La Rémoise de 33 ans n’a pas tremblé pour son jour de sacre ; Pauline Ferrand-Prévôt s’est même payé le luxe de gagner en solitaire et en jaune la dernière étape à Châtel, dimanche 3 août. Récit.
Les Portes du Soleil ne se refermeront jamais. Dans un décor merveilleux de carte postale, de cinéma ou de rêve, au choix, Pauline Ferrand-Prévôt pédalant au-dessus de la mêlée comme Tadez Pogacar dix jours plus tôt chez les garçons a confirmé, si besoin était, qu’elle ne comptait aucune adversaire digne de ce nom dans le peloton international. Revenue sur la route cet hiver après son sacre olympique en VTT (Paris valait bien une telle parenthèse), elle a frappé fort d’entrée en gagnant, comme son fiancé Dylan Van Baarle un peu plus tôt le Paris-Roubaix, mais on n’avait encore rien vu. Après s’être faite aussi petite que possible durant les premiers jours en traversant la France de la Bretagne vers les Alpes, la Rémoise a écrasé le Tour dans l’étape reine, celle de la Madeleine.

En ce dimanche, sur les terribles routes de Haute-Savoie empruntant le non moins terrible col de Joux-Plane au-dessus de Samoëns, elle aurait pu se contenter de gérer, d’accompagner, de profiter. Mais la gestion de mémère ne colle pas à la belle couleur qu’elle promenait depuis la veille. Alors elle est partie, seule, à la manière des grands ou plutôt des très grandes.
Les dettes du siècle dernier
La France attendait une victoire d’un des siens dans le Tour de France depuis Bernard Hinault en 1985 ou plutôt Jeannie Longo en 1989. Pauline, ancienne championne du monde sur route et en cyclo-cross comme Mathieu Van der Poel (qui lui ne gagnera jamais le Tour !), a effacé les dettes qui semblaient insurmontables et dataient du siècle dernier. Dans les derniers mètres de son premier Tour et pour le reste de sa vie, elle a écarté les bras, s’est retournée une dernière fois pour être sûre et puis elle a semblé collée à la pente, a laissé son vélo et s’est couchée sur la route pleurant toutes les larmes de son corps heureusement fatigué.
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On disait les Néerlandaises intouchables, une Polonaise avait joué les grains de sable l’été dernier, mais c’est aujourd’hui une championne de France qui emporte tout. Après les deux victoires d’étapes de Maeva Squiban à Ambert et Chambéry, on était déjà contents, avec le jaune de PFP on se pince fort pour y croire. Les deux dernières lauréates (dans l’ordre Vollering et Niewiadoma) ont terminé à 20 et 23 secondes de leur ogresse. Juliette Labous, sixième, et Cédrine Kerbaol, huitième, “accompagnent” leur compatriote.
L’ultime étape a été fatale à l’Australienne Sarah Gigante, plus proche témoin de l’envol de PFPla veille. La Néerlandaise et la Polonaise accompagnent la Rémoise sur le podium et une quatrième Tricolore pointe dans le Top 10, Muzic. Lorena Wiebes sauve l’honneur des Pays avec un maillot vert bien accroché depuis des jours, la Suissesse Elise Chabbey garde ses pois et Nienke Vinke son maillot blanc (Julie Bego a été dépassée par Titia Ryo d’Arkéa pour la place de dauphine). Les FDJ se consolent avec le classement par équipes.