Fer de lance de la protection du monde culturel français, l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels enquête toute l’année sur les vols dans les églises. Entretien avec son nouveau patron.
La Dépêche du Midi : Pouvez-vous vous présenter et expliquer votre rôle à l’OCBC ?
Colonel Jean-Baptiste Felicite : Je suis le nouveau chef de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) depuis le 1er août. Je suis officier de la gendarmerie, et depuis 2003, le chef de l’office est traditionnellement un colonel de la gendarmerie. Avant cela, j’étais en section de recherche à Reims et à Bordeaux, et depuis 2011, je suis dans la police judiciaire.
L’OCBC est parfois surnommé la “police de l’art”. Est-ce une description appropriée ?
C’est une description un peu romanesque. Nous enquêtons sur le marché de l’art et avons contribué à améliorer les mécanismes de régulation de ce marché. Nous travaillons sur des vols dans les musées, les églises, et d’autres lieux, mais aussi sur des cas de recel, de faux, d’escroquerie et de blanchiment. Les biens culturels sont souvent liés à différents types de criminalité. Nous collaborons avec le ministère de la Culture, les directions régionales de la culture, et les douanes.
Quelle est l’ampleur des vols dans les églises ces derniers mois ?
Les vols dans les églises ont toujours existé, mais ils ont un impact médiatique particulier car ils touchent des lieux sacrés. Nous nous concentrons sur le vol et le trafic de biens culturels, tels que les vases sacrés, les statues, et les éléments architecturaux. Nous utilisons une base de données pour enregistrer et tracer ces objets. Sur le territoire national, nous observons entre 1 et 3 vols par département. Cette année, nous avons constaté une densité de vols plus importante dans le Sud-Ouest et les Hauts-de-France.
Comment l’OCBC intervient-il concrètement ?
Nous travaillons avec les gendarmeries et la police. Lorsqu’un phénomène est pris en compte, nous appuyons les services locaux. Nous nous concentrons sur l’identification et la récupération des biens volés. Le vol dans les églises fait l’objet de beaucoup de médiatisation avec un glissement du sujet qui peut passer peut-être de l’appât du gain vers un sujet plus politisé avec des actes antireligieux. Nous, on n’a pas besoin de se prononcer sur ça.
Ces vols traduisent-ils une évolution du marché du trafic d’objets religieux d’art en France ?
Si l’on regarde sur une dizaine d’années la volumétrie des vols dans les lieux de culte, et pour nous ce sont principalement les églises catholiques puisque dans les autres cultes on n’a pas les mêmes objets, pas la même histoire, pas la même ancienneté. Le volume de vol fluctue, mais il reste autour de 200 faits par an. Mais même cette année qui sera vraisemblablement plus forte que celle de l’an dernier, on devrait rester dans cette moyenne. En revanche, il y a un taux d’élucidation relativement important par rapport à ce qu’on connaît dans les cambriolages puisque 3 personnes ont été arrêtées pour les vols commis à Dax et des annonces devraient être faites pour ceux commis dans les Hauts-de-France.