September 4, 2025

"Ça fait mal au cœur": la disparition de l’usine Gerstube plonge salariés et commerçants dans l’incertitude à Vic-Fezensac

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Au lendemain de l’annonce brutale de la fermeture définitive de Gerstube, l’inquiétude et l’amertume dominent à Vic-Fezensac. Les 70 salariés de l’usine, qui espéraient encore une reconstruction, se retrouvent sans perspective claire.

Ce jeudi matin, dans les locaux temporaires de Gerstube, rue de la République à Vic-Fezensac, les visages sont fermés. À nos demandes de contact avec la direction, une seule réponse : “On transmettra.” Une demi-douzaine de salariés discutent entre eux, autour d’un café. Au lendemain de l’annonce de la fermeture du site, aucun n’accepte de s’exprimer. “On n’a pas envie d’en parler, on vient d’apprendre qu’on avait perdu notre emploi…”

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Sonnés, les employés de l’usine vicoise ignorent tout de leur avenir, à part que le site ne sera pas reconstruit. Ici, personne ne croyait ce dénouement possible. Et pour cause : la direction n’a jamais évoqué cette possibilité.

L’illusion d’une reconstruction

En juin, le PDG du groupe Alfiplast, auquel appartient Gerstube, évoquait une reconstruction devant les salariés. “Il n’y a pas eu de résumé ou de compte rendu de fait, explique un employé. Mais à ce moment-là, ils avaient promis une reconstruction.”

L’usine de Gerstube à Vic-Fezensac ne sera pas reconstruite : les salariés ont appris mercredi soir la nouvelle… par Facebook.
L’usine de Gerstube à Vic-Fezensac ne sera pas reconstruite : les salariés ont appris mercredi soir la nouvelle… par Facebook.
DDM – MC

Le 8 avril, un communiqué commun des élus locaux et de l’entreprise assure que tout serait mis en œuvre pour reconstruire dans un délai de 12 à 18 mois. “Puis, ils ont dit que ça prendrait du temps, plus de temps que prévu”, se souvient un délégué syndical CGT. Une cellule a été mise en place par la société, dans l’objectif de relancer l’activité, mais on n’a jamais eu d’information. “On ne savait pas où ça en était, assure le syndicaliste. Il y avait des informations d’Alfiplast de droite à gauche, mais jamais de communiqué officiel. La communication était très compliquée.”

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Le retard invoqué par la direction de Gerstube est réel. Il serait lié au caractère dangereux du site incendié : le toit contenait de l’amiante. Faute de matériel adapté, la gendarmerie n’aurait pas pu entamer son travail d’enquête aussi vite que prévu. La mise sous scellés de l’usine vicoise, une décision du Parquet, a compliqué d’autres interventions.

Compétences trop spécifiques

Que vont devenir les 70 salariés de Gerstube ? Le représentant syndical ignore s’ils devront faire face à un plan social ou à une liquidation. “Les représentants du personnel et le PDG doivent se rencontrer le 22 septembre pour parler de la suite des événements.

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L’entreprise compte plus de 50 salariés, il y aura des propositions de reclassement. Mais dans l’Ain, le Jura ou le Var…” Le domaine de compétences de bon nombre des salariés, très spécifique, n’est pas exploitable dans le Gers. “C’est un drame dans le drame”, regrette le syndicaliste.

Choc économique

Dans les rues de Vic-Fezensac, beaucoup ont appris la nouvelle sur les réseaux sociaux, ou par un coup de fil. Mairie et direction ne se sont pas comprises, et l’annonce a été publiée sur Facebook par la municipalité avant que les salariés ne soient informés. “Ça fait mal au cœur, confie Marion Bendichou, du Bar Ataclau. Beaucoup étaient clients dans mon bar. Ils croyaient à la réouverture. Certains étaient à quelques mois de la retraite. Tous ces postes ne seront pas remplacés par autre chose…”

Dans une boutique de la place Julie-Saint-Avit, le patron, lui, n’est pas surpris. “Il y a eu trop de temps perdu. S’ajoute la question du décaissage des déchets. C’est sûr, on a fait croire aux salariés qu’ils reviendraient, mais quel intérêt ? Une telle usine serait trop loin des axes de circulation, aujourd’hui !”

Reste que cet arrêt sera lourd de conséquences pour Vic-Fezensac. La plupart des commerçants interrogés ont le même discours : “Après la fermeture de la cave coopérative, et celle de Delpeyrat, la disparition de Gerstube, économiquement, ce n’est pas bon, dans une ville de 3 500 habitants”, comme le résume Vincent Chauvin, au Café des sports, où des salariés avaient aussi leurs habitudes.

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