September 26, 2025

"Cela ne veut pas dire que nous dirons non à tous les projets" Les élus de l’Albret veulent reprendre la main sur l’agrivoltaïque

l’essentiel
Mercredi soir en conseil communautaire, les élus de l’Albret sont montés au créneau contre la multiplication des projets agrivoltaïques et leur incapacité à y faire face. Ils ont prévu de réagir pour reprendre la main au nom de l’aménagement du territoire qui relève de leur compétence.

Trop, c’est trop. Alain Lorenzelli ne l’a pas dit en ces termes, mais cela transpirait de ses propos. Depuis la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (mars 2023), mairies et communautés de communes ont été exclues du champ décisionnaire concernant les projets d’agrivoltaïsme. “Cela permet de contredire le PLUi établi. Exemple à Lavardac où la mairie avait décidé qu’aucun terrain agricole ou zone naturelle ne pourrait accueillir de champs de panneaux photovoltaïques. Aujourd’hui, cela ne tient plus.”

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Surtout, les élus locaux s’insurgent de ne plus être dans la boucle décisionnaire. “Tout va à la préfecture désormais. Nous n’avons plus voix au chapitre. On découvre là-bas des projets qui auront lieu dans nos communes, ou via des prospectus dans nos boîtes aux lettres.” Alain Lorenzelli parle de plus de 900 hectares de projets à l’étude dans l’Albret, “mis n’importe où, sans qu’on puisse dire oui ou non”.

Les éoliennes de 180 mètres à Moncrabeau

“Je suis maire d’une petite commune, je n’ai pas envie d’apprendre cela dans la presse ou par des associations qui se montent pour protester”, prolonge le premier édile de Bruch. Nicolas Choisnel venait ainsi d’apprendre le jour même qu’un projet était à l’étude sur un terrain de Moncrabeau depuis le mois d’avril ! L’occasion de rappeler celui, loufoque, de cinq éoliennes de 180 mètres sur cette même commune. Tombé à l’eau depuis.

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Dans son sillage, les autres élus d’Albret Communauté emboîtent le pas. Et témoignent. “C’est l’anarchie, tempête Patrice Dufau. Mon téléphone n’arrête pas de sonner, les bureaux d’études nous harcèlent. Les règles sont faussées. On n’est même plus convoqués aux commissions départementales. Et puis on fait miroiter des choses aux paysans qui sont bien éloignées de la réalité…” D’autant que les postes sources de l’Albret (Bruch, Mézin et Nérac) vont vite saturer face à l’explosion de projets, et ne seront renforcés qu’en 2032.

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Jean-Louis Molinié a lui exposé le projet photovoltaïque mené sur la friche industrielle de Buzet-sur-Baïse, donc en plein dans le mille des politiques d’aménagement du territoire prônées, mais menacé par un surplus de projets d’agrivoltaïsme aux alentours qui vont saturer la capacité du poste source. “C’est le Far West”, laisse tomber le maire buzéquais.

Parade trouvée par les élus locaux

Devant cette situation, les élus de l’Albret ont donc décidé de réagir. “Nous voulons reprendre la main. Cela ne veut pas dire que nous dirons non à tous les projets d’agrivoltaïsme, explique Alain Lorenzelli. On n’est pas contre les agriculteurs. En revanche, on veut trouver un outil pour dire “on est d’accord” ou “on n’est pas d’accord”. Ce pour l’intérêt du territoire, mais pas dans l’intérêt d’un administré quel qu’il soit. Il faut trouver un bon équilibre.”

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Symboliquement, les élus d’Albret Communauté ont voté unanimement une motion (deux abstentions). Plus concrètement, selon nos informations, ils planchent à introduire une règle qui s’étendrait à tout le PLUi et obligerait les porteurs de projet à demander à la communauté de communes une dérogation. Dès lors, les maires reprendraient le contrôle. “Car nous n’irons jamais à l’encontre de leur choix”, assure le président d’Albret Communauté.

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