Plus de 400 personnes se sont rassemblées ce vendredi 19 décembre devant la préfecture d’Agen pour soutenir le monde agricole. Mise en scène percutante, minute de silence, prise de parole d’élus… Retour sur les temps forts de cette matinée.
Pas de tracteurs en pagaille. Pas de déchets agricoles déversés devant les administrations. Pas de murs de paille enflammés. À la place, un rassemblement dans le calme et le dialogue.
La CR 47 l’avait annoncé, et a tenu sa parole. Plus de 400 personnes se sont réunies devant la préfecture à Agen ce vendredi 19 décembre au matin. Voici ce qu’il faut retenir de cette mobilisation.
Des mannequins pendus
La CR 47 avait prévenu la veille. Aux alentours de 9 heures – soit une heure avant le début du rassemblement – les agriculteurs grimpent aux arbres du parc Fallières à l’aide d’une échelle. Sur les branches et les grilles de la préfecture, ils suspendent une cinquantaine de mannequins de la taille d’un humain.
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Certains sont vêtus de combinaisons colorées et sont rembourrés avec de la paille pour paraître plus vrais que nature. D’autres sont en carton. Mais le message est le même. “On voulait marquer les esprits, confie José Perez, président de la CR 47. Des agriculteurs se suicident tous les jours à cause de la pression. Si ce pays ne se réveille pas, c’est ce qui va se passer chez tous les agriculteurs.” À 10 h 30, une minute de silence est observée en hommage “à la mémoire des agriculteurs et agricultrices disparus”.
Signature d’un moratoire
Après l’hommage, la présidente de la Chambre d’agriculture du département Karine Duc annonce au micro qu’elle et ses collaborateurs ont rédigé un moratoire. “On n’a pas le temps de bouleverser et de revoir notre agriculture aujourd’hui, exprime-t-elle. Mais on a le temps de poser ce moratoire, de suspendre tout ce qui nous entrave, tout ce qui nous contraint pour nous permettre de nous relancer.”
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Ce texte se divise en quatre axes. D’abord, “autoriser les agriculteurs à produire, sans contrainte et sans entrave.” Dans ce volet, la Chambre d’agriculture 47 demande d’appliquer, en matière de produits phytosanitaires, les normes européennes. Ensuite, “développer l’agriculture française”, en améliorant l’accompagnement par exemple. Enfin, “privilégier l’agriculture française” et “protéger nos troupeaux” constituent les deux derniers axes. “Je vous invite à ne pas chipoter et à le signer”, lance Karine Duc. Aussitôt, un rang d’élus se forme. Le texte reçoit des dizaines de signatures. Il a été envoyé à Matignon dans l’après-midi, selon le syndicat agricole.
Les élus ont pris la parole
Plusieurs élus, représentants d’administrations ou acteurs de la profession se sont succédé sur l’estrade installée devant les grilles de la préfecture pour apporter leur soutien au monde agricole. “Il y a eu un manque d’anticipation dans la vaccination contre la DNC, déplore Guillaume Lepers. On essaye de se battre comme des fous. À l’Assemblée, j’avais l’impression d’être un peu seul à expliquer la colère dans le sud-ouest…”
Pierre Chollet, conseiller départemental, a pris le relais. “Aujourd’hui, on avait une réunion importante au Département, rappelle-t-il. On a tous fait l’effort de sortir des agendas pour être présents. Le monde politique doit se mettre autour de la table pour décider comment on réorganise le monde agricole pour qu’il soit pérenne et fier de ce qu’il produit. […] S’il n’y a pas de rébellion dans ce pays, ça se passera mal.”
Et la suite ?
“Demain, c’est Noël. On doit le passer avec nos familles et nos enfants, qu’on ne voit pas beaucoup. Mais, amis agriculteurs : préparez-vous. Reposez-vous un peu. En début d’année, préparez vos tracteurs, vos remorques… On va repartir si rien ne se passe. Il va falloir qu’on soit entendu une fois pour toutes”, prévient José Perez.