Depuis le 29 juillet, quelque 1,7 million de véhicules font l’objet en France d’un rappel “Stop drive”, qui implique de ne plus rouler avant le remplacement gratuit des airbags du véhicule. La “phobie” du Takata, du nom de ces airbags dangereux fabriqués au Japon, gagne les automobilistes.
Un message qui revient très souvent, actuellement, sur le périphérique de Toulouse à l’attention des automobilistes : “Airbag Takata faites vérifier votre véhicule”. Cet airbag dangereux fabriqué par un équipementier japonais, qui a fait une faillite retentissante en 2017, a été produit par millions à travers le monde. Problème, il contient des capsules métalliques explosives de nitrate d’ammonium défectueuses, qui, depuis 2016, ont tué au moins seize personnes en France, dont quatorze en outre-mer où l’humidité semble accélérer la dégradation des capsules.
En 2024, une campagne de rappel des véhicules
En 2024, le groupe Stellantis (Abarth, Alfa Romeo, Citroën, Peugeot, Fiat, DS, Jeep…) a lancé une grande campagne de rappel pour ses véhicules C3 et DS3 équipés d’airbags Takata en France métropolitaine. Ce 31 juillet, Christophe Maurel, président de Mobilians (ex-CNPA, Conseil national des professions de l’automobile), a rassuré : “Nous avons traité avec nos concessions Citroën, la marque la plus impactée en 2024, tous les clients concernés”. Les propriétaires des véhicules concernés reçoivent un courrier recommandé afin de prendre rendez-vous chez leur garagiste, l’intervention est prise en charge par le constructeur, mais les délais risquent de se rallonger avec les nouvelles injonctions du gouvernement.
32 marques de voitures concernées
Les ministères de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique, qui relancent “Stop drive”, ont listé 32 marques de voitures parmi les plus prestigieuses : Audi, Mercedes, Tesla, Citroën, Peugeot, BMW, Opel, Nissan, Lexus, Land Rover, Honda, Ford et même Ferrari, etc. C’est dire si les garagistes vont avoir du pain sur la planche cet été et à la rentrée. “C’est environ deux à trois véhicules par jour actuellement, confie Raymond Vié, responsable du garage Auto Saint-Cyprien à Toulouse. Nos garages ont déjà des difficultés à faire toutes leurs activités, il y a des personnes en congé, et nous faisons face à une véritable pénurie en matière de personnel qualifié. Ce n’est pas un, mais deux airbags qu’il faut changer sur les véhicules : un sous le volant, l’autre côté passager”.
“Jusqu’à présent, je ne m’étais pas alarmé”
Lucas, un trentenaire qui vit à Toulouse depuis quelques années, est propriétaire d’une Citroën C4 de 2016. Jusqu’à cette semaine, il avait observé le scandale des airbags Takata de loin. “J’avais vu passer l’info sans m’alarmer pour autant, explique-t-il. Récemment, en roulant sur le périphérique de Toulouse, on voit le message partout sur les panneaux d’affichage.” Pas question pour Lucas d’immobiliser sa C4 pendant quinze jours, il travaille et a besoin de son véhicule pour se déplacer. Mais prendre un rendez-vous est devenu problématique.
Les garages qui ferment au mois d’août
“J’ai voulu prendre rendez-vous chez Citroën à Toulouse, mais au bout du quatrième concessionnaire, j’ai compris qu’ils ne voulaient pas changer les airbags, car la plupart ferme en août”. Ayant de la famille à Nîmes, Lucas en a profité pour prendre rendez-vous sur place, “sinon, je devais attendre jusqu’en septembre.” Comme de nombreux automobilistes, il se dit quelque peu “inquiet si, après un choc, l’airbag se gonfle très fort, très vite en se transformant en projectiles. Je crois qu’il faut faire attention même en descendant d’un trottoir. Et les dos-d’âne ?”