Des Palestiniens à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 9 octobre 2025, après l’annonce d’un nouvel accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. TAMER IBRAHIM/APAIMAGES/SIPA
C’est désormais officiel. L’accord de cessez-le-feu avec le Hamas, qui prévoit la libération des otages encore retenus à Gaza et celle de prisonniers palestiniens, a été approuvé par les autorités israéliennes jeudi 9 octobre. « Le gouvernement vient d’approuver le cadre pour la libération de tous les otages – qu’ils soient vivants ou décédés », indique un communiqué diffusé dans la soirée. « Le Nouvel Obs » fait le point.
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• Mahmoud Abbas souhaite « paix » et « stabilité »
Le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a déclaré jeudi dans un rare entretien accordé à une télévision israélienne souhaiter « la paix, la sécurité et la stabilité » entre les Palestiniens et Israël. « Ce qui s’est passé aujourd’hui est un moment historique », a-t-il assuré dans cette interview sur la chaîne 12 à Ramallah, siège de l’AP, à propos de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza conclu sous l’égide du président américain Donald Trump.
« Nous espérions et nous gardons espoir de parvenir à mettre fin au bain de sang qui sévit dans notre pays, que ce soit dans la bande de Gaza, en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est, a ajouté Mahmoud Abbas. Aujourd’hui, nous sommes très heureux que ce bain de sang ait pris fin. Nous espérons qu’il en sera ainsi et que la paix, la sécurité et la stabilité régneront entre nous et Israël. »
• Libération des otages et retrait progressif des troupes israéliennes
L’accord conclu jeudi en Egypte, qui s’intègre dans un plan de paix en 20 points présenté le 29 septembre par Donald Trump, prévoit notamment la cessation des affrontements, la libération rapide des 47 otages israéliens retenus par le Hamas à Gaza, dont 20 sont présumés vivants, et de près de 2 000 prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que le retrait progressif des forces de l’Etat hébreu de l’enclave et l’entrée d’une aide humanitaire accrue.
Cette première phase ne prévoit pas de régler l’épineuse question de l’autorité chargée d’administrer la bande de Gaza, voire de superviser la reconstruction de ce territoire ravagé par deux années de bombardements israéliens. Mais la feuille de route du président américain comprend la création d’un « comité de la paix » présidé par Donald Trump lui-même pour superviser le gouvernement de transition dans l’enclave. Interrogé par la chaîne Al Araby sur le comité, Osama Hamdan, un haut responsable du Hamas, a déclaré qu’« aucun Palestinien ne pourrait accepter. Toutes les factions, y compris l’Autorité palestinienne, rejettent ceci [ce comité, NDLR] ».
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Les négociations pour la deuxième phase du plan devaient commencer « immédiatement » après la signature de l’accord sur la première phase, avait annoncé plus tôt un responsable du mouvement islamiste palestinien.
• 200 militaires américains « superviseront » la mise en œuvre de l’accord
Deux cents militaires américains seront mobilisés pour « superviser » et « observer » la mise en œuvre de l’accord, a fait savoir un haut responsable américain sous le couvert de l’anonymat. Le nouveau chef du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l’amiral Brad Cooper, « aura au départ 200 hommes sur le terrain », a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel « terrain » il s’agissait.
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Un second haut responsable a précisé qu’il n’y aurait pas de militaires américains déployés « dans Gaza ». Leur rôle sera de « superviser, observer, de s’assurer qu’il n’y a pas de violations, pas d’incursions », a expliqué le premier haut responsable. « Ce sera surtout de la supervision », a-t-il ajouté. « Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l’armée égyptienne qui vont aider, des membres de l’armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis », a-t-il encore dit.
• « Personne ne sera contraint à partir » de Gaza, assure Trump
Le président américain a assuré jeudi que « personne ne serait contraint à partir » de l’enclave palestinienne, répétant une promesse contenue dans son plan de paix dont Israël et le Hamas viennent d’approuver une première phase. « Personne ne sera forcé de partir. Non, c’est même le contraire », a affirmé Donald Trump dans le bureau Ovale, où il recevait son homologue finlandais Alexander Stubb.
• Trump se prépare à aller en Egypte pour la signature
Le président américain a déclaré qu’il « essaierait » de se rendre en Egypte pour la signature de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages, ajoutant qu’il prévoyait de partir dimanche pour la région. « Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous […] allons avoir une signature officielle » de l’accord, a-t-il affirmé. « Les otages rentreront lundi ou mardi. Je serai probablement là. J’espère être là. Nous prévoyons de partir dimanche, et j’ai hâte d’y être », a-t-il par la suite précisé.
Donald Trump a indiqué que les autorités israéliennes lui « avaient demandé de parler à la Knesset », le Parlement israélien, et ajouté : « J’ai donné mon accord. » « C’est la première fois qu’un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante », a-t-il affirmé. Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset, selon le site internet de l’institution : Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.
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• Des scènes de joie à Gaza
A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, dévastée et affamée, des Palestiniens ont applaudi, chanté et dansé à l’annonce de l’accord, salué par plusieurs pays dont l’Iran, soutien du Hamas et ennemi juré d’Israël. « Dieu merci ! Malgré tous les morts et la perte d’êtres chers, nous sommes heureux aujourd’hui », a dit Ayman al-Najjar à Khan Younès.