Depuis le début de la guerre, une partie de l’aide militaire envoyée à l’Ukraine reste introuvable. Entre corruption et défaillances de contrôle, les zones d’ombre persistent sur le sort de ces armes.
Sur les 90 milliards d’euros que l’Union européenne s’apprête à prêter à l’Ukraine, quelle part risque de s’évaporer dans les circuits de la corruption ? Depuis février 2022, de nombreux rapports font état de détournements d’armes, alors même que les autorités du pays redoublent d’efforts pour lutter contre les réseaux criminels.
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Le mystère des armes ukrainiennes
Des armes qui s’évaporent et laissent un mystère derrière elles. Tel est le constat dressé en 2024 par le bureau de l’inspecteur général du ministère de la Défense américain. Dans un rapport, l’institution reconnaît avoir perdu la trace d’un milliard de dollars d’équipements militaires expédiés en Ukraine.
Ce phénomène s’inscrit dans un contexte plus large. L’histoire récente de l’Ukraine reste en effet marquée par une tradition persistante de trafic d’armes et de corruption, ainsi que le souligne une étude de l’université Harvard. Ce précédent historique s’était déjà manifesté lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, période durant laquelle près de 300 000 armes légères auraient été égarées.
Le devenir de cet arsenal soulève néanmoins de nombreuses interrogations. Dans certains cas, les équipements n’atteignent juste jamais leur destination. En mai, le Financial Times a ainsi publié des documents confidentiels révélant un scandale lié à des armes et des munitions payées, mais jamais livrées à l’Ukraine. Le préjudice total est estimé à 660 millions d’euros.
Marché noir et contrôle défaillant
Mais il existe aussi bel et bien un marché noir d’armes dérobées. Selon le quotidien italien Panorama, relayé par Courrier International, les services de renseignement de l’Ukraine interceptent régulièrement des armes mises en vente après avoir été capturées sur la ligne de front.
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Pourtant, dès le début du conflit, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Ukraine ont déployé un logiciel spécifique pour enregistrer l’aide militaire et suivre son transport jusqu’à la livraison finale, comme le rapporte Le Parisien. Toutefois, ces dispositifs de contrôle se concentrent essentiellement sur les équipements les plus onéreux. Les armes légères semblent ainsi délaissées par la surveillance, alors qu’elles représentent les cibles prioritaires pour les organisations criminelles actives sur le territoire ukrainien.
Le marché noir propose ainsi principalement des fusils d’assaut, des mitrailleuses ou encore des lance-grenades. Ces équipements se négocient entre 860 euros et 6 600 euros, ce dernier prix concernant notamment les mitrailleuses M240 de fabrication américaine. Si ces sommes représentent des montants non négligeables pour les citoyens d’un pays en plein conflit, cette circulation d’armes inquiète les experts. Selon un rapport de GI-TOC, une ONG basée à Genève, cette situation posera un problème majeur sur le long terme pour la stabilité de la région.

