “Pour façonner les tôles, nous avons retrouvé les sensations du travail à l’ancienne en faisant l’acquisition d’une vieille machine qui fonctionne manuellement”, ajoute-t-il avec fierté.
Un hasard devenu aventure collective
Tout a commencé par une coïncidence. “Il y a quelques années, c’est l’urbaniste Louis Canizares qui, voyageant en train, était tombé par hasard sur la télécabine lors d’un arrêt à la gare des Cabannes”, se souvient Philippe Pallarès, secrétaire de l’association Astax. “Ce jour-là, il m’a envoyé des photos et j’ai tout de suite contacté le maire d’Ax et des amis pour lancer le sauvetage de ce bijou de technologie de l’époque.”
L’Association de sauvegarde du téléphérique d’Ax (Astax) voit alors le jour le 17 décembre 2022. Les premières estimations prévoyaient une rénovation basique à 10 000 euros, mais la réalité s’est vite avérée plus ambitieuse. “Très vite, nous nous sommes retrouvés avec un devis à 42 000 euros”, raconte Marie-Pierre Rodriguez, présidente de l’association.
Le financement, une histoire d’héritage
Pour réunir la somme, les bénévoles se sont inspirés d’une vieille tradition locale. “Il y a très longtemps, le clocher de l’église Saint-Vincent avait brûlé, ce qui avait entraîné la chute et la destruction de ses cloches. Les familles axéennes s’étaient alors cotisées pour en payer de nouvelles et le fondeur avait gravé les noms de tous les donateurs à l’intérieur”, raconte Philippe Pallarès.
“Nous allons donc faire pareil pour la télécabine, avec la création et l’installation de plaques qui seront fixées à l’intérieur et qui immortaliseront les différents donateurs et figures emblématiques de l’époque.”
Une renaissance pour ses 70 ans
La cabine retrouvera bientôt sa peinture rouge vif d’origine et son bras d’attache sur le toit. À l’intérieur, un nouveau revêtement, des portes restaurées et un système électrique viendront parfaire la rénovation. “Je suis heureux et fier de terminer l’année avec ce projet”, souffle Rémi Garcia, qui s’apprête à vendre son entreprise pour faire le tour du monde en famille.
Installée près de la gare du téléporté actuel, la télécabine sera inaugurée le mercredi 17 décembre à 18 heures, lors d’une cérémonie suivie d’un vin d’honneur. “Cette date était importante pour nous, car elle marque les 70 ans, jour pour jour, de sa mise en service en 1955”, conclut Marie-Pierre Rodriguez. Sa jumelle, elle, aurait disparu à jamais, ensevelie lors des travaux de la déviation de la RN20.
Pour fêter dignement cet anniversaire, une soirée de gala se tiendra le samedi 20 décembre à 19 heures dans la salle café-théâtre du Casino. Placée sous le signe de l’élégance, du spectacle et de la magie, elle promet “de nombreuses animations”.
Renseignements et réservations au 05 61 64 65 00.