Après plusieurs heures de tensions ponctuées d’affrontements, les forces de l’ordre ont réussi à investir l’exploitation ariégeoise.
L’atmosphère s’est brutalement tendue, jeudi 11 décembre en début de soirée, autour du Gaec de Mouriscou, situé aux Bordes-sur-Arize, en Ariège. Depuis plusieurs heures, agriculteurs mobilisés pour soutenir Didier et son frère s’opposent aux forces de l’ordre dépêchées pour permettre l’accès de vétérinaires à l’exploitation. Sur place, les échanges dégénèrent par moments en affrontements.
Jets de projectiles côté manifestants, gaz lacrymogène côté gendarmes : la scène est désormais un face-à-face sous haute tension. “Ils sont 40, on est 500”, lance un manifestant tandis que plusieurs agriculteurs renvoient en cadence les grenades fumigènes vers les forces de l’ordre. Plus loin, d’autres crient à destination des gendarmes : “Ça ne vous dérange pas de manger du poulet ukrainien bourré aux hormones ?”
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L’État dénonce des violences, évoque des cocktails molotov
Dans la soirée, la préfecture de l’Ariège a fermement condamné les violences visant les forces de l’ordre. “Les forces de l’ordre présentes sur place, engagées depuis 13 h 30 pour libérer l’accès des vétérinaires à l’exploitation, sont la cible de jets de projectiles et cocktails molotov de la part d’un groupe de manifestants dont certains éléments de la mouvance contestataire, d’ultra-gauche. Le préfet de l’Ariège appelle de nouveau à l’apaisement et demande aux manifestants de quitter la zone”, indiquent les services de l’État.
Cette communication a immédiatement attisé la colère des agriculteurs présents, toujours déterminés à empêcher les équipes sanitaires d’atteindre l’exploitation familiale où 207 vaches doivent être euthanasiées.
Les agriculteurs outrés
Sur le terrain, les propos préfectoraux ont été vécus comme une provocation. “Nous sommes outrés d’entendre ça. Il sait bien que nous sommes des agriculteurs et pas des casseurs. Peut-être qu’il y a des gens qui se sont greffés à la manifestation, mais nous n’y sommes pour rien. Ce n’est pas à nous de gérer la sécurité. Nous, on gère nos gars”, réagit Kevin Audouy, éleveur.
Quant aux cocktails molotov évoqués par la préfecture, les agriculteurs démentent fermement. “Des affrontements, il y en a eu quelques-uns, mais des cocktails molotov, je n’en ai pas vu. Personnellement, depuis que nous sommes confrontés aux forces de l’ordre, on recule mais on est surtout partis à leur rencontre pour leur dire que nous sommes là et que nous ne les avons pas fait venir pour rien. Nous sommes à 50 m de la ferme, s’ils arrivent dans ce périmètre nous sommes prêts à jeter l’éponge. Encore une fois, je trouve ces propos déplacés”, martèle l’éleveur.
Finalement, vers 22 h 30, les gendarmes ont réussi à investir l’exploitation ariégeoise. Une douche froide pour la centaine d’agriculteurs sur place. “C’est bon, c’est fini”, lance l’un d’entre eux dépité.

