Partie de Baulou le 16 septembre, l’Ariégeoise Christelle Record a déjà parcouru plus de 2 000 km à vélo, reliant les producteurs locaux tout en partageant chaque jour son aventure du “Bien manger”.
Le 12 octobre 2025, Christelle Record engrangeait plus de 2 000 km sur son compteur vélo. Ce 27e jour, elle a parcouru 195 km d’Avresmesnil à Cabourg. Elle a visité trois commerces, enjambé le pont de Normandie en travaux, traversé le port du Havre avec ses montagnes de conteneurs et ses “tentacules de fer qui chargent et déchargent”. Après une petite pause à Honfleur, au son d’un “bandas local”, elle repart pour trois heures. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. “Je suis épatée du parcours réalisé, plus de la moitié… Mon corps ne souffre pas du tout, il est en accord avec l’effort demandé, et le mental ne bouge pas d’un iota”, écrit-elle ce soir-là à ses suiveurs.
Partie le 16 septembre de l’Épicerie d’Ici à Baulou, Christelle suit son tour de France à vélo du “Bien manger”. Chaque jour, elle cherche et visite des épiceries qui travaillent au plus près des artisans et agriculteurs locaux. Souvent bien accueillie, partageant leur savoir-faire, certains reconnaissent la meilleure épicière de France 2024. Le soir venu, elle partage en ligne ses impressions de voyage en solo, ces paysages agricoles et ceux “à couper le souffle”, les vaches, les belles rencontres souvent fortuites et quelquefois ses galères.
L’Ariégeoise préfère rouler sur les petites routes de campagne, les pistes cyclables quand elles existent. Mais, lasse des routes des Bouches-du-Rhône, si encombrées de camions qui la frôlent, elle finit par opter pour le train. Au départ de Cassis, elle affronte un mur digne du mur de Péguère pour rejoindre la magnifique route des Crêtes. Christelle longe la Méditerranée, découvre Menton, puis attaque, les 27 et 28 septembre, les Alpes et ses cols (elle qui prétendait ne connaître que le col des Marrous) : le Lautaret, le Galibier, le Télégraphe et enfin la Madeleine, avec une descente d’une heure quarante en tenue de “cosmonaute”. Par deux fois, elle se heurte, à l’approche d’un col, à sa fermeture pour cause de neige. Elle peut bifurquer pour l’un, mais pour l’autre, elle passe et arrive toute gelée.
Heureusement, la fermière ariégeoise s’accorde chaque après-midi une pause chocolat chaud et gâteries sucrées, ce qui lui permet de repartir encore pour deux à trois heures de vélo. Le 1er octobre, Christelle fait une petite incursion en Suisse, traverse le lac Léman en bateau pour rejoindre le Jura. En Alsace, elle n’a pas trouvé d’épicerie, mais un distributeur d’œufs frais.
La plupart du temps, elle est attendue et dorlotée. Son réseau d’amis, et surtout Christiane qui la suit, lui trouve le gîte chez des amis ou amis d’amis. Un soir, ce fut une chambre d’hôtel et un autre, un refuge d’étape spécialement rouvert pour elle. Parfois, il faut recourir à la plateforme Warmshowers : celle-ci est une application qui permet aux cyclotouristes de trouver des hébergements gratuits auprès d’hôtes souvent eux-mêmes cyclistes et sympathiques.
Côté technique, Christelle a connu quelques pannes : dérailleur, freins, bruits bizarres. Mais à chaque fois, elle répare ou se fait aider par des mécanos pas forcément spécialistes du vélo. Quant aux cyclistes rencontrés, ils la regardent, pour certains, de travers vu son matériel, son barda, mais de nombreux motards la saluent chaleureusement. À chaque étape, elle adore discuter avec des passants, des curieux, leur parle de “Bien manger”, de producteurs locaux. Elle s’est quand même fait traiter une fois de “C” parce qu’elle avait malencontreusement grillé un feu…
Son GPS lui rallonge fréquemment son trajet et la conduit quelques fois sur d’anciens chemins très caillouteux. La cycliste a fait plusieurs gamelles, s’est fait peur, mais toujours debout, elle se dit reconnaissante de sa chance. De même avec la météo, elle échappe au gros orage en Paca. Elle n’a compté, pour le moment, que trois heures de pluie. Il y a eu le froid en montagne, qui a réveillé son arthrose des mains, mais maintenant “tout baigne”, elle a un moral d’acier.
À ce jour, Christelle ne s’est octroyée qu’un seul jour de repos : c’était pour gérer à distance la roulotte, son magasin à Foix, les fournisseurs et surtout la compta. Tout en pédalant, l’Ariégeoise reste connectée, discute avec ses collaborateurs, fait des commentaires en semi-direct avec vue sur la chaussée qui défile. Son arrivée est prévue le 16 novembre, mais il n’est pas impossible qu’elle arrive plus tôt…