August 1, 2025

Ours en Ariège : le Parlement Avenir Montagne ariégeois exige une réaction immédiate de l’État et l’application du protocole italien

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Les élus et représentants du Parlement Avenir Montagne ariégeois accusent l’État d’inaction et exigent une nouvelle fois des mesures fortes face aux prédations de l’ours.

“La coupe est pleine.” Ce jeudi 31 juillet, le Parlement Avenir Montagne de l’Ariège (PAM09) était rassemblé au conseil départemental pour lancer un appel aux ministres de l’Agriculture Annie Genevard, de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher et de l’Intérieur Bruno Retailleau, tous destinataires d’un courrier de l’organisation, sur la politique de la gestion de l’ours sur le territoire et les “graves dangers” créés par la présence de l’animal en estive.

Une réaction vive qui fait suite à de nombreuses attaques sur l’estive d’Arréou, dans le Couserans, considérée comme précurseuse sur les mesures de protection, mais où le nombre de brebis tuées par le plantigrade s’élèverait déjà à 70 cette année. “Ce sont des chiffres qu’on n’a jamais eus sur notre estive. On a eu 31 bêtes prédatées en une semaine. […] On a mis en place tous les moyens de protection qui étaient à notre disposition. Là, actuellement, il y a quatre bergers, sept chiens sur l’estive. […] On a le maximum. Et il y a des jours où on a eu six brebis tuées et consommées en plein jour, ce qui n’était jamais arrivé”, souligne Éric Fournié, président du groupe pastoral d’Arréou, désemparé. “Il y a eu des jours où il y avait cinq ours sur l’estive. Le berger est rentré deux fois en contact avec l’animal à trente mètres. Il n’a pas d’arme, il n’a rien, il a peur”, dénonce l’éleveur de 54 ans, à Arréou depuis 17 ans, qui est monté ce vendredi sur l’estive, accompagné de la psychologue de la MSA.

Une expérimentation du protocole italien

Après un début d’année particulièrement agité sur l’estive couserannaise, le Parlement Avenir Montagne de l’Ariège (PAM09) demande à l’État de “changer de logiciel” en proposant de nouvelles mesures pensées sur le modèle appliqué dans le Trentin italien, où s’est rendue une délégation ariégeoise au printemps dernier. “On a fait des propositions pour aller au-delà de ce qui est fait aujourd’hui, c’est-à-dire quasiment rien. L’ours n’a plus peur de rien”, assure Christophe Cambou, directeur de la Fédération pastorale de l’Ariège. “On est convaincu que certains ours sont beaucoup moins farouches que d’autres, beaucoup plus prédateurs. […] Il faut mettre sur la table une gestion différenciée des individus, qui n’ont pas tous le même comportement […] donc se donner les moyens de les identifier.”

Les élus demandent alors une plus grande transparence des services de l’État pour identifier les individus en lien avec les prédations. “La réintroduction, nous ne l’avons pas demandée, mais par contre nous exigeons une transparence de l’État sur un certain nombre de points : le suivi des populations, une identification, une localisation et un accès à la base de données pour savoir comment ces individus circulent. Ces données existent évidemment, mais elles ne sont pas entre nos mains”, regrettent d’une seule voix Christine Téqui, présidente du département, et Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture. “Il vaudrait mieux qu’ils nous les donnent plutôt qu’on s’équipe, qu’on s’arme, pour les avoir par nous-mêmes.”

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“On a essayé toute la boîte à outils de l’État”

L’objectif du Parlement Avenir Montagne : identifier les “ours à problème” et évaluer leur dangerosité “au regard des situations classées sur une échelle graduée de 10 niveaux” et appliquer des mesures allant du “renforcement du suivi” à “l’abattage”. “Il y a des situations où il y a besoin de ne rien faire, et plus on avance dans le rouge, plus on s’approche de choses qui n’ont jamais été envisagées”, développe Christophe Cambou, qui souhaite “faire sauter toutes les barrières”.

Parmi elles, celle de donner aussi la possibilité aux bergers et éleveurs d’effaroucher eux-mêmes, une demande formulée une nouvelle fois par Éric Fournié. “On sert de cobayes depuis 17 ans. […] On a essayé toute la boîte à outils de l’État”, déplore l’éleveur, réclamant des mesures immédiates. “La question de la sécurité des hommes est en jeu”, estime Christine Téqui, qui annonce porter plainte contre l’État en cas de drame. Les élus espèrent être reçus prochainement par les ministères.

“Il y a une singularité à Arréou qui nous préoccupe”

Un contexte dont a bien conscience le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux. “L’année dernière, Arréou était déjà une des estives les plus prédatées dans un contexte où les constats de prédations n’étaient pas en hausse. Il y a une singularité à Arréou qui nous préoccupe”, relève le représentant de l’État, qui a reçu Éric Fournié et les membres du Parlement Avenir Montagne de l’Ariège (PAM09) et entendu leurs différentes propositions.

“Elles nécessitent un travail de l’administration centrale, mais ça prendra plusieurs mois. Derrière chacune de ces modifications, il y a un arrêté ministériel à prendre ou à modifier, des consultations, un travail avec la Commission européenne. Tout ceci ne peut pas aboutir dans la réactivité du moment de cette saison d’estive. Ce que l’on peut faire, c’est déployer au maximum tous nos moyens d’effarouchement renforcé, ce que l’on a fait cette semaine et ce que l’on fera la semaine prochaine si Monsieur Fournié le souhaite.”

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Des données génétiques rares

Il assure également que les services de l’État ne disposent pas de données sur les différents individus au regard de la prédation. “Ils voudraient que toutes les prédations soient rattachées à une génétique, donc à des ours précis. Mais sur les constats de prédation, [la génétique] n’est pas toujours relevée. C’est loin d’être systématique, 10 à 20 % seulement”, précise Simon Bertoux. Selon les premières tendances et malgré la situation de l’estive d’Arréou, le nombre de prédations cette année serait proche de celui de l’année dernière, le plus faible depuis 2020.

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