Le président français Emmanuel Macron et son homologue chinois Xi Jinping après une conférence de presse mutuelle à Beijing, le 4 décembre. ADEK BERRY/AP/SIPA
Pour la quatrième fois en huit ans, le président chinois, Xi Jinping, a accueilli jeudi 4 décembre son homologue français, Emmanuel Macron. Une rencontre placée sous le signe de l’importance de la relation entre les deux dirigeants. Le président français est venu sur le sol chinois avec la volonté de presser Xi Jinping de corriger le déséquilibre commercial avec l’Europe ainsi que d’user de ses relations avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Voici qu’il faut retenir de cet échange.
· Se « mobiliser en faveur de la paix »
Lors d’une apparition commune devant les médias, Emmanuel Macron a dit avoir « longuement évoqué » avec son homologue chinois le conflit en Ukraine, « menace vitale pour la sécurité européenne ». « J’espère que la Chine pourra se joindre à notre appel et à nos efforts pour parvenir dans les meilleurs délais à tout le moins à un cessez-le-feu », a-t-il dit.
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« Nous devons continuer à nous mobiliser en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde. Et de l’Ukraine aux différentes régions du monde qui sont touchées par la guerre, la capacité que nous avons à œuvrer ensemble est déterminante », a déclaré le président français après un entretien restreint et avant des discussions en format élargi.
Il avait auparavant qualifié la coopération avec la Chine de « déterminante » sur l’Ukraine. Il avait plus largement reconnu l’existence de « désaccords », mais avait affirmé « la responsabilité de savoir les dépasser, de trouver des mécanismes de coopération, de règlement des différends pour un multilatéralisme efficace auquel nous croyons ».
· La Chine rejette toute responsabilité dans la guerre en Ukraine
« La Chine soutient tous les efforts pour la paix » et « continuera à jouer un rôle constructif pour une solution à la crise », a dit son homologue chinois. « En même temps, elle s’oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque », a-t-il ajouté alors qu’Emmanuel Macron n’a publiquement formulé aucun grief.
La Chine assure constamment vouloir la paix. Mais elle n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Partenaire économique et politique primordial de Vladimir Poutine, elle est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers, alimentant ainsi la machine de guerre. Des Européens l’accusent de fournir des composants militaires à Moscou. Lors de son précédent voyage à Pékin en 2023, Emmanuel Macron avait appelé son homologue chinois à « ramener la Russie à la raison ».
· Une demande d’investissements croisés
Les déséquilibres commerciaux constituent un autre lourd contentieux, avec les pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l’acier. La relation entre la Chine et l’Union européenne (UE) se caractérise par un déficit commercial massif (357 milliards de dollars, environ 306 millions d’euros) en défaveur de l’UE.
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Emmanuel Macron semble avoir été entendu dans son appel à des investissements croisés, avec un partage de technologies comparable à celui opéré par les Européens, et qui a contribué au décollage économique de Pékin, synonyme de création d’emplois et de valeur ajoutée. Une lettre d’intention a été signée en ce sens. « Les deux parties se sont engagées à promouvoir le développement équilibré des relations économiques et commerciales bilatérales, à accroître les investissements réciproques, et à offrir un environnement commercial équitable, transparent, non discriminatoire et prévisible pour les entreprises des deux pays », a dit Xi Jinping, dont le pays a livré, en 2025, aux Etats-Unis une intense guerre commerciale aux retombées mondiales.
· Des accords signés
Le chef de l’Etat français, arrivé mercredi soir, accompagné par 35 dirigeants de grands groupes (Airbus, EDF, Danone) et d’entreprises familiales, du luxe à l’agroalimentaire, devait assister à la signature d’un certain nombre de contrats. Comme en France en 2024, les deux couples présidentiels se retrouveront vendredi dans un cadre plus informel à Chengdu, dans la province du Sichuan (centre-ouest), berceau des pandas géants devenus des ambassadeurs de la Chine à travers le monde.

