Le président français Emmanuel Macron et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse à l’Elysée, le 1ᵉʳ décembre 2025. CHRISTOPHE ENA/AFP
Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, est arrivé ce lundi 1ᵉʳ décembre à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron et consolider ses soutiens européens, à la veille d’une rencontre entre l’envoyé américain Steve Witkoff et le président russe Vladimir Poutine.
Sur le terrain politique, le président ukrainien doit faire face dans son pays à un important scandale de corruption éclaboussant le gouvernement. Côté diplomatie internationale, Kiev tente de préserver ses intérêts tandis que les Etats-Unis négocient séparément avec les Russes et les Ukrainiens pour trouver une issue à la guerre.
Au cours de cette journée de visite officielle à Paris, Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron ont échangé avec les négociateurs américain Steve Witkoff et ukrainien Roustem Oumierov qui mènent des discussions en Floride. Les deux présidents se sont également entretenus avec le Premier ministre britannique Keir Starmer et plusieurs dirigeants européens (Allemagne, Pologne, Italie, Norvège, Finlande, Danemark, Pays-Bas), ainsi qu’avec les présidents des institutions européennes António Costa et Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, a indiqué l’Elysée. En fin d’après-midi, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont exprimés lors d’une conférence de presse. Voici ce qu’il faut en retenir.
• Zelensky demande un entretien à Trump sur les « questions clés »
Le président ukrainien a affirmé souhaiter s’entretenir avec Donald Trump sur les « questions clés » du plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie, les qualifiant d’« assez difficiles ».
« Nous espérons une conversation avec le président des Etats-Unis sur les questions clés qui sont assez difficiles », a déclaré Volodymyr Zelensky au cours de cette conférence de presse à Paris, en citant notamment le sujet des territoires ukrainiens occupés par la Russie.
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Rien ne doit permettre à la Russie de considérer son invasion de l’Ukraine comme une récompense pour le président ukrainien. Aux côtés d’Emmanuel Macron, il a prévenu : « Pour préparer une véritable sécurité, nous devons également veiller à ce que la Russie elle-même ne perçoive rien qu’elle pourrait considérer comme une récompense pour cette guerre. »
• La Russie veut « briser les Ukrainiens », dit Zelensky
Le président ukrainien a accusé la Russie d’intensifier ses frappes de drones et missiles sur son pays pour « briser les Ukrainiens ». « Nous constatons une augmentation des frappes de missiles et de drones. C’est une forte pression, non seulement psychologique mais aussi physique sur notre population, simplement pour briser les Ukrainiens », a-t-il dénoncé, alors que des zones résidentielles et des infrastructures subissent des attaques russes quotidiennement.
Les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an avec 701 kilomètres carrés de territoire grignoté aux Ukrainiens, selon l’analyse par l’Agence France-Presse (AFP) des données fournies par l’Institut américain pour l’Etude de la Guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP).
• Macron refuse que les Européens et l’Ukraine soient exclus des négociations
Un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine ne peut être finalisé qu’avec Kiev et les Européens « autour de la table », a déclaré Emmanuel Macron lors de cette même conférence de presse. « Il n’y a pas aujourd’hui à proprement parler un plan qui soit finalisé. Sur la question des territoires, il ne peut être finalisé que par le président Zelensky », a déclaré le président français alors que « des médiateurs américains vont se déplacer à Moscou dans les prochaines heures ».
« Sur la question des actifs gelés, des garanties de sécurité, de l’accession à l’Union européenne, des sanctions européennes, [ce plan] ne peut être finalisé qu’avec les Européens autour de la table. Donc nous sommes encore à une phase préalable », a-t-il ajouté.
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De son côté, Volodymyr Zelensky a jugé qu’il était injuste de ne pas inclure les Européens dans les pourparlers sur la reconstruction de l’Ukraine. « La question de l’argent, de la reconstruction […] sans la présence des partenaires européens, ce n’est pas facile. C’est difficile parce que l’argent se trouve en Europe et je pense que ce n’est pas très juste », a-t-il déclaré.
• Macron dit l’Europe « très vigilante » sur le scandale de corruption
Emmanuel Macron a dit refuser de « donner des leçons » à l’Ukraine, secouée par une affaire de corruption qui éclabousse son gouvernement, estimant que « la vraie dictature » était du côté russe plutôt qu’à Kiev.
« Nous sommes très vigilants », a déclaré le président français. « Comme on donne de l’argent, comme on soutient un effort de guerre, il est normal qu’on soit exigeant », a expliqué Emmanuel Macron. « Mais je constate qu’en tout cas la lutte contre la corruption fonctionne puisqu’il y a des décisions qui sont ouvertes et des décisions aussi politiques qui sont prises », a-t-il ajouté.
« Est-ce que notre rôle est de donner des leçons, nous, à l’Ukraine ? Pas vraiment. Il a pu nous arriver d’avoir d’ailleurs des scandales de ce type », a-t-il poursuivi.
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Il a ensuite lancé : « Vous n’avez jamais ce type de décision prise du côté russe, parce que la vraie dictature est là. » « Vous n’aurez jamais de problèmes de corruption en Russie » et « c’est ça qui devrait émouvoir beaucoup parce qu’il n’y a pas d’entité indépendante qui gère ces sujets-là » à Moscou, a assuré le président français, qui a apporté son « soutien » et son « amitié » de façon appuyée à son homologue
• Pendant ce temps en Floride… des « ajustements » à faire encore
Les discussions autour d’un plan de Washington pour mettre fin au conflit en Ukraine, menées en Floride depuis dimanche avec la partie ukrainienne, ont abouti à des « progrès significatifs », mais certains sujets nécessitent des « ajustements », a déclaré le négociateur de Kiev Roustem Oumierov.
« Au cours de deux jours très productifs aux Etats-Unis, […] nous avons réalisé des progrès significatifs, bien que certains points nécessitent encore des ajustements supplémentaires », a-t-il dit sur Facebook, ajoutant avoir convenu avec la partie américaine de maintenir un contact « constant ».

