La baisse du niveau d’eau au lac de Mercus lors de la compétition de canoë-kayak à Foix a provoqué de vives tensions entre EDF et la communauté de communes de Tarascon.
Depuis les championnats du monde juniors de canoë-kayak au stade d’eau vive de Foix, du 2 au 13 juillet, le torchon brûle entre EDF et la communauté de communes du Pays de Tarascon. En effet, l’alimentation en eau du site de compétition a mis à mal les activités aquatiques du lac de Mercus, alors qu’un contrat signé entre les deux entités devait assurer un niveau d’eau suffisant.
« En anticipation de l’événement, les organisateurs de la compétition avaient réuni les différents acteurs pour concilier les enjeux liés aux activités de la retenue de Garrabet et les enjeux en aval de la retenue. Aux côtés des acteurs du territoire, EDF accompagne la recherche de solutions entre les différents usages de l’eau en fonction de la ressource disponible et de ses contraintes techniques », indique aujourd’hui l’entreprise.
De son côté, Philippe Pujol, président de la communauté de communes du Pays de Tarascon, assurait dans nos colonnes avoir été mis au courant seulement en mai de l’impact de la manœuvre sur les installations de la base nautique, qui emploie 8 personnes en saison et assure une fréquentation de près de 15 000 usagers par an. « Ils se sont engagés sur deux choses contradictoires. Avec nous, ils ont un engagement de maintien du niveau d’eau pour assurer le fonctionnement du téléski. C’est une convention qui existe depuis 1989. Et, d’un autre côté, ils se sont engagés sur l’événement sportif où ils ont assuré un débit qui venait contredire la première convention », détaille Michel Alisevich, directeur général des services de la collectivité. « Ils nous ont expliqué qu’ils allaient baisser le niveau de 5 mètres. Nous, au-delà d’1 mètre 50, on risquait de casser toutes nos installations et on ne peut plus, bien évidemment, faire de téléski ou de pédalo. »
30 000 euros de perte
Conséquence pour la base de Mercus : le niveau d’eau n’a pas été suffisant pour ouvrir durant trois semaines dans une saison qui en compte dix, avec pour conséquence des pertes financières importantes — 30 000 euros — dénoncées par les élus. La ville de Foix, coorganisatrice de la compétition, s’est engagée à verser près de 7 000 euros en compensation.
« Mais ça ne viendra absolument pas compléter le déficit global. Ce qui est un peu gênant, c’est quand même qu’EDF est une machine un peu plus costaude que nos petites collectivités », regrette l’homme de 59 ans, à la communauté de communes de Tarascon depuis 1997. « C’est regrettable aujourd’hui que le contribuable soit obligé de financer les effets d’une décision qui ne nous concernait pas. »
La base de Mercus menacée ?
Par courrier, l’entreprise avait avoué en juin rencontrer des « difficultés récurrentes à maintenir cette limitation de marnage » avec « le changement climatique et des sécheresses sévères », sans expliquer les deux engagements contradictoires. « Nous vous rappelons que toutes nos conventions, sur le domaine concédé, sont précaires et révocables. Cette dernière, signée initialement en 1990, avait une durée de 5 ans, reconductible sous réserve de l’accord des deux parties », avait également écrit Jean-François Mégret, directeur d’EDF Hydro Aude-Ariège.
Une phrase qui n’est pas passée. « Ce ton-là est quand même sacrément déplaisant et ça a irrité fortement les élus, parce que ça équivaut à une menace. Si vous continuez à nous embêter, on peut mettre fin à la convention. » Un scénario inenvisageable pour la communauté de communes de Tarascon, dont la base de Mercus est un atout touristique important, au cœur de la diversification des activités économiques, avec des investissements lourds réalisés.
« Ils sont liés ad vitam aeternam tant qu’il y a un téléski nautique »
« Pour nous, ils sont liés ad vitam aeternam tant qu’il y a un téléski nautique, à moins d’une catastrophe », glisse même Michel Alisevich. « Le téléski, c’est malgré tout une installation qu’on a renouvelée, qu’on a modernisée ces derniers temps. À chaque fois, ce sont des investissements qui s’amortissent sur 20 ou 30 ans. L’idée, ce n’était pas de lier ça à une convention aléatoire. Ça serait ingérable », relève le DGS. « Ça serait quand même assez paradoxal qu’une entreprise telle qu’EDF vienne contrarier cette convention, alors qu’ils se sont toujours inscrits auprès des collectivités, au moins dans le discours. […] Elle a bâti son fonctionnement sur une ressource naturelle et locale. À ce titre, ça les engage. »
Avec les élus, il espère maintenant qu’un accord soit trouvé — « vulgairement, ça peut s’appeler de l’argent » — pour compenser la perte financière. Aucune procédure judiciaire n’a, pour l’instant, été engagée.