November 8, 2025

"On se dit les choses" : la Coordination rurale en guerre ? On vous explique les tensions internes avant les élections

l’essentiel
Le syndicat agricole de la Coordination Rurale aborde ses élections internes sous tension. Deux camps s’affrontent sur la méthode et la gouvernance, entre la présidente Véronique Le Floc’h et ses rivaux du Sud-Ouest. Le scrutin s’annonce disputé.

Au sein de Coordination Rurale (CR), deux courants s’opposent avant les élections organisées les 18 et 19 novembre à Auch dans le Gers. L’équipe de l’actuelle présidente Véronique Le Floc’h sera opposée à celle du président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne, Bertrand Venteau, soutenu par les influentes sections de la CR du Sud-Ouest.

Si les deux camps semblent se déchirer, chacun minimise pourtant les “tensions” révélées par des échanges internes publiés par France Bleu : les équipes de la présidente auraient été traitées de “minables”, de “fouilles m**de à mettre dehors à grands coups de pieds au c**”.

De la friture sur la ligne ?

Des messages insultants ont notamment été envoyés dans un groupe à l’encontre de l’équipe de Véronique Le Floc’h. Ce qui n’a pas été nié mais tempéré. “On a tous nos caractères à un moment donné, mais voilà, on se dit les choses, et ce n’est pas pour ça qu’on se fâche ou qu’on n’est pas copains”, explique à La Dépêche José Perez, coprésident de la CR47. “C’est dommage de se servir de messages internes pour attaquer ses concurrents, mais ce n’est pas grave”, nuance le Lot-et-Garonnais. “Ils essayent de diviser pour mieux régner”, appuie Jérôme Courrèges, président de la CR32. “Il n’y a rien en interne, ces oppositions sont logiques en temps d’élections.”

“C’est un échange entre agriculteurs qui se disent les choses, c’est tout. Il n’y a rien de plus”, nous assure José Perez. “Il n’y a pas de tensions avec Véronique Le Floc’h que je l’ai régulièrement au téléphone”. Des échanges confirmés à La Dépêche par la présidente de la CR, qui assure que le “dialogue n’est pas rompu”.

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Invitée à réagir aux propos insultants rapportés, Véronique Le Floc’h assure ne pas vouloir “entrer dans la polémique” mais tient à rappeler que “la construction ne se fait pas dans de l’attaque”. “Ça se fait en étant apaisé, et en se comprenant. Il faut se parler, et non pas s’insulter”, estime-t-elle.

Le mot “tension” est rejeté mais les divergences demeurent pourtant manifestes. “Je dirais que c’est tout à fait normal dans une organisation qui prend de la puissance”, commente la Bretonne. “Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas les mêmes moyens que la FNSEA et certains voudraient aller plus vite”. Les oppositions concerneraient la méthode plus que le fond. “Oui, ils sont un peu plus véhéments dans le Sud-Ouest. Leurs actions sont aussi le reflet de la situation de l’agriculture, c’est une question de survie. Je les ai toujours défendus. Même si certains parmi eux jugent que ce n’est pas suffisant”.

“C’est grâce à ces actions qu’ils brillent là-haut”

En effet à l’heure du bilan du mandat Véronique Le Floc’h, José Perez n’y va pas par quatre chemins et considère que l’équipe de la présidente est “complètement dépassée” par la montée en puissance du syndicat. “Véronique a fait ce qu’elle a pu. Elle a fait du super boulot. Son équipe a surfé sur la vague des manifestations de 2024 et la CR a explosé grâce à la base, grâce aux départements”. Il reproche aux dirigeants nationaux de ne pas exercer de responsabilités locales : “Ils ne sont pas à la tête de leurs départements”.

Sur les méthodes de manifestation contestées : “Chacun fait ce qu’il veut dans son département. Nous, dans le 47, on a une méthode peut-être plus forte mais elle est efficace”. “C’est grâce à ces actions qu’ils brillent là-haut. Sans ça, ils n’existeraient plus”.

“C’est devenu des politiques”

“Il est très difficile de changer les choses rapidement parce qu’on a ce boulet qu’est l’Europe au pied”, se défend Véronique Le Floc’h. “Ils pourront faire les mêmes efforts que moi et je ne suis pas sûre que le résultat serait différent”. Selon elle, la récente influence du syndicat sur le plan national doit être préservée par une méthode d’action plus douce. “Ils l’ont compris, mais ils pensent que la force l’emportera… C’était peut-être vrai quand on faisait peur il y a 30-40 ans par des actions un peu plus vives, mais la situation a changé”.

Un constat à nouveau rejeté par José Perez qui reproche au camp Le Floc’h de s’être politisé. “Quand on est syndicaliste, on n’est pas attaché à sa place”. “Véronique, enfin tous ceux qui l’entourent, sont attachés à leurs places. C’est devenu des politiques”.

Qui doit prendre en charge les amendes ?

Autre point de tension abordé par nos confrères : le règlement des amendes des agriculteurs condamnés à titre personnel pour des dégradations commises lors des manifestations agricoles de 2024. José Perez considère que le national devrait les prendre en charge, Véronique Le Floc’h s’y refuse. “On a répondu que l’argent public ne peut pas servir à payer les amendes”, justifie-t-elle. “On a fait suffisamment de notes pour alerter qu’il fallait faire attention aux biens et aux personnes”, explique la présidente qui assure cependant vouloir tout faire pour que ces peines ne soient pas appliquées.

“Ils n’ont pas voulu, parce que ce n’est pas légal. Mais des agriculteurs ont manifesté pour défendre une cause, pour défendre leur syndicat et ce en quoi ils croient”, lance José Perez. “Et ce serait à eux de payer l’amende ? Hors de question !”. Pour lui la solution est simple : “Il faut qu’on arrête de dépenser de l’argent pour rien, dans des réunions à la c** qui ne servent à rien et qu’on puisse aider les agriculteurs qui en ont besoin. Le job du syndicat, ce n’est que ça, aider les agriculteurs.”

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