Ce mardi 16 décembre dans la soirée, les mobilisations se sont poursuivies partout dans le Gers pour cette 5e nuit de mobilisations. Retour sur les blocages.
La colère ne retombe pas dans les rangs agricoles. Depuis vendredi 12 décembre, les agriculteurs se mobilisent dans le Gers contre la stratégie d’abattage total mise en place face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Ce mardi soir, la mobilisation a été particulièrement massive, notamment en haute ville d’Auch, en réaction au refus de la ministre de l’Agriculture de mettre en place un protocole expérimental alternatif à l’abattage systématique. Retour sur cette cinquième nuit de mobilisation.
Une minute de silence avant l’action
Ce mardi soir, avant d’entamer le déversement des bennes, les agriculteurs affiliés à la Coordination rurale du Gers ont observé une minute de silence devant un cercueil vide, en mémoire d’un agriculteur du Lot-et-Garonne qui a mis fin à ses jours avant-hier.

“Il venait du 47 et on a fait une minute de silence pour lui avant de commencer les hostilités, explique Jérôme Courrèges, coprésident de la Coordination rurale dans le Gers. Ce n’était pas en lien direct avec la DNC, mais avec un ras-le-bol général du monde agricole.”
Déversements de bennes en haute ville d’Auch
Plusieurs dizaines d’engins agricoles et près de 200 agriculteurs ont investi la haute ville d’Auch pour cette nouvelle soirée d’action. Les agriculteurs de la Coordination rurale ont déversé près de 45 bennes, depuis la préfecture jusqu’à la mairie.
“Comme d’habitude, il n’y a pas eu de dégradation. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues pour empêcher les déversements. Tout s’est déroulé dans une bonne ambiance”, assure Jérôme Courrèges, joint ce mercredi matin de retour dans sa ferme. Une fois l’action terminée, les manifestants se sont regroupés sur le camp installé sur la rocade.
Des actions dans tout le département avec les Jeunes Agriculteurs
Pendant que la haute ville d’Auch était le théâtre de déversements, le reste du département n’a pas été épargné. Plusieurs blocages et manifestations ont eu lieu en parallèle, menés notamment par les Jeunes Agriculteurs.
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“Hier soir, il y a eu un blocage à Condom, une manifestation devant la sous-préfecture, un blocage à Gimont sur la 2×2 voies, au Rampeau, et une mobilisation à Mirande, levée dans la soirée”, détaille Guillaume Fauqué, président des Jeunes Agriculteurs du Gers. “À Condom, il y avait énormément de monde, au moins une centaine de personnes. À Gimont, j’ai été vraiment surpris par la mobilisation, ils étaient environ 80.”
Selon Jérôme Courrèges, des actions ont également eu lieu à Lectoure, Nogaro, Aubiet et Mauvezin. “Sur chaque commune, entre 25 et 30 bennes ont été déversées. Je n’ai jamais vu une mobilisation d’une telle ampleur”, souligne-t-il.
Polémique autour du drapeau tricolore
Ce mercredi matin, le préfet du Gers, Alain Castanier, a annoncé “condamner fermement ces exactions inacceptables”. Une plainte sera déposée auprès de la procureure de la République. Dans son communiqué, le préfet évoque notamment “l’aspersion du drapeau tricolore installé par les manifestants puis volontairement recouvert de lisier”, qualifiant ces faits d’atteinte symbolique à la République.
Une version contestée par Jérôme Courrèges : “Non, on n’a pas souillé le drapeau. C’était le nôtre, on l’a accroché sur la grille de la préfecture, mais rien de plus. On nous fait toujours passer pour les méchants. On ne serait pas là s’il n’y avait pas de problème.”
Déjà en novembre dernier, le préfet du Gers dénonçait les dégradations survenues lors d’une manifestation de la Coordination rurale à Auch. Des déchets avaient été déposés aux abords et sur les deux barrières d’accès du bâtiment situé place de l’ancien Foirail et abritant plusieurs services de l’État, empêchant “toute entrée ou sortie” et provoquant “très probablement une dégradation des barrières elles-mêmes et des mécanismes d’ouverture à distance”.
Une intensification annoncée ce mercredi
Selon le coprésident de la Coordination rurale dans le Gers, la mobilisation devrait encore monter en intensité ce mercredi. “Tant qu’on n’aura pas de réponse, on va intensifier de plus en plus. Je n’ai pas encore vu les gars ce matin, mais ça va se décider en début d’après-midi, comme d’habitude”, conclut-il.

