Donald Trump à Washington DC, le 6 août 2025. WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES VIA AFP
Des Etats continuent ce jeudi 7 août de négocier avec Washington dans l’espoir de réduire l’impact des surtaxes massives désormais imposées sur leurs produits par Donald Trump, qui entend remodeler le commerce international au profit des Etats-Unis.
Appliquées depuis 00h01 (06h01 à Paris) ces surtaxes viennent remplacer, pour les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, les droits de douane de 10 % mis en place en avril, qui restent cependant en vigueur pour plus d’une centaine de pays.
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Elles ont pour but, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les Etats-Unis et ses partenaires, qui « profitent » d’après lui de la première puissance économique. « Il est minuit !!! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les Etats-Unis d’Amérique », a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l’échéance. Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15 % et 41 %.
D’autres surtaxes à venir
Parmi les partenaires visés par les taux les plus élevés, la Suisse tentait toujours ces derniers jours de négocier avec Washington, dans l’espoir de faire baisser la surtaxe de 39 % désormais appliquée aux produits helvétiques. En signe de bonne volonté, Berne a annoncé ce jeudi ne pas envisager « pour l’instant » de représailles sur les produits américains.
Le gouvernement sud-africain a annoncé de son côté que le président Cyril Ramaphosa s’était entretenu mercredi avec son homologue américain, Pretoria assurant que « les deux dirigeants se sont engagés à poursuivre leurs discussions ». L’Afrique du Sud est le pays d’Afrique subsaharienne le plus durement visé, avec des droits de douane additionnels de 30 % désormais imposés sur ses exportations.
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Avant l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant aux Etats-Unis était déjà de 18,4 %, soit le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l’Université Yale. Ce taux devrait maintenant s’établir à près de 20 %, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics.
Et de nouvelles annonces sont attendues, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100 %, a-t-il précisé mercredi. Wall Street n’a malgré tout pas semblé particulièrement inquiète devant cette nouvelle étape, les indices à la Bourse de New York ouvrant en hausse jeudi, suivant la tendance observée sur les marchés européens.
Impact économique attendu
Les investisseurs estiment que l’entrée en vigueur de ces droits de douane apporte plus de certitudes et observent qu’un certain nombre d’exceptions ont été ajoutées, selon les pays, réduisant l’amplitude des surtaxes. Pour l’heure, alors que le gouvernement américain assurait que « des dizaines d’accords » seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l’UE, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s’agit le plus souvent de préaccords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d’investissements massifs aux Etats-Unis.
Signe que tout ne semble pas encore finalisé, Tokyo et Washington exprimaient ces dernières heures une lecture différente sur la manière dont les 15 % sont désormais appliqués sur les produits japonais. Le Japon y voit un plafond (si les droits de douane antérieurs étaient inférieurs à 15 %), alors que les Etats-Unis soulignaient qu’ils venaient s’ajouter aux taxes préexistantes.
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La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s’étant accordées le mois dernier sur le maintien d’une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations : les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30 %, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10 %.
Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d’une économie largement endettée. Son ministre du Commerce, Howard Lutnick, a ainsi déclaré ce jeudi sur Fox Business que les nouveaux droits de douane pourraient rapporter aux Etats-Unis 50 milliards de dollars chaque mois. « Ce sont des chiffres incroyables. Et personne ne riposte », a-t-il vanté. L’impact de ces taxes sur les importations continue cependant d’inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l’inflation et ralentir la croissance aux Etats-Unis, avec des effets sur l’emploi.