L’investissement majeur de 6,5 millions d’euros porte Stanor, à Moissac (Tarn-et-Garonne), au niveau industriel. Cette coopérative fruiticole modernise son triage grâce à une calibreuse géante de 3 000 m2. Quelle efficacité cette nouvelle machine apportera-t-elle à l’exportation de fruits ?
Au cœur de la cité uvale de Moissac, siège du plus gros département producteur de pommes de France, se dresse la Stanor, l’une des plus grandes coopératives agricoles du pays. Installée, cela n’est pas un hasard, dans la bien nommée rue des pommes. Ce géant européen du fruit exporte chaque saison près de 80 000 tonnes de pommes, kiwis et poires aux quatre coins du monde.
Pour soutenir cette demande, la coopérative a réalisé un investissement « considérable » dans ses infrastructures : l’acquisition d’une calibreuse dernière génération pour un coût total de 6,5 millions d’euros (projet et travaux inclus). Cette somme, preuve de l’excellente santé économique de Stanor et de son chiffre d’affaires de près de 75 millions d’euros en 2024, est le pivot de sa stratégie.
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Comment cela fonctionne ?
Pour mieux saisir l’ampleur de cet investissement, nous avons enfilé blouse et casquette pour pénétrer « au cœur » de l’entreprise : la fameuse calibreuse. Dès l’entrée, l’atmosphère saisit le visiteur, à la fois par le bruit assourdissant des machines, par également la taille de la salle de 3 000 m2 et enfin par la complexité du processus de sélection des produits.

« C’est un bel investissement », confie le directeur de la Stanor, Franck Lagasse, au début de notre visite. Il a fallu attendre cinq mois pour sa mise en place. « Les travaux sont finis depuis début septembre », explique le dirigeant, en poste depuis une dizaine d’années. « Enfin, presque », ajoute-t-il à demi-mot avant d’entrer dans les détails du fonctionnement de ces lignes de conditionnement.
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Les fruits arrivent alors depuis les frigos de conservation de l’entreprise, situés un peu plus loin. Plusieurs tonnes, fournies quotidiennement par la quarantaine de pomiculteurs adhérents du Tarn-et-Garonne, arrivent des frigos.
En pleine saison de la Royal Gala (l’entreprise exporte jusqu’à 25 variétés), l’attention se porte sur cette pomme à la robe jaune citron, flammée de rouge orangé, lisse et brillante. Elles sont transportées ainis vers la toute nouvelle calibreuse, à travers un processus tout aussi surprenant que captivant.
« Au plus fort de l’activité »
Une première étape permet de sélectionner les fruits en fonction de leur dimension et de leur couleur, à travers un cheminement où l’eau coule sans cesse. « Nous avons une machine, avec plusieurs caméras, pour détecter d’éventuels défauts », explique Franck Lagasse.
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Les pommes sont ensuite classées par catégorie, pour finir dans un palox (grande caisse) de 350 kg. Ces fruits rejoignent alors un transstockeur géant – une sorte de frigo XXL entièrement automatisé – avant d’être expédiés aux autres coins du monde. « Cette nouvelle machine permet de réduire notre consommation d’eau », assure le patron des lieux.
« Nous sommes au plus fort de notre activité, lors du dernier trimestre », témoigne Franck Lagasse, les yeux sans cesse rivés sur la marchandise. Et au vu de la cadence menée par la nouvelle calibreuse, l’efficacité est évidente.
Quand Donal Trump influence les exportations de l’entreprise
L’entreprise moissagaise exporte dans près de 70 pays, sur tous les continents. De la Chine au Brésil, la Stanor exporte 70 % de sa production. Dernièrement, l’entreprise a conquis un nouveau marché de l’outre-Atlantique, le Mexique, profitant des répercussions de la géopolitique actuelle. « C’est la première fois qu’une entreprise française envoie des pommes dans ce pays », affirme avec le sourire le directeur, Franck Lagasse. « C’est un peu en quelque sorte grâce à Trump », poursuit-il. Pour rappel, l’administration américaine, sous la présidence de Donald Trump, avait imposé d’importants droits de douane à l’Union européenne en 2025, ce qui a eu des répercussions sur la commercialisation des fruits à l’échelle mondiale.

