Des affiches de campagne, dont celle du parti d’extrême droite de Geert Wilders en tête, pour les élections législatives anticipées néerlandaises, à La Haye, le 7 octobre 2025. STORM GROENENDIJK/ZUMA/SIPA
Demander des conseils de voyage, faire une liste de courses, aider à préparer un discours… De plus en plus, l’intelligence artificielle (IA) est utilisée au quotidien. Jusqu’à pousser parfois la demande plus loin. Dans une étude publiée ce mardi 21 octobre, l’Autorité de Protection des Données des Pays-Bas (AP) s’inquiète, à une semaine de législatives anticipées, de l’usage de l’IA pour orienter le vote et appelle la population à ne pas le faire.
Dans cette étude, quatre agents conversationnels d’IA ont été testés : ChatGPT, Gemini, Mistral et Grok. Des faux profils d’électeurs ont été créés, correspondant aux positions politiques actuellement représentées à la Chambre des Représentants, où siègent les députés. L’étude montre que les agents conversationnels « aboutissent très souvent aux deux mêmes partis, quelle que soit la question ou la demande l’utilisateur » : le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders ou le GroenLinks-PvdA, le parti de gauche de Frans Timmermans, ancien vice-président à la Commission européenne.
Pour ce qui est des autres partis, la probabilité qu’ils apparaissent est bien plus faible, voir presque inexistante, comme le parti de gauche Denk ou la CDA (Appel chrétien-démocrate). Même lorsque les orientations politiques des faux électeurs correspondent en tout point avec les positions de partis.
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Une étude qui affirme que les électeurs sont « influencés à leur insu ». « Leur fonctionnement n’est ni clair ni contrôlable », a déclaré la vice-présidente de l’AP Monique Verdier. S’ils ne sont pas « délibérément biaisés », l’agence a tout de même rappelé que nourries à l’internet, les différentes intelligences artificielles n’étaient pas neutres, en raison du « mode de fonctionnement des chatbots IA ». « Leurs conseils sont basés sur des données non vérifiables avec lesquelles ils ont été formés sur des informations, provenant d’internet, qui peuvent être erronées ou obsolètes », ajoute-t-elle dans son étude.
L’extrême droite en tête
Une menace au bon déroulement démocratique, selon Monique Verdier. « Cela touche directement à l’un des fondements de la démocratie : l’intégrité d’élections libres et équitables », ajoute-t-elle. L’Autorité de Protection des Données néerlandaise demande également aux fondateurs des agents conversationnels de ne pas laisser leur IA être utilisée pour donner des conseils de vote.
Un coup de projecteur supplémentaire à ces élections anticipées, déjà scrutées de près en raison de la forte présence de l’extrême droite. Crédité à près de 20 % des intentions de vote, le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders est en tête dans les sondages. Une avance notable, mais loin de lui offrir une majorité. Depuis qu’il a claqué la porte de la coalition en juin, les grands partis néerlandais ont exclu toute possibilité de coalition avec le parti d’extrême droite.
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