En Ariège, les contrôles dans les commerces se multiplient. Le préfet Simon Bertoux détaille une stratégie musclée pour faire face à des pratiques jugées déloyales et parfois illégales.
Le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux, a livré un état des lieux sans détour de la situation dans certains commerces du département, notamment les barbershop. Depuis le début de l’année, 66 établissements ont été contrôlés dans l’ensemble du territoire. Parmi eux, une quinzaine sont des salons de coiffure pour hommes, les autres étant des boulangeries, cafés ou des chantiers.
“Il y a une diversité de commerces qui font l’objet de contrôles, soit à la suite de signalements, soit parce que les policiers repèrent, dans leur quotidien, des indices laissant présumer des irrégularités”, explique le préfet du département.
Des manquements
Selon Simon Bertoux, “l’expérience a prouvé” que dans bon nombre de barbershop contrôlé, les cotisations sociales ne sont pas versées, et certains établissements servent même de vecteurs potentiels pour des opérations de blanchiment d’argent. “Bien sûr, si un barbershop est en règle, on le laisse fonctionner. Mais l’expérience montre qu’il y a souvent” des manquements, souligne-t-il.
Et ajoute : “Le principal constat, c’est le travail dissimulé et l’étranger sans papiers qui travaille. Souvent d’ailleurs dans des conditions… des horaires excessifs, des conditions de logement indignes, etc. Des modèles qu’on ne veut pas voir, c’est pour ça qu’on a la main lourde sur ces commerces”.
Des fermetures administratives à effet immédiat
Pour lutter contre ces infractions, les autorités ont recours à des sanctions administratives rapides, en complément des procédures pénales. “C’est une anticipation d’une procédure pénale qui va se conduire à son terme. Les amendes qui sont prononcées au titre de la sanction administrative sont des avant-goûts de la sanction pénale”, explique Simon Bertoux.
Un exemple marquant : un commerce de Pamiers, fermé quinze jours au printemps dernier, n’a jamais rouvert. “Souvent, ces établissements ne rouvrent pas”, note le préfet. Dans certains cas, la justice peut aller plus loin en prononçant des interdictions de gestion. “D’ailleurs, l’un des gérants de barber shop est actuellement en détention”, confirme-t-il.
Des commerces “déloyaux” et une occupation de l’espace problématique
Le préfet dénonce également un déséquilibre dans la concurrence locale : “Ces commerces ne respectent pas la réglementation fiscale et sont déloyaux envers les autres commerçants. Ils peuvent aussi être liés à des circuits de blanchiment, ce qui engendre une occupation négative de l’espace public.”
Selon lui, ces lieux sont parfois à l’origine de phénomènes d’attroupements gênants pour le voisinage. “En luttant contre ces commerces, on agit aussi contre cette forme d’occupation”, affirme-t-il.
Une présence renforcée de la police aux frontières
Une autre stratégie, mise en œuvre depuis environ un an, consiste à mobiliser la police aux frontières (PAF). Des contrôles de flux sont régulièrement organisés au péage de Pamiers, ainsi que dans le centre-ville, sur réquisition du parquet. Ces opérations permettent d’identifier des personnes en situation irrégulière.
“Depuis le début de l’année, 48 personnes sans papiers ont été contrôlées. Certaines font l’objet de procédures d’éloignement ou ont été placées en centre de rétention”, détaille Simon Bertoux. Les nationalités sont variées, principalement algérienne, mais aussi géorgienne et arménienne.
La préfecture revendique un durcissement clair de sa politique d’éloignement forcé, ciblée sur les personnes délinquantes. “Trente étrangers en situation irrégulière ont été éloignés depuis le début de l’année, après le bout complet de la procédure. C’est quasiment trois fois plus qu’il y a deux ou trois ans”, affirme-t-il.