September 19, 2025

La colère des riverains face aux futurs six Points d’Apport Volontaire place Pouzet à Agen : "On a été mis devant le fait accompli"

l’essentiel
Les riverains qui ont une vue directe sur les six futurs points d’apport volontaire place Pouzet à Agen sur le côté de l’abside de la Cathédrale, sont tombés des nues en découvrant le démarrage des travaux et l’emplacement retenu. Ils estiment qu’ils n’ont pas été tenus informés, ni consultés.

Au-delà de ce chantier et cimetière à ciel ouvert, le projet de collecte de déchets est devenu le ferment de la colère. Celle de propriétaires riverains directement impactés par les six points d’apport volontaire, implantés à 5 mètres de leur pied d’immeuble et de leurs deux garages privés.
Une gageure pour eux : « Cette installation qui semble avoir été accordée par l’architecte des Bâtiments de France, suscite de vives craintes : proximité immédiate des habitations et garages, avec risques de nuisances visuelles, olfactives, sonores et difficultés d’accès ; d’autre part, atteinte au cadre patrimonial de la cathédrale récemment valorisée par la réfection du parvis et des rues avoisinantes. On est étonnés que ça puisse se situer à proximité de la cathédrale classée, du côté de son abside, et sous nos fenêtres, alors qu’on nous interdit la pose de volets roulants et de climatisation », déplore Pierre Péberay, un des propriétaires de l’immeuble, qui ne comprend pas pourquoi les six PAV n’ont pas été positionnés à l’arrière du lycée Saint-Caprais, de l’autre côté de la place où ils ne gêneraient personne.

Portes des garages bloquées et places vertes de stationnement en moins

Il dénonce surtout l’absence de consultation des riverains et l’information tardive sur les travaux. « On n’a pas été informés au préalable, et on a été mis devant le fait accompli dimanche dernier devant l’imminence du chantier. Autant, on a été surinformés pour la fermeture de la rue des Martyrs ou le changement de sens de circulation de la rue de La Commune de Paris, là rien du tout ! », s’emporte-t-il.
« On a été bombardés de documentation pour la rue des Martyrs et là on n’a pas été consultés, donc nous n’avons pas pu défendre notre position ou apporter des solutions », poursuit Sophie, sa voisine, qui se dit inquiète : « Les​ camions qui vont vider les six cuves et les laver, vont bloquer nos portes de garages. J’ai lu qu’il fallait compter 1 h 30 d’intervention pour le nettoyage. Je souffre d’un handicap et j’ai des soins réguliers à faire chez mon kiné, mon mari a des astreintes, il doit pouvoir partir rapidement ». L’autre copropriétaire, Christelle Giacomin, pointe aussi la suppression de trois places de stationnement « Résident » en zone verte, ce qui est rare en voirie d’hypercentre-ville.
Et surtout pourquoi installer six PAV ? Un équipement jugé « surdoté », vu la faible densité d’habitants de la place Pouzet comprenant la rue des Martyrs. Quand on sait que neuf autres PAV sont implantés place Foch, place Barbès et place Raspail, tous dans un périmètre proche. Enfin, la dépréciation de leurs biens immobiliers de caractère est un autre des arguments opposés.

Peu de monde aux réunions publiques du quartier

Sur l’absence d’information reprochée, le président du quartier « 16 », Raphaël Riccio indique qu’une réunion publique de quartier s’est bien tenue l’an dernier avec des repérages, « mais sur les 1 300 résidents du quartier « 16 », seule une cinquantaine se déplace habituellement ». Il assure qu’une communication a été faite.
Le responsable du déploiement des PAV à l’agglomération d’Agen, Eric Piquet rappelle les nombreuses contraintes techniques qui militent en faveur d’un emplacement et pas d’un autre, des sites qui satisfont les uns et déplaisent aux autres. « On respecte les procédures, c’est dimensionné par rapport au nombre d’habitants, une fois la collecte au porte-à-porte finie. Le chauffeur du camion pourra laisser les sorties de garages libres en cas d’urgence bien sûr. 900 points sont collectés sur l’agglomération. Ils ont l’habitude ».
Cependant, les riverains concernés comptent bien faire entendre leurs voix à la mairie.
Une fosse creusée place Carnot au cœur du quartier Saint-Hilaire devant un bâtiment occupé et au final rebouchée suite à un vent de contestation, pourrait créer un précédent. À moins que la présence du cimetière découvert la semaine dernière soit rédhibitoire.

Découverte dans les premières strates, d’ossements humains et du cimetière chrétien par Wandel Migeon, archéologue pour l’Inrap et deux autres spécialistes.
Découverte dans les premières strates, d’ossements humains et du cimetière chrétien par Wandel Migeon, archéologue pour l’Inrap et deux autres spécialistes.
Photo C.St-.P

La présence du cimetière chrétien : déplacer les morts pour enterrer les PAV ?

Le trou béant, place ​Monseigneur-Pouzet à Agen sur le côté de la Cathédrale, laisse apparaître des ossements humains dans les couches superficielles déjà à ​1,30 m de profondeur. Il a été creusé lundi 15 septembre à la demande et sous la supervision des archéologues pour accueillir six futurs ​Points d’Apport Volontaire. Des crânes, des restes de troncs humains, des os ont été exhumés, ainsi que les traces de l​’enceinte du premier cimetière chrétien d’Agen de Saint-Caprais daté du XVIe ou XVIIe siècle par Wandel Migeon, archéologue pour l’Inrap (Institut national de recherches en archéologie préventives). Spécialisé dans la période antique par sensibilité, l’expert mène actuellement avec son équipe des fouilles préventives sur le site.
Des morts ensevelis avec d’autres vestiges de sépultures qui seront certainement mis encore au jour, par couches successives, dans les entrailles du sol, et qui devront laisser place, en principe, aux cuves censées recevoir les ordures des PAV. Puisque la fin de la collecte au porte-à-porte est appelée à sonner le 1er novembre de cette année.
Si le projet arrive à son terme, les déplacements des ossements et les « profanations » des sépultures en quelque sorte, semblent interpeller sur un plan spirituel aussi.
Mais le spécialiste stipule que le chantier va être interrompu la semaine prochaine afin de faire le point avec la Drac Nouvelle Aquitaine, car ce cimetière chrétien qui a été révélé, pose la question de sa conservation en l’état. « Entre une dizaine et une cinquantaine de corps sont potentiellement enterrés là en surface », mais les cuves doivent être enterrées à une profondeur de 3,30 m et la présence de trois crânes au même endroit, désigne-t-il, laisse à penser que les tombes sont très proches les unes des autres, avec une concentration de restes de squelettes humains apparentés à des hommes, femmes, enfants et fœtus ou bébés périnataux.

Ossements susceptibles d’être conservés au dépôt de Bordeaux

La fosse mesure 10 mètres par 5 mètres et elle doit être refermée pour partie, laissant place dans l’absolu qu’aux six têtes des Points d’Apport Volontaire (deux points pour les ordures ménagères, deux pour les emballages, un pour le papier, un pour le verre et une colonne aérienne de biodéchets à partir du 1er novembre). Les ossements seraient transférés dans ce cas au dépôt archéologique de Bordeaux. Mais si d’aventure, la Drac devait mettre son veto, difficile de repositionner sur le site Pouzet les six PAV, car l’emprise du cimetière concerne toute la place avec la chapelle du Martrou pas loin au début de la rue des Martyrs.

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