Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Keir Starmer se rencontrent à La Haye à l’hôtel de la délégation en marge du sommet de l’Otan, le 24 juin 2025. KAY NIETFELD/DPA/SIPA
Le jeudi 6 juin, un gros mois avant qu’Emmanuel Macron n’annonce que la France allait reconnaître un Etat de Palestine en septembre, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot ménageait déjà le suspense. La France est « déterminée » à reconnaître un Etat palestinien, mais ne le fera pas seule, synthétisait l’ancien secrétaire général du MoDem.
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Faut-il alors voir la déclaration du président de la République comme la première vague d’une série de reconnaissance à venir ? A ce jour, 148 des 193 Etats membres de l’ONU ont déjà reconnu un Etat palestinien mais aucun membre du G7.
Si l’Irlande, l’Espagne, la Norvège et la Slovénie ont acté la reconnaissance de l’Etat de Palestine en 2024, les Européens restent divisés sur cette question. Pour l’heure, la France a donc agi seule.
Un non pour Berlin
L’Allemagne a répété ce vendredi « ne pas envisager de reconnaître un Etat palestinien à court terme ». Berlin « continue de considérer la reconnaissance d’un Etat palestinien comme l’une des dernières étapes vers la solution à deux Etats », a précisé dans un communiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Stefan Kornelius, rappelant que la sécurité d’Israël « revêt une importance primordiale » pour l’Allemagne.
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En raison de son passé nazi, l’Allemagne est, avec les Etats-Unis, l’un des plus fervents soutiens d’Israël, et a même fait de la sécurité de ce pays « une raison d’Etat » depuis 2008.
Vers une reconnaissance des Britanniques ?
Principal allié d’Emmanuel Macron sur le sujet, le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, insisté début juillet sur l’importance de l’obtention d’un cessez-le-feu pour amorcer un « processus » de reconnaissance. Un tiers des députés britanniques ont d’ailleurs appelé leur Premier ministre à reconnaître l’Etat de Palestine ce vendredi.
L’initiative a été lancée par la députée travailliste Sarah Champion, présidente de la commission parlementaire chargée du Développement international, et a recueilli les signatures d’élus issus notamment du Labour, du parti conservateur, des libéraux-démocrates, des Verts, du parti indépendantiste écossais SNP, mais aussi d’indépendants.
Ces derniers mois, les discussions diplomatiques se sont d’ailleurs intensifiées, notamment avec le Canada et le Royaume-Uni, deux autres membres du G7. La France coprésidera en septembre avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement pour essayer de relancer la solution dite « à deux Etats », palestinien et israélien.
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Paris « mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part », a écrit ce vendredi Emmanuel Macron dans une lettre au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Une réunion au niveau ministériel sur le sujet se tient lundi et mardi à New York.
Les dirigeants britanniques Keir Starmer, français Emmanuel Macron et allemand Friedrich Merz ont tenu ce vendredi un « entretien d’urgence », prévu avant l’annonce de la France, pour voir comment « arrêter les massacres et fournir à la population la nourriture dont elle a désespérément besoin ». « La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement », ont exhorté Paris, Londres et Berlin, dans un communiqué commun.
« Nous appelons le gouvernement israélien à lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide et à permettre de toute urgence à l’ONU et aux ONG humanitaires de mener à bien leur travail afin de lutter contre la famine », ont-ils ajouté, rappelant à Israël qu’il « doit respecter ses obligations en vertu du droit international humanitaire ».