Le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et l’émissaire spécial de Donald Trump, l’investisseur immobilier Steve Witkoff, le 15 décembre en Allemagne. NEWS AGENCY GERMANY/SHUTTERSTOCK/SIPA / NEWS AGENCY GERMANY//SIPA
Les pourparlers pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine se poursuivent ce samedi 20 décembre à Miami, où se trouvent des négociateurs ukrainiens, européens et américains bientôt rejoints par une délégation russe, sans toutefois que soit prévue une table ronde rassemblant toutes ces parties. Que faut-il en attendre ? « Le Nouvel Obs » fait le point sur la situation.
L’émissaire russe en route pour Miami
L’émissaire russe Kirill Dmitriev a annoncé ce samedi être en route pour la Floride où des équipes ukrainienne et européenne se trouvent déjà pour participer aux négociations menées par Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Donald Trump, et Jared Kushner, le gendre du président américain.
« En route pour Miami », a écrit Kirill Dmitriev dans un message sur le réseau social X, ajoutant un emoji de colombe de la paix et en joignant une courte vidéo montrant le soleil du matin perçant les nuages au-dessus d’une plage bordée de palmiers.
« Alors que les bellicistes continuent de travailler d’arrache-pied pour saper le plan de paix américain pour l’Ukraine, je me suis souvenu de cette vidéo de ma précédente visite : la lumière perçant les nuages d’orage », a ajouté Kirill Dmitriev.
Steve Witkoff et Jared Kushner ont rencontré vendredi près de Miami le négociateur ukrainien Roustem Oumerov et des représentants de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne.
« Progrès » côté ukrainien ?
A l’issue de ces discussions, Roustem Oumerov a simplement assuré que sa délégation s’était mise d’accord avec les Américains « pour poursuivre le travail en commun dans un avenir proche ».
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait part des « progrès » vers un compromis entre Kiev et Washington sur le contenu d’un plan à proposer à Moscou pour mettre fin aux combats. Mais, a-t-il averti, la Russie se prépare selon lui à une nouvelle « année de guerre » en 2026.
Les détails de la nouvelle mouture ne sont pas connus mais, selon le président ukrainien, elle implique des concessions territoriales de la part de l’Ukraine en échange de garanties de sécurité occidentales.
Le président ukrainien a en outre affirmé que Washington a proposé une rencontre Etats-Unis, Ukraine et Russie à Miami. Washington a « proposé un format, autant que je sache, Ukraine, Etats-Unis, Russie », a-t-il dit, ajoutant que des représentants européens pourraient être présents et qu’il « serait logique d’avoir une telle réunion en commun (…) une fois que nous aurons pris connaissance des résultats potentiels des réunions qui ont déjà eu lieu ».
Vendredi, alors que cette nouvelle série de discussions venait de débuter, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a assuré qu’aucun accord ne serait imposé à l’Ukraine.
« C’est à eux de conclure un accord. Nous ne pouvons pas forcer l’Ukraine à conclure un accord. Nous ne pouvons pas forcer la Russie à conclure un accord. Il faut qu’ils (le) veuillent », a affirmé lors d’une conférence de presse à Washington le chef de la diplomatie américaine.
De plus en plus impatient, Donald Trump a toutefois pressé Kiev de « bouger rapidement », lors d’un échange avec la presse dans le Bureau ovale.
Les Européens invités à participer
L’inclusion directe des Européens constitue une nouveauté par rapport aux précédentes réunions qui ont eu lieu ces dernières semaines entre Ukrainiens et Américains à Genève, Miami et Berlin.
Les pourparlers diplomatiques destinés à mettre fin au conflit, qui entrerait en février dans sa cinquième année, se sont accélérés ces dernières semaines après la publication d’un plan de l’administration Trump, sans aboutir à un cessez-le-feu.
Les Etats-Unis ont en effet proposé, il y a plus d’un mois, un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie en février 2022. Ce texte initial, perçu comme étant largement favorable au Kremlin, a depuis été remanié après les consultations avec Kiev.
Quelle est la situation sur le terrain ?
En Ukraine, la Russie continue de viser les infrastructures de son voisin : vendredi soir, un missile balistique a fait sept morts et quinze blessés près d’Odessa, a annoncé le gouverneur local Oleg Kiper. Moscou a également affirmé samedi avoir pris deux villages dans les régions de Soumy (nord) et Donetsk (est).
De son côté, Kiev a annoncé samedi avoir détruit deux avions de combat russes sur un aérodrome situé dans la péninsule de Crimée occupée, selon les services de sécurité SBU.
Vendredi, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que « la balle » était « dans le camp » de Kiev et de ses alliés européens, la Russie ayant déjà accepté des « compromis » au cours de ses propres pourparlers avec les Américains.
Il s’est félicité des gains territoriaux obtenus dans l’est de l’Ukraine par les forces russes, assurant que celles-ci « avancent sur toute la ligne de contact ».
Les troupes russes ont accéléré cette année leurs conquêtes sur le front en Ukraine, dont elles contrôlent environ 19% du territoire.

