Vendredi 18 juillet 2025, au tribunal judiciaire de Foix, en Ariège, un éleveur portugais a écopé de six mois de prison avec sursis pour des violences sur une mineure. Une affaire sur fond de représailles et de justice personnelle.

Dans le box du tribunal judiciaire de Foix, Tiago*, d’origine portugaise, ne parle pas un mot de français. Ce vendredi 18 juillet 2025, l’éleveur installé depuis quatre ans en Ariège comparaît seul, soutenu malgré tout par plusieurs membres de son entourage, installés au dernier rang de la salle d’audience.
Quelques jours plus tôt, le 14 juillet, à l’aube, Sophia*, également portugaise, relate aux gendarmes les violences dont elle et sa fille mineure viennent tout juste d’être victimes : quatre individus, à bord de deux véhicules, les ont interceptées à proximité de leur domicile au Vernet.
Face à elles, trois hommes et une femme leur assènent alors des coups. Mère et fille s’en sortent avec des contusions au visage et sur le corps. Un peu plus tôt dans la matinée, affirme Sophia, son mari a lui aussi été “frappé” par ces mêmes personnes dans son restaurant.
“Vous imaginez ce qui aurait pu se passer”
Parmi les agresseurs présumés figure Tiago. Par l’intermédiaire d’une traductrice, il déclare que les pneus de son véhicule ont été crevés durant la nuit du 13 au 14 juillet. Il affirme ensuite avoir reçu de multiples appels menaçants émanant notamment des fils de Sophia. Le lundi 14 juillet, vers 5 heures du matin, ces deux hommes, prétendument armés, ont tenté de forcer sa porte d’entrée avant de s’en prendre aux véhicules d’autres membres de son entourage.
C’est pour ces faits, indique toujours le mis en cause, que lui et son petit groupe, aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt, ont souhaité “obtenir des explications”, en se rendant successivement dans le restaurant familial et au domicile des parents de ses agresseurs, après avoir tenté d’appeler à plusieurs reprises la gendarmerie. En vain. “Si {les fils} étaient présents, vous imaginez ce qui aurait pu se passer ?”, interroge la présidente.
Question qui restera sans réponse. Car Tiago indique s’être laissé porter par son groupe. Il affirme être intervenu uniquement pour séparer Sophia de ses comparses lorsque la situation commençait à dégénérer. Les coups ? Il n’a rien vu, rien fait. Mais au premier rang de la salle, un homme s’agite, souffle et finit par se lever pour protester avant d’être stoppé dans son élan par la présidente.
“Se faire justice elles-mêmes”
La confusion gagne soudainement la salle d’audience. Comment ces deux familles en sont arrivées à cette succession de violences ? Nous n’aurons pas davantage d’explications des deux côtés. “Ma fille m’a dit que {Tiago} lui avait donné une claque mais je ne peux pas dire”, répond Sophia à la barre.
“Nous sommes une fois encore confrontés à des personnes qui entendent se faire justice elles-mêmes”, déplore le procureur de la République de Foix, Olivier Mouysset, qui tient à souligner : 45 gendarmes ont été mobilisés pour cette affaire et 12 gardes à vue ont été effectuées entre le 14 et le 15 juillet. “Pour un regard, une réflexion, deux familles vont se déchirer plusieurs jours”, regrette-t-il.
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Même si les circonstances de cette affaire restent floues, pour le procureur, il n’y a pas à tergiverser bien longtemps : le principal intéressé, qui ne compte pourtant aucune condamnation sur son casier judiciaire, voulait se faire justice lui-même. “Quand ils débarquent au restaurant à 6 heures du matin pour avoir une discussion paisible, personne n’y croit”, tonne le représentant du ministère public.
Pour sa part, la défense regrette qu’aucune confrontation n’ait été organisée avec “le seul témoin” qui aurait vu l’homme jugé porter des coups à la fille de Sophia. Ce qui étonne encore davantage maître Faubert, c’est que les autres individus présents lors des différents faits n’ont pas été auditionnés. Peut-on dès lors se baser sur un témoignage isolé ?
Insuffisant, au moins pour de la prison ferme, estime le tribunal, qui condamne Tiago à six mois de prison intégralement assortis d’un sursis de cinq ans.