En visite en France dans le cadre d’un voyage d’étude consacré à la gouvernance du dialogue citoyen sur le nucléaire, Ryoko Ando, présidente de l’association Fukushima Dialogue a fait étape dans le Tarn-et-Garonne. L’occasion de signer ce jeudi 23 octobre 2025 un accord de coopération avec la commission locale d’information (CLI) de Golfech, qui fait référence depuis 40 ans pour son engagement constant en faveur de la transparence.
“De toute façon, le manque d’information vous rend anxieux”. C’est Setsuko, une rescapée de la catastrophe nucléaire de Fukushima qui le dit. Pendant six mois, elle a dû fuir sa maison de Suetsugi, un village situé à 30 kilomètres de la centrale. Un site nucléaire construit sur la côte Est du Japon, balayée par un tsunami ce matin maudit du 11 mars 2011, conséquence d’un puissant tremblement de terre enregistré dans le Pacifique.

Ce jeudi 23 octobre 2025, le témoignage de cette femme est diffusé dans l’hémicycle du conseil départemental de Tarn-et-Garonne, à Montauban, où une délégation japonaise est reçue par le président Michel Weill. À sa tête, une femme exceptionnelle, Ryoko Ando. La présidente de Fukushima Dialogue est venue en France signer un accord de coopération avec la commission locale d’information de la centrale de Golfech, que préside Michel Weill et avec l’association nationale des CLI représentée par son secrétaire général Serge Labat.
Encore ébranlé par les images de ce film poignant, Jean-Paul Terrenne, vice-président de la CLI de Golfech, exprime “sa profonde admiration pour le peuple japonais, son courage et sa résilience”. “Ce moment dépasse largement la portée symbolique d’une signature. Il incarne quelque chose de rare et de précieux : la rencontre entre des femmes et des hommes qui, à des milliers de kilomètres les uns des autres, ont choisi de faire confiance à la parole partagée pour aborder un sujet aussi sensible et complexe que le nucléaire”, met en avant le Donzacais.
Le débat public n’est pas familier dans la culture japonaise, en particulier dans les zones rurales.
C’est l’association nationale des comités et des commissions locales d’information (ANCCLI) qui a lancé l’invitation à Ryoko Ando, accompagnée de Reiki Kuwagaki, chercheuse à l’institut central de recherche des industries électriques (CRIEPI) pour ce voyage d’étude d’une semaine en France consacré à la gouvernance du dialogue citoyen sur le nucléaire. “Le partenariat signé ce jour à Montauban est surtout le résultat d’une confiance mutuelle et d’un engagement commun avec des valeurs fortes : la participation d’une société civile aux dialogues citoyens et aux actions d’informations”, souligne le Lot-et-Garonnais Serge Labat, qui a excusé le président de l’ANCCLI Jean-Claude Delalonde et le directeur Yves Lheureux.

“Le débat public n’est pas familier dans la culture japonaise, en particulier dans les zones rurales”, reconnaît la responsable de Fukushima Dialogue. On le perçoit parfaitement dans ce film où, avant l’explosion de la centrale, “personne ne nous avait parlé des rayonnements ou de ce que signifie une dose”, confie un habitant.
“14 ans après l’accident de Fukushima, divers problèmes subsistent mais notre quotidien s’est apaisé” (Ryoko Ando, présidente de Fukushima Dialogue).
“Depuis l’accident de 2011, nos amis japonais ont su, au milieu de la douleur, inventer des espaces de parole où l’on n’oppose plus la science à la société, mais où l’on cherche ensemble à reconstruire le dialogue et le lien de confiance, pierre après pierre. Cette démarche, nous la comprenons, nous la partageons et c’est pourquoi cette coopération n’est pas seulement un échange institutionnel : c’est une rencontre humaine, éthique et politique au sens le plus noble du terme”, déclare Jean-Paul Terrenne, à l’heure des discours au château Montauriol précédant un échange de cadeaux.

Ryoko Ando, très sensible à l’accueil du Tarn-et-Garonne, reconnaît que “14 ans après l’accident de Fukushima, divers problèmes subsistent mais notre quotidien s’est apaisé”. Son association, qui n’est pas encore reconnue officiellement par les autorités japonaises, y a sans doute grandement contribué.
Ce n’est pas un hasard si l’ANCCLI a conduit la délégation japonaise en Tarn-et-Garonne. Créée il y a tout juste 40 ans, la commission locale d’information de Golfech est reconnue au niveau national pour son engagement constant en faveur de la transparence et du dialogue citoyen autour du nucléaire. “Quarante ans à observer, à questionner, à expliquer, parfois à déranger, toujours à servir le citoyen”, résume le vice-président de la CLI.
En signant cet accord, Golfech et Fukushima veulent montrer “qu’au-delà des technologies, des frontières et des cultures, il existe une communauté d’esprit, formée de celles et ceux qui croient que le dialogue reste notre meilleure protection collective”.

