Un soldat américain prépare un A-10 Thunderbolt II, un avion américain d’appui aérien, ce vendredi 19 décembre. – / AFP
« Vengeance » : voilà un terme bien inhabituel venant d’un secrétaire à la Défense des États-Unis. Mais peut-on encore être surpris par le cabinet de Donald Trump ?
Une semaine après une attaque qui a coûté la vie à trois Américains en Syrie, les Etats-Unis ont donc frappé dans la nuit de vendredi 19 à samedi 20 décembre ce qu’ils ont présenté comme des « bastions » du groupe djihadiste Etat islamique, tuant au moins cinq de ses membres, selon une organisation locale.
Que sait-on des cibles ? Pourquoi cette « vengeance » ? Quid de la suite ? Le « Nouvel Obs » fait le point sur la situation.
Que sait-on de l’opération ?
L’opération a débuté à 16 heures, heure de Washington (22 heures à Paris) et impliqué « des avions de chasse, des hélicoptères et de l’artillerie », a indiqué le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, le Centcom, sur X ce vendredi.
Les frappes ont visé des cellules de l’EI dans le désert près de la ville de Homs et dans des zones rurales près de Deir ez-Zor et Raqqa, a affirmé à l’AFP une source sécuritaire syrienne.
Aux explosions ont succédé « des éclats de tirs de calibre moyen dans le désert » au sud-ouest de Raqqa, a déclaré un responsable de la province, ajoutant qu’il s’agit de zones sous le contrôle du gouvernement syrien.
La Jordanie a indiqué de son côté avoir participé aux frappes américaines en Syrie.
Quelles cibles ?
L’armée américaine a frappé « plus de 70 cibles à de multiples endroits dans le centre de la Syrie », a souligné le Centcom. Il a précisé que « plus de 100 munitions de précision » avaient été employées contre des positions du groupe Etat islamique. L’opération armée visait à « éliminer des combattants du groupe Etat islamique, des infrastructures et des sites d’armement », a fait savoir le chef du Pentagone Pete Hegseth sur X.
Au moins cinq membres du groupe Etat islamique ont été tués dans ces frappes, a indiqué samedi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), un bilan qui paraît faible au regard d’une opération présentée comme « massive » par le Pentagone.
Parmi les cinq personnes tuées, dans la province de Deir Ezzor (est), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), figure « le chef d’une cellule » de l’EI chargée des drones, a précisé samedi à l’AFP le responsable de l’ONG Rami Abdel Rahman.
Pourquoi cette « vengeance » ?
Pourquoi cette opération ? Il s’agit d’une « réponse directe » et d’une « déclaration de vengeance » après l’attaque qui a coûté samedi dernier la vie à deux militaires américains et un interprète à Syrie, a martelé le chef du Pentagone Pete Hegseth sur X, en affirmant : « Aujourd’hui nous avons traqué et tué des ennemis. Beaucoup d’ennemis. Et nous allons continuer. »
Une soldate américaine signe, ce jeudi 18 décembre, une bombe GBU-31 du nom des américains tués dans une attaque en Syrie. – / AFP
Donald Trump a parlé de « très lourdes représailles » en réponse à l’attaque du 13 décembre dans la région désertique de Palmyre, imputée par Washington à l’EI.
« Nous frappons très fort contre des bastions de l’EI », a écrit le président américain sur son réseau Truth Social, alors que dans le même temps le ministère de la Justice publiait une partie du dossier Epstein.
Le Centcom affirme que depuis l’attaque contre ses troupes, « les Etats-Unis et leurs forces alliées ont mené 10 opérations en Syrie et en Irak, aboutissant à la mort ou au placement en détention de 23 terroristes ».
Quel est le contexte ?
L’attaque contre les Américains a été menée par un membre des forces de sécurité syriennes, mettant dans l’embarras le pouvoir à Damas, qui tente de se rapprocher des Etats-Unis et s’est joint à la coalition internationale antijihadiste.
Les autorités syriennes avaient affirmé que l’auteur de l’attaque était sur le point d’être limogé en raison de ses « idées islamistes extrémistes ».
Après avoir dissous les organes militaires et sécuritaires de Bachar al-Assad qu’il a renversé, le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a intégré au sein de la nouvelle armée les groupes qui lui étaient alliés, dont des djihadistes étrangers. C’est la première fois qu’une telle attaque est rapportée en Syrie depuis sa prise de pouvoir.
Le gouvernement syrien « réitère son solide engagement à combattre l’EI et à s’assurer qu’il ne bénéficie d’aucun refuge sur le territoire syrien, » a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration publiée sur X peu après les frappes américaines, sans toutefois les mentionner directement.
Quid pour l’après ?
L’EI avait contrôlé la région de Palmyre avant d’être défait en Syrie par une coalition internationale en 2019. Malgré sa défaite, ses combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent épisodiquement de mener des attaques.
Le retour au pouvoir de Donald Trump, sceptique de manière générale sur les déploiements de soldats américains à l’étranger, pose la question du maintien de cette présence militaire.
Le Pentagone avait annoncé en avril que les Etats-Unis réduiraient de moitié le nombre de soldats américains en Syrie, dont l’effectif total actuel n’est pas officiellement connu.
Les forces américaines en Syrie sont notamment déployées dans les zones sous contrôle kurde dans le nord, ainsi que dans la base d’Al-Tanf, près de la frontière jordanienne.

