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Le Nouvel Obs avec AFP
En Albanie, 800 soldats ont été déployés pour assister les pompiers face à 14 incendies toujours actifs lundi. SAVO PRELEVIC / AFP
France, Espagne, Albanie, Portugal… L’Europe suffoque ce mardi 12 août sous le poids d’une canicule qui s’installe, alors que les incendies, dont le nombre et l’intensité sont favorisés par le réchauffement climatique, se multiplient, notamment dans la péninsule ibérique.
• Des dizaines d’incendies en Espagne
En Espagne, où plusieurs dizaines d’incendies, d’importance diverse, ont été dénombrés, un homme est mort, brûlé sur plus de 90 % du corps, dans la nuit dans un incendie qui avait éclaté lundi soir à Tres Cantos, située à 25 km au nord de Madrid, et qui a détruit plus d’un millier d’hectares.
« Nous sommes en risque extrême pour les incendies de forêt », a commenté le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez sur le réseau X. Plusieurs milliers de personnes ont été contraintes de passer la nuit hors de chez elles, leur évacuation se faisant parfois dans l’urgence.
Dans le sud de l’Espagne, un drame a été évité lundi soir lorsque le feu a repris près de Tarifa, en Andalousie, zone très prisée des touristes déjà frappée la semaine dernière. « Nous avons vécu des moments de danger extrême, parce que les flammes arrivaient à l’entrée des urbanisations », a expliqué le conseiller à l’Intérieur du gouvernement régional andalou, Antonio Sanz, qui a ajouté que les évacuations s’étaient opérées « dans un temps record ».
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Mardi matin, sur quelque 2 000 personnes évacuées dans cette province de Cadix, plusieurs centaines ont reçu l’autorisation de rentrer chez elles. De la même manière, quelque 600 résidents de plusieurs villages évacués en raison de l’incendie qui a ravagé le site naturel de Las Médulas – classé par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’Humanité –, dans la région de Castille-et-Léon (nord-ouest de Madrid), ont pu rentrer chez elles mardi matin, mais plusieurs incendies restaient actifs dans la même région près de Zamora.
• En France, 14 départements en alerte rouge canicule
En France, 14 départements du sud-ouest et du centre-est sont en vigilance rouge canicule. Dans l’Aude, toujours en alerte rouge canicule, la vigilance reste « maximale » pour éviter toute réactivation de l’incendie qui a parcouru 16 000 hectares, avant d’être maîtrisé dimanche, a indiqué mardi la préfecture.
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Un autre incendie en Charente, qui a détruit en quelques heures 200 hectares dans le sud du département, est désormais « fixé et maîtrisé ».
• Journée difficile pour les pompiers portugais
Au Portugal, trois incendies continuaient de faire rage, le plus préoccupant étant celui de Trancoso (centre), qui a débuté samedi et mobilisait 700 pompiers et quatre moyens aériens. Les autorités redoutent une journée très difficile en raison de températures pouvant atteindre 44 °C dans le sud.
• Presque toutes les grandes villes italiennes en alerte rouge
L’Italie n’est pas épargnée, avec 11 villes placées en alerte rouge en raison de la canicule, dont pratiquement toutes les plus grands villes du pays (Rome, Milan, Turin…).
Dans ce panorama sombre, les progrès réalisés contre un incendie ravageant depuis samedi une vaste zone du parc national du Vésuve, le volcan dominant le golfe de Naples, constituait la seule bonne nouvelle.
• L’appel à l’aide de la Grèce
Plus de 20 000 hectares ont été détruits depuis juin par les flammes à travers la Grèce frappée à la mi-juillet par une vague de canicule prolongée avec des températures ayant dépassé dans certaines régions les 43 °C. Le pays, confronté à la sécheresse et à des vents violents, a vu naître mardi de nouveaux foyers.
« Au total plus d’une centaine de foyers se sont déclarés à travers le pays et pour y faire face la Grèce a fait appel au mécanisme européen pour obtenir quatre bombardiers d’eau » supplémentaires, a déclaré Vassilis Vathrakoyannis, porte-parole des pompiers grecs lors d’un bref point de presse mardi en fin d’après-midi. Face au nombre important d’incendies, surtout en Grèce occidentale, une enquête a été ouverte par la police, a-t-il ajouté.
• Albanie et Montenegro font appel à l’armée pour épauler les pompiers
Au sud-est de l’Europe, les Balkans sont également en première ligne, notamment l’Albanie où 800 soldats ont été déployés pour assister les pompiers face à 14 incendies toujours actifs lundi. Dans ce pays, près de 34 000 hectares ont brûlé depuis juillet dans les feux de végétation quasiment quotidiens, selon le Système européen d’Information sur les Incendies forestiers (Effis).
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La police a évacué lundi les touristes, 500 selon les médias locaux, de la zone naturelle protégée Syri i Kaltër (œil bleu), une source d’eau très prisée par des touristes, à une vingtaine de kilomètres près de Saranda, une station balnéaire du sud du pays.
Au Monténégro voisin, l’armée est également intervenue pour épauler les pompiers sur un important feu attisé par des rafales de vent qui s’est déclaré lundi au nord de Podgorica, la capitale, où plusieurs familles ont dû quitter leur maison, a rapporté la télévision nationale RTCG.
En Croatie, un feu de forêt a ravagé environ 300 hectares dans la région de Jesenice, près du port de Split, dans le Sud. Le Kosovo a quant à lui connu en juillet son jour le plus chaud jamais enregistré avec une température de 42,4 °C.
• Un « dôme de chaleur » au-dessus de l’Europe
Akshays Deoras, expert en météorologie à l’université britannique de Reading, estime auprès de l’AFP que cette vague de chaleur qui affecte la France, l’Espagne ou les pays des Balkans « n’est pas surprenante ». « Elle est conduite par un dôme de chaleur qui persiste au-dessus de l’Europe. En raison du changement climatique, nous vivons maintenant dans un monde sensiblement plus chaud, et cette réalité accroît à la fois la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur », rappelle-t-elle.