La lecture a de belles années devant elle à Foix. La ville compte trois librairies et deux bouquinistes rien que dans le centre-ville. Comment expliquer une telle vitalité autour dans cette commune de 10 000 habitants ?
Est-ce que les Fuxéens sont de gros lecteurs ? Alors que les études se multiplient montrant que les Français, et surtout les moins de 25 ans, lisent moins, la cité comtale compte dans son centre-ville au moins cinq points de vente de livres. Un large choix pour seulement 10 000 habitants, sans compter la présence de la médiathèque de l’agglo Foix-Varilhes ou encore les boîtes à livres dispersées sur la commune.
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D’autant que le lecteur fuxéen a plein de profils. Les libraires sont unanimes : il y a tous les âges, de l’adolescent au retraité, en passant par le quadragénaire. “On a vraiment de tout !” insiste Anna, vendeuse au Cachalot, librairie indépendante.
Un attrait pour les commerces de proximité
Pour les libraires, leur public est très attentif à faire vivre les commerces de proximité. Beaucoup de clients préfèrent patienter et acheter chez nous plutôt que sur Internet, explique Quentin, co-gérant de l’Imaginarium. Même constat pour le Cachalot. Derrière la caisse, une petite étagère est remplie de livres commandés par les clients, preuve de la forte demande. Du fait de la proximité avec leur clientèle, les libraires de Foix savent aussi s’adapter à leurs commandes. “On a beaucoup de clients qui nous envoient des annonces de sorties ou des précommandes et qui veulent qu’on leur mette des œuvres de côté”, raconte Cécilia.
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“Il faut aussi comprendre qu’on n’a pas que des clients de Foix. Il y a des personnes de toute l’Ariège qui viennent dans notre boutique”, développe Quentin. Sa clientèle arrive de Saverdun, Pamiers ou encore Ax-les-Thermes. “En fait, on a plutôt récupéré la clientèle toulousaine. On a un client qui, une fois par mois, se prenait une journée pour aller jusqu’à Toulouse et acheter des livres. Aujourd’hui, il vient dans notre boutique et passe une partie de la journée avec nous. C’est même devenu un ami aujourd’hui !” développe Quentin.
Être sélectif dans les propositions
Pour Cécilia et Quentin, gérants de l’Imaginarium, leur clientèle aussi fidèle l’est grâce à leurs choix ciblés. “Ici, on fait tout ce qui touche à l’imaginaire, du livre au manga en passant par la BD”, décrit Cécilia. Une spécialité qui permet de ne pas se faire de concurrence. “Le dernier Astérix vient de sortir, mais on ne le trouvera pas chez nous. Les personnes qui nous le demandent, je les envoie à Majuscule” raconte Quentin. Une entraide entre co-libraires bénéfique pour tout le monde, confirme le Cachalot. “On est une librairie militante et plutôt tournée sur les sciences humaines. Je pense que les œuvres qu’on a sélectionnées ici, on ne les retrouve pas à Majuscule”, analyse Anna.
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Contactée, la direction de Majuscule n’a pas souhaité communiquer sur les clients ni leurs lecteurs. La boutique est la plus vieille librairie du centre-ville de Foix, implantée depuis 1970. L’attraction touristique de Foix aiderait également les boutiques du centre-ville. “Ça nous ramène du monde, des personnes curieuses”, évoque Anna. “Quand il pleut, ils viennent parfois se réfugier dans la boutique plutôt que de faire une randonnée”, avance Anne-Marie du Gibus, disquaire mais aussi bouquiniste de BD de seconde main.
Des clients qui évoluent
Les vieux livres ont aussi droit à leur part du gâteau des lecteurs ariégeois. Le bouquiniste L’Ivre Livre propose depuis 20 ans des ouvrages d’exception. Cathy a remarqué un changement d’habitudes dans sa clientèle depuis environ trois ans. “Aujourd’hui, on envoie beaucoup de nos livres prestigieux par internet. Mais à l’inverse, il y a de plus en plus de personnes qui entrent dans le magasin avec une idée en tête bien précise mais qui repartent sans regarder le reste si on ne l’a pas.” Elle constate que l’habitude de fouiller dans les bouquineries se perd un peu. “On a moins de personnes qui viennent pour trouver de la fiction, vous savez, le genre de livres qu’on se passe entre copines.”
À l’Imaginarium, on remarque également que la hausse de l’inflation a un effet sur les ventes depuis un an. “Les clients qui avaient le pouvoir d’achat de base et qui l’ont toujours, continuent de venir acheter des livres. Ceux pour qui c’était peut-être déjà un petit effort viennent moins souvent ou achètent moins”, constate Quentin. La baisse du Pass Culture a également eu son effet. “De fait, les jeunes ont moins à dépenser.”, conclu Cécilia. Les libraires restent optimistes : l’Ariège compte encore assez de lecteurs pour faire vivre toutes les librairies.

