Une simple noix plantée dans le Lot par un vieil homme dans les années 1950 a produit, grâce à une mutation génétique naturelle, une nouvelle variété spectaculaire. Son voisin et ami, Lionel Gouésigoux réussit à le breveter et lui rend hommage en nommant le fruit “Noix de Rémi”.
C’est une petite révolution qui a poussé dans son jardin, sans qu’il le sache vraiment. Rémi était un vieil homme, figure connue de tous les habitants de la commune des Junies. Il avait chez lui un noyer qui faisait de très beaux fruits, mais il ne les ramassait jamais. Lionel Gouésigoux, son ami et voisin, décide un jour de lui en acheter une partie. “Il se trouve que j’ai un ami ingénieur agronome. Je lui ai montré une noix et ce dernier n’avait jamais vu un objet aussi spectaculaire”, raconte-t-il. Le vieil homme avait planté, dans les années 1950, trois fruits pour donner des noyers.

L’un d’entre eux a poussé et a muté génétiquement, produisant un fruit à coque exceptionnelle. “Les noix bijoux sont très grosses mais donnent très peu de fruit. Ici elles sont bien remplies, la coque est plus lisse, moins dure et le fruit est délicieux”. Alors que normalement c’est l’inverse, plus il est gros, moins il est savoureux. Quand une noix fait en moyenne entre 30 et 32 mm de calibre, cette variante atteint en moyenne 45 voire 55 mm, soit quasiment la taille d’un œuf. Avec l’accord de Rémi, Lionel Gouésigoux décide alors de greffer l’arbre mère pour réussir à obtenir une nouvelle variété de noix.

Un nom en hommage au vieil homme
L’ancien commandant de paquebot s’entoure alors de spécialistes comme son fils ou un pépiniériste, pour renouveler l’expérience de cette extraordinaire noix. Le travail fut long car la nature prend son temps. Après quelques essais infructueux, en 2014, Lionel Gouésigoux plante sa première noyeraie à proximité de sa résidence, pour être au plus près des arbres et les entretenir dans les meilleures conditions. Quatre ans plus tard, il en crée une deuxième issue des plantes de la première. “Il fallait au moins deux générations pour avoir des sujets stables et reproductibles, deux critères pour obtenir le brevet”, raconte le Lotois. Bingo, les fruits à coque qui poussent sont similaires à l’arbre mère, une nouvelle variété de noix est ainsi créée. Il faut désormais lui trouver un nom. Le retraité de la marine décide de rendre hommage à son vieil ami, décédé en 2010 et la nomme : la Noix de Rémi.

Aujourd’hui, Lionel Gouésigoux compte une cinquantaine de noyers sur sa propriété. Son fils, Benjamin, propriétaire du brevet, s’occupe des arbres pour pérenniser la variété. Une centaine de plants sont commercialisés pour l’instant mais le retraité l’assure : l’objectif n’est pas de faire de l’argent, et préfère miser sur la qualité plutôt que la quantité. “On a montré qu’on pouvait faire des choses qui fonctionnaient”, affirme-t-il. Le rendement n’est pas encore énorme car les arbres sont encore jeunes, le terrain n’est pas non plus très adapté pour les noyers et le Lotois refuse d’étaler de l’engrais ou de les traiter contre les maladies. Mais ce n’est pas grave, le Lotois préfère partager le fruit de son travail avec ses amis, comme il l’aurait fait avec Rémi.

