École de plongée souterraine, station de gonfle et location de matériel : The cave to be réunit tout cela à la fois. Voilà treize ans qu’Olivier Bertieaux a quitté sa Belgique natale pour s’installer au cœur du Lot.
C’est une drôle de salle de classe dont un mur est bordé de combinaisons, l’autre orné de schémas du Ressel, le fond d’une photo de plongeurs et d’une carte du Taj Mahal, cavité du Yucatan. Bienvenue dans l’école de plongée souterraine The cave to be.
“Ça fait un mois que 2025 est complète”

Voilà treize ans qu’Olivier Bertieaux l’a créée aux portes de Gramat, dans le cœur du Lot. Originaire de Belgique, le plongeur est arrivé ici par hasard et resté par passion. Celle de la plongée souterraine. Il a repris la station de gonfle d’André Grimal, qui représente l’essentiel de son activité. Une station de gonfle ? “Pour les bouteilles de plongée : il faut des compresseurs pour ça”. Ici il y en a huit. Six mois plus tard, celui qui était instructeur de plongée en Belgique a créé l’école “parce qu’il y avait de la demande”, dit-il. Et ça continue : “Là, ça fait un mois que 2025 est complète”.
“J’apprends aux gens à plonger sous plafond”
Olivier Bertieaux peut former des plongeurs de tout niveau, du débutant jusqu’au formateur. Quand on parle de débutant, il ne faut pas se méprendre : pour se lancer dans la plongée souterraine, il faut déjà être un plongeur aguerri. “J’apprends aux gens à plonger sous plafond”, résume-t-il. Les risques ici : le stress qui fait respirer plus fort, les gaz, l’emmêlement, les problèmes de visibilité. Car il dispense trois niveaux de formation : caverne (avec la lumière du jour), intro to cave et grotte c’est-à-dire sans limite de distance et difficulté. “Le but étant quand même de sortir en bonne santé”, sourit-il, d’autant qu’il doit répondre à des conditions de sécurité strictes. Parmi ses terrains d’exercice privilégiés : le Ressel. “En plus d’être correcte, dit-il, elle réunit pas mal de conditions avec des tunnels qui se séparent et se rejoignent”.

La moitié de sa clientèle vient d’Europe de l’Est
En ce matin de septembre, deux Espagnols viennent récupérer des papiers d’identité oubliés la veille, un couple d’Allemands attend que ses bouteilles soient pleines, un autre plongeur compare les scooters. “80 % de ma clientèle ne parle pas français”, observe Olivier Bertieaux. D’abord parce que les Français ne viennent que pour quelques jours et ont tout ce qu’il faut. Ensuite parce que le Lot a une renommée mondiale en la matière. “En ce moment, il y a une trentaine de Suédois et Finlandais”, dit-il. “La semaine passée, j’avais deux personnes de Floride et une d’Australie. Et il y a dix jours, j’ai donné des cours à deux Chinois”. Mais la moitié de sa clientèle vient d’Europe de l’Est.
“Sur toute la Pologne, il y a deux cavités ; et on a plus de 190 sources dans le Lot”

“Il y a une évolution depuis treize ans, j’avais des Espagnols, des Italiens, des Anglais, se souvient Olivier Bertieaux, avec le Brexit, on a moins d’Anglais, ça coûte cher. Avec la crise, on n’a plus vu les Espagnols pendant deux ans. On a vu l’arrivée des Suisses et surtout des pays de l’Est”. Pourquoi ? La réputation du Lot et la hausse du niveau de vie dans ces pays. “Sur toute la Pologne, il y a deux cavités ; et on a plus de 190 sources dans le Lot. L’Europe vient plonger ici”, poursuit le plongeur. D’ailleurs, depuis dix ans, la moitié des grandes marques de matériel sont polonaises y compris dans le haut de gamme. Pauvre en cavités, le pays borde la mer Baltique, terrain de plongée sous-marine riche en épaves et qu’Olivier Bertieaux connaît bien.
“Comme tous les Belges, j’ai commencé par la plongée en carrière”
Car l’homme a trente ans de plongée derrière lui. “Comme tous les Belges, j’ai commencé par la plongée en carrière”, commence-t-il. En clair, des mines à ciel ouvert abandonnées qui se sont remplies d’eau. Devenu instructeur en mer, il a travaillé à Cavalaire. “Des copains m’ont dit qu’ils allaient dans le Lot et m’ont dit de venir avec eux”, se souvient-il. Pas trop emballé par l’idée de s’engoncer dans des tunnels, il a hésité. “Ils m’ont dit : On mange bien”, sourit-il. Et l’expérience l’a emballé.

Si l’école fonctionne de mars à décembre avec des pics au printemps puis de mi-août à mi-novembre, Olivier Bertieaux s’amuse à dire que c’est la rentrée : “Septembre est mon plus gros mois”. Même si les épisodes de pluie peuvent limiter l’accès à certaines cavités. Et pendant ses trois mois de fermeture ? En décembre, la famille et “quelques formations ailleurs : Bali, la Sardaigne…” En janvier de gros salons et une visite à des fournisseurs. Et en février ? “Le Mexique (haut lieu de plongée souterraine) ou le Japon pour aller voir mon autre fils. Mais je plonge de moins en mois, c’est fatigant”.