Jean Laudet, figure emblématique du canoë français, s’est éteint à 95 ans. Il avait remporté l’unique médaille d’or olympique de la France en canoë en 1952. Son parcours, de sportif à antiquaire, reste inspirant.
Jean Laudet, décédé à l’âge de 95 ans, a remporté l’unique titre olympique de la France en canoë en ligne avec sa médaille d’or décrochée aux Jeux d’Helsinki, en 1952, avec son copain Georges Turlier en biplace (C2).
Jean Laudet “s’est éteint le samedi 20 décembre 2025 à Nevers, la ville qui l’avait vu naître”, a écrit lundi la Fédération française de canoë-kayak (FFCK) dans un communiqué, saluant “un homme d’une grande élégance, toujours plein d’une énergie communicative”.
Né le 5 août 1930, “Jeannot” se voyait ouvreur ou arrière à l’USON, l’historique club de rugby de Nevers dont il est resté jusqu’au bout un fervent supporter avant de bifurquer vers le canoë, attiré par une publicité dans le Journal du Centre.
Georges Turlier, Nivernais et fan du ballon ovale comme lui, embarque dans l’aventure. Ensemble, accompagnés de huit autres amis du rugby, ils décrochent en 1949 leur premier titre : champion de France de canoë dans la catégorie C10. Laudet, appelé pour faire son service militaire au bataillon de Joinville, qui accueille les sportifs de haut niveau, y est rejoint par Turlier, d’un an son cadet et qui a devancé l’appel pour pouvoir s’entraîner avec lui dans l’optique des JO-1952 à Helsinki.
Opticien de formation
“Nous sommes allés aux Jeux Olympiques très décontractés, sans aucune pression. Nous étions jeunes et nous ne nous posions pas la question de savoir si nous allions finir premiers ou derniers. J’imagine que pour les sportifs d’aujourd’hui c’est autre chose”, racontait-il en 2016 dans une interview pour un ouvrage consacré aux grands sportifs de Bourgogne.
Ils ont d’ailleurs failli ne jamais prendre le départ, leur bateau ayant été refusé au contrôle pour une quille jugée non conforme. Mais grâce aux outils prêtés par l’équipage soviétique, ils ont pu réparer leur embarcation à temps. “Nous étions deux gamins livrés à eux-mêmes”, résumait-il.
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À leur retour de Finlande, pas de réception à l’Élysée, ni de décoration honorifique mais “une poignée de main” du préfet, se remémorait-il en 2020 dans Le Journal du Centre, et un timbre à 40 (anciens) francs tiré à leur effigie.
Opticien de formation, Jean Laudet a ensuite exercé le métier d’antiquaire entre Nevers, Paris et Pougues-les-Eaux, un petit village de la Nièvre, où il s’était installé.
Retraité, il continuait à 90 bougies passées à pratiquer régulièrement le golf, son autre grande passion, jusque sur les parcours d’Agadir, au Maroc. Il dut attendre 2022, à 92 ans et plus de 70 ans après son sacre olympique, pour se voir remettre la Légion d’honneur.

