October 19, 2025

VIDEO. Moulins remarquables du Gers : à Plaisance, une ancienne minoterie va relancer sa production d’électricité

l’essentiel
Ancienne minoterie reconvertie depuis plus de 30 ans en atelier de construction d’orgues, le grand moulin à eau de Cassagnac produira bientôt de l’énergie hydraulique dans le cadre d’un projet écocitoyen.

C’est un lieu majeur de Plaisance-du-Gers, de par son passé, son présent et sans doute un peu plus encore son avenir. Érigé il y a plus d’un siècle et demi, le grand moulin à eau de Cassagnac garde une place de choix dans le patrimoine de la commune. Si on le connaît aujourd’hui, c’est pour son activité de construction d’orgues, aisément repérable depuis l’extérieur grâce aux tuyaux d’orgues accrochés à l’une des grandes fenêtres, au premier étage.

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Plus bas, près du portail et au-dessus d’une porte, deux plaques rappellent l’ancienne activité du bâtiment. L’une porte le nom des frères Zucca, derniers minotiers à l’avoir exploité pour la production de farine. L’autre rappelle les origines du moulin de Cassagnac, construit dans les années 1860 au-dessus du canal éponyme, par lequel transitent les eaux de l’Adour pour venir se jeter dans l’Arros.

Le grand moulin de Cassagnac a été construit dans les années 1860.
Le grand moulin de Cassagnac a été construit dans les années 1860.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Creusé sur l’initiative de Bernard Adolphe Granier de Cassagnac, ancien maire de la commune et proche de Napoléon III, ce canal destiné à l’irrigation avait été mis en eau en 1861. “Très vite, on se rendra compte que les eaux de l’Adour peuvent également servir une activité industrielle”, rappelle Daniel Birouste, l’un des deux facteurs d’orgues exerçant sur les lieux aux côtés de Bertrand Lazerme (quatre personnes y travaillent au total).

Le grand moulin de Cassagnac est situé au-dessus du canal éponyme, creusé sous Napoléon III.
Le grand moulin de Cassagnac est situé au-dessus du canal éponyme, creusé sous Napoléon III.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Construit quelques années plus tard, le grand moulin de Cassagnac connaîtra une activité meunière florissante à la fin du XIXe et presque tout au long du XXe siècle, au point d’être agrandi. Un deuxième bâtiment servira ainsi d’entrepôt pour les sacs de farine et les charrettes destinées à la livraison, des bureaux annexes voyant aussi le jour. “C’était le plus grand moulin de la Rivière-Basse, souligne Daniel Birouste. Il a tourné à certains moments 24 h/24 jusqu’à ce que son activité s’éteigne en 1992. C’est le moment où nous allons prendre le relais en tant que facteurs d’orgues.”

Les frères Zucca, derniers minotiers à avoir exploité le moulin jusqu’en 1992.
Les frères Zucca, derniers minotiers à avoir exploité le moulin jusqu’en 1992.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Depuis une trentaine d’années, le moulin à eau s’est en effet reconverti en un atelier de construction d’orgues de tout premier plan, d’où sont notamment sorties les orgues de Saint-Pierre de Chaillot à Paris, de l’abbaye de Sylvanès ou encore de l’église Saint-Vincent à Roquevaire. Toujours désireux de faire évoluer le lieu, Daniel Birouste et Bertrand Lazerme travaillent actuellement à l’ouverture prochaine d’une Cité de l’orgue. “Le bâtiment central accueillera un très grand orgue que l’on pourra visiter. Il sera ouvert au public, aux familles et aux personnes en situation de handicap. Ce sera aussi un lieu de recherche et de développement”, révèle le premier nommé.

Daniel Birouste dans l’atelier de métallurgie du moulin, où sont confectionnés les tuyaux d’orgue.
Daniel Birouste dans l’atelier de métallurgie du moulin, où sont confectionnés les tuyaux d’orgue.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

L’autre grand défi consiste à relancer dans le même temps la production d’énergie hydraulique par le biais d’une grande turbine de 4 mètres de long en passe d’être réhabilitée. “Nous venons de la remettre en fonctionnement, indique Daniel Birouste. Le projet consiste à installer au sortir de la turbine un alternateur qui va permettre de produire de l’électricité.”

Ce projet ambitieux se veut à la fois écologique et local, les facteurs d’orgues souhaitant impliquer la population de la commune. “On veut faire cela dans une communauté d’autoconsommation locale, de façon à pouvoir impulser un dispositif de production d’énergie de type citoyen dans lequel pourront se mêler aussi bien de la production photovoltaïque que de la production hydraulique”, ajoute Daniel Birouste.

Une "Cité de l’orgue" doit voir le jour à l’été prochain au sein du moulin.
Une “Cité de l’orgue” doit voir le jour à l’été prochain au sein du moulin.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

D’une capacité estimée à 39 kilowatts, cette turbine pourrait éclairer une quinzaine de maisons. L’énergie produite devrait être toutefois destinée en priorité aux “lieux d’intérêt public, par exemple la maison de retraite ou les boulangeries”, comme le précise le facteur d’orgues.

On l’aura compris, le grand moulin de Cassagnac n’a pas fini de tourner. C’est en tout cas le souhait exprimé par ceux qui l’exploitent aujourd’hui. “Ce qui me tenait à cœur, car on n’est pas éternel et que je n’ai plus 20 ans, c’est de se dire : trouvons le moyen de faire en sorte qu’une économie interne pérennise le maintien de ce patrimoine très important de l’histoire de Plaisance”, conclut Daniel Birouste.

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