Enquête
Dans l’Italie de Giorgia Meloni, la croisade anti-IVG gagne du terrain, entre lois symboliques, pressions idéologiques et obstacles dans les hôpitaux.
C’est un carré de terre et de gravillons battu par les vents. Hormis une rangée de petites sépultures décorées de fleurs, de doudous en peluche, de pin’s arc-en-ciel et de dessins d’enfants, le « cimetière des anges » de Vantiniano est vide. Il y a quatre ans, il a été rasé. Deux mille cinq cents tombes de « bébés à naître », comme on appelle les enfants mort-nés et les fœtus décédés au cours de la grossesse, ont été détruites au bulldozer à la demande de la municipalité de Brescia, petite ville de Lombardie. Officiellement, pour « faire de la place ». Reprenons. Le 1er novembre 2021, jour de la Toussaint, Giovanna se rend au cimetière pour se recueillir sur la tombe de sa fille Giorgia, qu’elle a perdue à sept mois de grossesse. Mais elle a beau chercher, il n’y a plus rien, à part un terrain vague où gisent, çà et là, de petits ossements. Au cimetière, les gardiens lui remettent la plaque en aluminium qui ornait la sépulture de sa fille. Et puis c’est tout. Le plaid, le petit cercueil en bois blanc ? « Ils étaient incapables de me dire ce qu’ils en avaient fait. » Le corps du bébé ? « Des “déchets organiques”, lui répond-on. Qu’il a fallu jeter. » Giovanna ne s’en est jamais remise. Elle est l’une des onze familles à avoir porté plainte, avec constitution de partie civile. Le 30 mai 2025, le parquet de Brescia a requis deux ans de prison pour violation et outrage de sépultures à l’encontre de deux fonctionnaires de la mairie. Verdict en septembre.
En 2020, une autre histoire de cimetière avait fait scandale, à Rome. Cette fois, des milliers de femmes avaient découvert l’existence de sépultures de leur fœtus avortés, enterrés à leur insu par des associations catholiques, avec les noms des mères inscrits dessus. Scandale national et 176 000 euros d’amendes infligées à la ville de Rome. D’un côté, des fœtus avortés qu’on inhume, de l’autre, des bébés désirés qu’on exhume. L’avocat Francesco …

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