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Le Nouvel Obs avec AFP
Des manifestants près de l’ambassade des Etats-Unis à Séoul, en Corée du Sud, le mardi 9 septembre 2025. AHN YOUNG-JOON/AP/SIPA
La Corée du Sud prévoit d’envoyer un vol charter dès mercredi pour rapatrier des centaines de ses ressortissants arrêtés par la police de l’immigration américaine, dans un raid qui a indigné ce pays allié des Etats-Unis, a annoncé la compagnie aérienne Korean Air à l’AFP.
La police de l’immigration américaine a arrêté jeudi quelque 475 personnes, dont plus de 300 Sud-Coréens, soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis sur le chantier d’une usine de batteries Hyundai-LG dans l’Etat de Géorgie.
Il s’agit de l’opération la plus importante jamais réalisée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsions orchestrée par le président Donald Trump, d’après les autorités américaines.
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Le ministre des Affaires étrangères sud-coréen s’est rendu lundi à Washington, qualifiant la détention massive de ressortissants sud-coréens de « situation grave » et s’engageant à assurer le retour rapide des travailleurs « en bonne santé ».
La compagnie aérienne Korean Air a déclaré qu’elle prévoyait d’envoyer dès mercredi un Boeing 747-8i à Atlanta. « C’est notre objectif pour l’instant », a affirmé ce mardi une de ses porte-parole à l’AFP.
Séoul avait annoncé dimanche avoir conclu un accord pour faire libérer et rapatrier par vol charter les Sud-Coréens, une fois réglées des questions administratives.
Le visa des travailleurs sud-coréens mis en cause
Les travailleurs arrêtés ne disposaient probablement pas d’un visa les autorisant à effectuer des travaux de construction, ont relevé des experts. LG Energy Solution a refusé de communiquer à ce sujet.
Associated Press rapporte en effet que Steven Schrank, chef de l’agence Homeland Security Investigations de l’Etat de Géorgie, a précisé que certains travailleurs avaient franchi illégalement la frontière américaine. D’autres seraient entrés légalement mais auraient un visa soit expiré, soit disposaient d’une exemption qui leur interdisait de travailler.
Donald Trump a lancé dimanche un avertissement aux entreprises étrangères : « Vos investissements sont les bienvenus, et nous vous encourageons à faire venir vos employés les plus compétents de manière LÉGALE », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Le raid a fait la Une des médias en Corée du Sud, un pays qui a promis d’investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, après des menaces américaines sur les droits de douane. « Est-ce ainsi que l’on traite un allié ? », s’est emporté le quotidien Hankyoreh, évoquant un « sentiment de trahison chez le peuple coréen ».
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D’après les informations d’Associated Press, Donald Trump a évoqué un arrangement entre les deux pays qui consisterait à autoriser des travailleurs sud-coréens à rester, le temps de « former » les travailleurs américains.
Allié clé des Etats-Unis pour la sécurité dans le Pacifique, la Corée du Sud est aussi la quatrième économie asiatique, un grand constructeur automobile et fabricant de produits électroniques. Plusieurs usines sud-coréennes sont implantées aux États-Unis.