Une action coup de poing a été menée ce mardi 23 septembre au petit matin par des militants de la Coordination rurale, devant le conseil départemental de Tarn-et-Garonne, à Montauban. Le président Michel Weill dénonce “une action aux revendications peu claires qui nuit à l’image du monde agricole et ne favorise pas le dialogue” et rappelle le soutien de la collectivité envers le secteur agricole.
Depuis 6 heures du matin, ce mardi 23 septembre 2025, impossible de circuler sur le boulevard Hubert-Gouze, un axe important de circulation à Montauban qui relie le centre-ville à la route d’Albi et à la zone commerciale de Sapiac… et passe devant l’Hôtel du Département.
C’est justement le conseil départemental de Tarn-et-Garonne qui était visé par une action qu’il faut bien qualifier de politique, menée par un syndicat agricole devenu une annexe de l’extrême droite. Alors que le jour n’était pas encore levé, une quinzaine de “bonnets jaunes” de la CR 82, venus avec une dizaine de tracteurs ont déversé plusieurs remorques de déchets. Une manifestation qui n’avait fait l’objet d’aucune demande réglementaire en préfecture.
Les agents du Département qui prenaient leur service, un peu plus tard dans la matinée, ont été surpris de voir qu’une partie de ces déchets jonchaient le parvis, à quelques mètres de l’entrée principale de l’hôtel du Département.
“Il était prévu qu’on nettoie le parvis ce mardi matin de bonne heure. Le temps que nos agents aillent chercher les souffleuses et engins de nettoyage sous haute pression, un des tracteurs a profité du fait que le portail soit grand ouvert.”
L’explication, c’est Michel Weill qui la donne : “J’accueille mercredi une réunion importante sur la gestion de la ressource en eau, à laquelle participeront mes collègues du Tarn, de l’Aveyron et de la Lozère. Il était donc prévu qu’on nettoie le parvis ce mardi matin de bonne heure. Le temps que nos agents aillent chercher les souffleuses et engins de nettoyage sous haute pression, un des tracteurs a profité du fait que le portail soit grand ouvert. Devant le bâtiment, ils nous ont déversé des filets et des boîtes servant à piéger les punaises dans les vergers”.
Le président du Département “condamne fermement cette action, non annoncée et aux revendications peu claires, qui nuit à l’image du monde agricole et ne favorise pas le dialogue”. Il rappelle que, depuis la loi NOTRe de 2015, l’économie, et donc l’agriculture, ne fait plus partie de compétences des Départements. Malgré cela, le CD 82 “a maintenu un soutien fort en direction du secteur agricole. Depuis 2022, plus de 5,6 millions d’euros ont été engagés par notre collectivité pour accompagner l’investissement des agriculteurs, soutenir les filières et faire face aux urgences climatiques. Sur le budget 2025, on a inscrit plus d’1 million pour l’agriculture”.
Guerre syndicale et arrière-pensées politiques
Le Montbetonnais tient à exprimer “sa compréhension face aux difficultés que traverse le monde agricole”. Ces difficultés, elles ont encore été exposées ce week-end des 20 et 21 septembre 2025 à Montbeton, à l’occasion du salon “Bienvenue à la campagne” organisé par la Chambre d’agriculture. Cet événement, qui a réuni plus de 10 000 visiteurs malgré une météo exécrable dimanche, constituait à la fois une vitrine pour les filières agricoles et une caisse de résonance de tous les problèmes que vit la profession.
En choisissant de cibler le conseil départemental et en dénigrant “Bienvenue à la campagne”, la Coordination rurale a sans doute voulu aussi régler des comptes avec les deux syndicats, FDSEA et Jeunes agriculteurs, qui lui ont barré la route lors des élections professionnelles de janvier 2025 et qui annoncent de leur côté une journée d’action ce vendredi 26 septembre. Une réaction de mauvais perdants en quelque sorte.
À deux semaines d’une législative partielle dans la 1re circonscription et à six mois des municipales, les arrière-pensées politiques de la CR ne trompent personne. Certainement pas Michel Weill qui “regrette les méthodes employées par la Coordination rurale qui privilégie la confrontation plutôt que l’échange” et préfère souligner “la qualité du dialogue avec la Chambre d’agriculture, avec laquelle les relations sont régulières et fondées sur la confiance”.
Quand aux dégâts provoqués par les déversements, de part et d’autre des grilles de l’hôtel du Département, ils auront un coût important, que ce soit en nettoyage ou en tri et recyclage des déchets. Le conseil départemental de Tarn-et-Garonne n’a pas encore fait savoir s’il donnerait des suites judiciaires à ces dégradations et autres modes d’action dont la CR 82 est coutumière.