Lancée mercredi à Layrac et achevée ce samedi 4 octobre à Auch, la marche citoyenne pour la réouverture de la ligne ferroviaire a rencontré un large succès dans le Gers, auprès de la population, des élus et du monde économique.
Marc s’en souvient comme si c’était hier. S’il n’a jamais pu profiter de la ligne voyageurs Auch-Agen, fermée en 1970, ce plombier installé à Sainte-Christie a bien connu la ligne de fret, qui passait à l’époque tout près de chez lui, à Montestruc. “Quand on attendait à la barrière, le train était tellement long qu’on pouvait couper le moteur de la voiture”, rappelle-t-il avec un sourire teinté de nostalgie.
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Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Voilà maintenant dix ans que la voie ferrée n’a plus vu passer de train. La nature a même repris ses droits dans cette friche ferroviaire, des chênes prenant racine par endroits, au beau milieu des rails. Elian, le fils de Marc, a pu le constater ce samedi, lui qui rêve de voir le train passer un jour près de chez lui. “Ça l’intéresse de venir voir si on peut faire quelque chose pour cette voie ferrée”, glisse son père.
Marc et Elian ne sont pas les seuls à souhaiter la réhabilitation de la ligne Auch-Agen. Dans le Gers comme en Lot-et-Garonne, cette volonté est largement partagée par la population, comme a pu le démontrer la marche citoyenne organisée par les cheminots de la CGT. “Au PN22, entre Castéra-Lectourois et Lectoure, un couple a racheté une maison de garde-barrière. Quand on est arrivé sur place, il y avait un comité d’accueil. Là-bas, ils sont favorables à la réouverture alors qu’ils sont au pied de la ligne. Ils disent que c’est une ligne de vie”, relatait David Plagès, animateur du comité régional de vigilance ferroviaire de Nouvelle-Aquitaine.
“Décarboner le trafic”
Ces marques de soutien et de sympathie, les cheminots et leurs accompagnants en ont été témoins tout au long de leur parcours, et notamment près du moulin du Rambert, à Preignan, où quelques marcheurs se sont joints à eux pour les derniers kilomètres jusqu’à Auch, “terminus” de cette action citoyenne. Au sein de ce petit cortège d’une quinzaine de personnes, toutes les générations étaient représentées, d’Edith, 73 ans, ancienne employée à la mairie d’Auch, à Frei, 24 ans, qui veut “se battre pour la réouverture de la ligne Auch-Agen”. “C’est un très beau projet pour l’avenir et cela permettrait de décarboner le trafic, surtout quand on voit le nombre de camions et de voitures qui passent aux heures de pointe”, livrait le jeune informaticien installé à Fleurance.
Au total, les cheminots ont pu dénombrer pas moins de 120 soutiens ponctuels durant leur marche. Parmi eux, de simples citoyens donc, mais aussi des chefs d’entreprise, comme ceux des Vergers de Gascogne et Ethiquable, présents lors de l’étape menant le cortège à Fleurance.
Les élus aussi étaient au rendez-vous, et ce quel que soit leur bord politique. Maire d’Auch, Christian Laprébende ne s’est pas privé de féliciter les marcheurs devant la gare de sa commune. “Je ne peux qu’approuver cette initiative”, soulignait-il. Même son de cloche pour le maire de Lectoure Xavier Ballenghien, très présent durant cette marche. “Cette cause de réouverture de la ligne Auch-Agen est vraiment une cause transpartisane, décalarait-il à son tour. Rouvrir une ligne peut complètement changer le développement d’un territoire. C’est fondamental pour nous et nous voulons que ce soit inscrit au futur contrat de plan État-Région, en 2027”.
C’est justement dans ce cadre qu’une étude a été lancée auprès du Cerema par l’Agglomération d’Agen, la Lomagne Gersoise et le Grand Auch afin de “mesurer l’opportunité de rouvrir la ligne Auch-Agen”, dixit Xavier Ballenghien. Pour David Plagès, celle-ci ne fait évidemment pas l’ombre d’un doute. “Je vous le dis, cette ligne va rouvrir”, affirmait-il devant la gare d’Auch. Dans les pas de son père, Elian se tient déjà prêt.
Le RN parle d’un abandon de la ligne Auch-Agen par Carole Delga, la Région lui répond
Dans un communiqué publié cette semaine et intitulé “Carole Delga abandonne le rail et les ruraux”, le Rassemblement National dénonce le retrait de la Région Occitanie du syndicat mixte de la ligne Auch-Agen. Un choix qualifié de “court-termiste” par le RN, et guidé selon le parti politique “par la seule logique comptable”. La Région Occitanie n’a pas tardé à répondre par la voix de sa vice-présidente, Muriel Abadie, rappelant que l’intérêt de ce syndicat mixte était “d’étudier toutes les voies possibles” pour tenter de rouvrir la ligne de fret. “La baisse du volume de production de céréales dans le Gers et la conversion de nombreuses exploitations à d’autres types de cultures” ayant “rendu inadaptée la solution de fret”, ce syndicat n’avait “plus d’utilité”, assure l’élue. La Région réaffirme en revanche son soutien à la possible réouverture d’une ligne voyageurs. “Si Agen se développe et devient une véritable plateforme des mobilités, ce sera un beau projet à soutenir”, souligne Muriel Abadie.