Ce dimanche 3 août sera commémoré le 40e anniversaire du tragique accident de train de Flaujac survenu sur la commune de Durbans. Pierre Pinquié dont la ferme borde la voie ferrée était l’un des premiers témoins sur les lieux du drame. Il se souvient de cette journée qui a marqué sa vie.
À 75 ans, Pierre Pinquié n’a rien oublié de la terrible journée du 3 août 1985. Avec sa famille installée à Bédat sur la commune de Durbans, il a vécu, aux premières loges, l’accident de Flaujac, l’une des plus importantes catastrophes ferroviaires qu’a connue la France il y a tout juste 40 ans. C’est en effet sur la voie ferrée qui borde la ferme familiale que s’est produite l’effroyable collision frontale entre un train corail venant de Paris et l’autorail de Capdenac.

« C’était un samedi après-midi, avant 16 heures. J’étais en train de moissonner un champ au pont, à 20 mètres. Je n’ai pas entendu le choc à cause du bruit de la machine mais j’ai vu la fumée. Et mon père qui est le tout premier témoin est parti en courant. Il est revenu en levant les bras et m’a dit d’aller téléphoner pour appeler les secours » raconte l’agriculteur qui a compris tout de suite la gravité de la situation. « C’était impressionnant. Il y avait des corps, des membres jusque dans les arbres, une tête dans un champ, du sang et le feu qui a pris… » se souvient très précisément Pierre Pinquié qui revoit défiler les images, parfois insupportables, de cette scène surréaliste. « Je m’en rappelle comme si c’était hier. C’est inoubliable… et puis il y avait aussi des centaines de personnes qui sortaient des autres wagons avec leurs bagages ».
Durant trois jours et trois nuits, le Lotois se mobilise sans compter dans ce chaos pour prêter main forte aux secours et aux gendarmes. Le bilan de cet accident imputé à une erreur humaine est terrible puisque 35 personnes ont perdu la vie, neuf voyageurs sont portés disparus et des dizaines de blessés ont dû être pris en charge.

« Je sens encore l’odeur… »
La fille de Pierre Pinquié, Valérie Rouquié, avait 12 ans. Pour elle aussi, « c’est inoubliable ». « Quand j’y vais, je sens même encore l’odeur. Il y avait du monde partout. Le samedi soir, le ministre des transports, Paul Quilès, est arrivé en hélicoptère. Le lendemain, quatre cars de CRS sont venus de Bordeaux parce qu’il y avait 10 000 personnes qui venaient pour voir l’accident. Les gendarmes ont été obligés de tendre des draps le long d’une haie pour que les curieux ne voient pas les corps ». Les familles touchées, quant à elles, ont été accueillies dans une chapelle ardente installée à la mairie de la commune voisine de Flaujac-Gare. L’émotion est toujours vive et les anecdotes nombreuses. « Il y avait un monsieur de Thémines qui devait descendre à Assier mais sa bru avait appelé pour lui dire d’aller jusqu’à Gramat parce qu’elle avait des courses à faire. Il a été le dernier à être sorti… ». D’autres ont eu plus de chance comme une jeune fille déposée en gare d’Assier par ses parents. « Elle est montée dans le premier wagon mais en fait elle était allée dans le deuxième wagon fumeur. Quand ils sont arrivés ici, la première personne qu’ils ont vue, c’est leur fille avec sa valise… » sourit Valérie Rouquié.

Une belle histoire parmi tant de drames qui adoucit un peu le souvenir du traumatisme. Devant la stèle érigée en 1989 à l’endroit du choc, Pierre Pinquié et sa fille peinent à croire que ce dimanche sera commémoré le 40e anniversaire de la catastrophe. « Rien n’a repoussé à côté. Il doit avoir encore plein de bouts de tôle et d’autres restes de l’accident là-dessous ». Les vestiges d’une tragédie à jamais ensevelie au cœur du Lot.