Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue français Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue d’un sommet de la « coalition des volontaires » à l’Elysée, le 4 septembre 2025. LUDOVIC MARIN/AFP
Vingt-six pays, essentiellement européens, se sont « engagés » à soutenir militairement l’Ukraine au « sol, en mer ou dans les airs » dans le cadre d’un futur cessez-le-feu, a annoncé ce jeudi 4 septembre Emmanuel Macron, mais les Etats-Unis n’ont toujours pas finalisé leur contribution jugée indispensable par plusieurs d’entre eux. Et leur mise en œuvre reste conditionnée à un très hypothétique arrêt des combats. Voici ce que l’on sait.
• L’engagement de 26 pays
Vingt-six pays se sont « formellement engagés » à « déployer comme force de réassurance des troupes en Ukraine ou à être présents sur le sol, en mer ou dans les airs », a déclaré le président français au cours d’une conférence de presse à Paris à l’issue d’un sommet de la « coalition des volontaires » qu’il dirige avec le Premier ministre britannique Keir Starmer.
« Je pense qu’aujourd’hui, pour la première fois depuis un long moment, c’est la première avancée concrète aussi sérieuse », a salué le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux côtés d’Emmanuel Macron.
En vertu de ces plans, dont il a refusé de donner le détail et de préciser les contributions pays par pays, « le jour où le conflit s’arrête, les garanties de sécurité se déploient », a expliqué le président français, que ce soit via un « cessez-le-feu », un « armistice » ou un « traité de paix ». Il ne s’agit donc pas « de mener quelque guerre contre la Russie » mais de la dissuader d’attaquer à nouveau l’Ukraine à l’avenir, a-t-il ajouté.
• Pas de troupes italiennes sur le sol ukrainien
Emmanuel Macron a assuré que l’Allemagne, l’Italie et la Pologne étaient des « contributeurs importants » parmi les 26. Ces trois poids lourds européens avaient émis des réserves sur un engagement, qu’ils lient notamment à un « filet de sécurité » robuste de Washington.
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La Première ministre italienne Giorgia Meloni a d’ailleurs répété à l’issue de la réunion que Rome n’enverrait pas de troupes en Ukraine. L’Allemagne entend quant à elle plutôt participer au renforcement de la défense antiaérienne de l’Ukraine et à l’équipement de ses forces terrestres, ont dit des sources gouvernementales à l’Agence France-Presse.
• Le soutien américain toujours incertain
Le soutien américain était l’enjeu d’une visioconférence avec le président Donald Trump dans la foulée du sommet, auquel a aussi en partie pris part son émissaire spécial Steve Witkoff, présent au palais de l’Elysée. Aucune annonce n’a été faite à cet égard.
Le locataire de la Maison-Blanche avait promis, au cours d’une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington, que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles. Ce « filet de sécurité » américain, ou « backstop » en anglais, pourrait prendre différentes formes – renseignement, soutien logistique, communications –, le président américain ayant exclu l’envoi par les Etats-Unis de troupes au sol.
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« Nous comptons sur le “backstop” des Etats-Unis », a répété le président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant la même conférence de presse.
Les dirigeants européens ont fait part au président américain de « leur espoir que les Etats-Unis contribueraient de manière substantielle », s’est aussi borné à rapporter le porte-parole du chancelier allemand Friedrich Merz. Emmanuel Macron s’est voulu plus optimiste. Il a assuré que le « soutien américain » à ces « garanties de sécurité » pour Kiev serait finalisé « dans les prochains jours » et que les Américains avaient « été très clairs » sur leur participation. « Il n’y a pas de doute sur ce sujet », a-t-il martelé.
• Vers de nouvelles sanctions contre la Russie
La réunion qui se déroulait à l’Elysée mais aussi par visioconférence a été l’occasion pour les Européens de réaffirmer leur volonté de tout faire pour pousser la Russie à négocier. A la clôture des travaux, Emmanuel Macron a aussi assuré que les Européens prendraient de nouvelles sanctions « en lien avec les Etats-Unis » si Moscou continuait de refuser la paix. Il a évoqué un « travail conjoint » avec Washington, concernant aussi des mesures punitives contre les pays « qui soutiennent » l’économie russe ou aident la Russie à « contourner les sanctions » – « et à ce titre, la Chine a été évoquée », a-t-il ajouté sans plus de précisions. Mais les Européens réclament ces sanctions américaines depuis des mois, jusqu’ici sans succès.
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Volodymyr Zelensky a aussi indiqué avoir évoqué avec Donald Trump l’adoption de nouvelles sanctions contre Moscou et la protection du ciel ukrainien contre les attaques russes, lors d’une conversation téléphonique avec des dirigeants européens après le sommet des alliés de Kiev à Paris. « Nous avons examiné différentes options, dont la plus importante est la pression, en recourant à des mesures fortes, notamment économiques […]. Nous avons également discuté de la protection maximale du ciel ukrainien », a déclaré le président ukrainien sur Facebook.
Donald Trump, se disant « très déçu » par son homologue russe, avait averti mercredi qu’il « se passerait quelque chose » si Moscou ne répondait pas à ses attentes de paix, laissant entier le suspense. Le président américain « est très mécontent que du pétrole russe soit acheté par l’Europe », a aussi souligné jeudi Volodymyr Zelensky, citant la Slovaquie et la Hongrie.
• La Russie n’acceptera aucune « intervention étrangère »
En face, la Russie a martelé qu’elle n’acceptera aucune « intervention étrangère quelle qu’en soit la forme », la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de « garanties de danger pour le continent européen ».