Au troisième jour de son procès en cour d’assises, le chauffeur de bus accusé de quatre viols sur des filles toutes mineures au moment des faits, continuait à clamer son innocence.
“Tout est archi-faux. Tous ceux qui m’ont porté préjudice et ont menti contre moi, vont mourir. La justice française a volé ma vie à jamais”.
Comme il l’avait écrit dans des courriers à la justice lors de l’instruction, au troisième jour de son procès en cour d’assises de Pau, le chauffeur de bus accusé de quatre viols sur des filles toutes mineures au moment des faits, niait farouchement son implication et continuait à clamer son innocence. Tout en se posant en victime.
“J’ai fait appel parce que je ne suis pas coupable”
“J’ai été condamné et maintenu en détention provisoire injustement. J’ai saisi une dizaine de fois le JLD (juge des libertés et de la détention). J’ai fait appel parce que je ne suis pas coupable. En tant que père de famille, je suis déchiré. Je n’ai pas dormi de la nuit dernière.
J’ai donné tout ce que je pouvais pour mes enfants, mais je n’ai plus entendu leurs voix depuis mon arrestation le 28 octobre 2021. La condamnation à la cour criminelle des Hautes-Pyrénées a été la pire journée de ma vie”.
Comme l’avaient déjà plaidé ses avocats, “il n’y a aucune preuve scientifique de ma culpabilité”. L’accusé laisse même supposer un complot contre lui, “alors que certaines filles se connaissaient”.
À tel point que Me Mesa parle de “présomption de culpabilité” pour son client dans un dossier où “on a l’impression que la messe est dite” et “qu’il y a des trous dans la raquette” à savoir “des manquements” dans l’enquête.
Pourtant pour l’avocate d’Aline, qui aurait été violée à deux reprises par l’ex-chauffeur de bus tarbais qui s’improvisait marabout en faisant croire qu’il transformait des œufs crus en œufs durs, ou l’avocat général de la cour d’assises, nul besoin d’empreintes ADN ou d’examens médicaux qui de toute façon n’auraient pas donné grand-chose, pour établir la culpabilité de l’accusé.
La thèse du complot écarté par l’avocat général
Le fait que Mathieu A. ait “avoué une relation sexuelle avec ma cliente” constitue “la reine des preuves”. Dans la même logique, l’avocat général écarte la thèse du complot car “il est attesté que les victimes ne se connaissaient pas et ne se sont jamais contactées avant l’enquête”.
Pour lui, les témoignages sont d’autant plus crédibles et dénués de vengeance que les victimes dépeignent l’accusé comme “formidable, gentil et serviable” au moins dans un premier temps et décrivent avec précision les rites de magie noire auxquels il se livre, pour les impressionner.
“Ce que les victimes ont affirmé, a été vérifié et les affirmations de personnes différentes à des périodes différentes qui ne se connaissent pas, sont des éléments de preuve” souligne l’avocat général, pour rejeter les “soupçons” d’affabulation des victimes. De même, le fait que “quatre des cinq victimes portent les traces d’un stress post-traumatique” est une preuve irréfutable.
“Cette haute opinion de lui-même l’empêche de vous dire la vérité”
Las. Le procès en appel n’a pas conduit Mathieu A. à changer sa version des faits. “Sa construction mentale d’hypernarcissique l’empêche de pouvoir se remettre en cause” prétend Me Jaffrin, l’avocat d’Annabelle, qui portera sans doute toute sa vie “le poids de la souillure” de ses deux viols.
L’avocat général de la cour d’assises ne dit pas autre chose sur la personnalité de l’accusé, en s’adressant aux jurés de manière grandiloquente : “C’est cette haute opinion de lui-même qui l’empêche de vous dire la vérité. C’est un être narcissique et autocentré. Cet édifice doit craquer car tout le monde doit savoir qui il est. C’est à vous de livrer le vrai visage de Mathieu A. en le déclarant coupable”.
L’avocat général a requis “la peine maximale” de 15 ans de réclusion criminelle comme en première instance et trois ans de suivi sociojudiciaire. Mathieu A. encourt trois ans de prison supplémentaire en cas de non-respect de ce suivi.
À l’heure où nous mettions sous presse, les jurés n’avaient pas rendu leur décision qui devait intervenir très tard dans la soirée. Pour mémoire, la cour criminelle des Hautes-Pyrénées avait condamné Mathieu A. à 14 ans de réclusion criminelle dont 7 ans incompressibles.