July 26, 2025

PORTRAIT. Karine Duc, une nouvelle présidente de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne "pas là pour faire de la politique"

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Viticultrice et arboricultrice à Montesquieu, Karine Duc a été élue présidente de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Rencontre avec une agricultrice au caractère bien trempé et au parcours atypique.

Pour la première fois en Lot-et-Garonne, la chambre d’agriculture a élu une présidente. Ce mardi 22 juillet, Karine Duc, viticultrice et arboricultrice à Montesquieu et coprésidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR 47), a succédé à Patrick Franken, qui avait démissionné de son mandat quelques semaines auparavant.

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Une nomination « un peu précipitée » pour l’agricultrice de 40 ans, mère de deux enfants. Et même si elle affirme « ne pas avoir choisi cette situation », elle a voulu endosser les responsabilités de diriger la chambre consulaire. Pourtant, elle ne s’imaginait pas du tout à ce poste-là il y a cinq ans, quand elle a repris l’exploitation familiale.

« J’ai toujours eu l’agriculture dans les veines »

Fille et petite-fille d’agriculteurs, Karine Duc a « toujours eu l’agriculture dans les veines », malgré un parcours qu’elle considère comme « atypique ». Elle a, en effet, commencé par le salariat, avec des emplois dans de nombreuses entreprises du secteur agricole, comme la Cave du Buzet ou la coopérative Terres du Sud. Elle a rejoint ensuite la CR 47 comme assistante de direction, avant d’en devenir coprésidente en 2023. Avec ce projet en tête d’avoir un jour sa propre ferme. Il y a cinq ans, elle se lance et ouvre sa propre exploitation viticole (raisin de table) et arboricole (prune, kaki, etc.) en Albret, sur les terres de sa famille. « Mes parents ont cultivé ces parcelles-là, mes grands-parents aussi, confie Karine Duc. Ensuite, mon père a voulu se consacrer à son cœur de métier, qui était la mécanique agricole. Et l’exploitation s’est arrêtée. Je suis repartie de zéro. J’ai planté moi-même chaque pied de vigne, chaque arbre. Il y avait du foncier, mais il n’y avait rien dessus. Aujourd’hui, j’essaye de me diversifier, surtout en arboriculture, pour pérenniser l’entreprise. Avec mon travail à la Chambre, je vais d’ailleurs devoir recruter pour être épaulée sur l’exploitation. »

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C’est l’engagement syndical qui va mettre la lumière sur Karine Duc. Et c’est en 2024, lors de la crise agricole, qu’elle va entrer dans une autre dimension. Leader de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, elle devient l’une des figures de la contestation paysanne, après avoir mené de nombreuses actions d’ampleur fortement médiatisées. Et qui lui ont donné de la crédibilité pour occuper des postes à responsabilité. « Peut-être que les gens me connaissent davantage après les événements de 2024. Mais moi, en ce qui me concerne, j’ai toujours été comme ça », tempère la quadragénaire.

« Pas aller systématiquement au bras de fer »

Désormais, c’est elle la patronne de la Chambre. Elle succède à Patrick Franken et, surtout, à Serge Bousquet-Cassagne, deux figures du monde agricole lot-et-garonnais. Deux personnages qui ont souvent été dans le rapport de force avec les services de l’État, comme avec le lac de Caussade. Dès son intronisation, elle a affiché sa volonté de se démarquer.

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« Je ne suis pas fan de politique, je suis fan d’argumentaires pratiques. Je ne suis pas élue pour faire de la politique, je suis élue pour faire de l’agriculture. Mais si je dois passer par le volet politique pour le faire, je le ferai. Je veux essayer d’installer des échanges corrects avec l’ensemble des structures du département, de faire en sorte que l’on se parle, que les messages passent, et, surtout, qu’à chaque fois l’agriculture y soit défendue. Je ne vais pas aller systématiquement au bras de fer. Sur certaines choses, tout ce qui n’est pas purement lié à l’agriculture et aux agriculteurs, il faudra lâcher du lest. Tout est question de proportion et de dosage. Mais attention à ne pas nous prendre pour des lapins de six semaines. Voilà ma méthode. Voilà ma mission. J’ai été élue pour ça. »

De nombreux dossiers urgents à traiter

Karine Duc, nouvelle présidente de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, va avoir du travail dans les prochaines semaines. Élue depuis de nombreuses années, celle qui ne sera bientôt plus présidente de la CR 47 doit d’abord dresser un état des lieux complet de la chambre consulaire.

« Je suis en train de faire le diagnostic de tout, de prendre connaissance de tous les services, de tous les sujets, explique l’agricultrice. J’en avais connaissance d’une bonne partie, mais, forcément, il y a des choses sur lesquelles il faut que je me penche davantage parce que je n’avais pas accès à tout avant. C’est normal. »
Elle devra aussi se pencher sur le sujet brûlant du budget de la chambre consulaire, épinglé par la Cour des comptes.

« Au cours du prochain bureau, j’exposerai factuellement l’ensemble des éléments, et on prendra une décision commune. La semaine prochaine, j’ai rendez-vous avec le préfet, où nous allons avancer sur certains sujets. Nous verrons quelles sont ses marges de manœuvre, ses objectifs et les miens. Ensuite, on mettra tout ça en parallèle, et on définira la méthode à adopter pour y parvenir. »

Des recrutements vont également être effectués à la Chambre, qui compte environ 65 équivalents temps plein. « La chambre va s’organiser. On va lancer un recrutement de la direction. Le processus sera conduit dans les règles. On va également recruter dans certains services. »

D’autres sujets agricoles seront à traiter. « L’urgence est de répondre aux crises climatiques et économiques qui touchent nos agriculteurs. Les violents orages de cet été, les difficultés des élevages face à la tuberculose bovine, ce sont des priorités immédiates. Nous devons également veiller à ce que les décisions administratives ne viennent pas alourdir nos difficultés par des lourdeurs administratives superflues. »

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