December 14, 2025

ENTRETIEN. Dermatose nodulaire : "Nous ne lâcherons rien tant que des solutions ne seront pas sur la table"… Jérôme Bayle durcit le blocage de l’A64 à Carbonne

l’essentiel
Depuis deux jours, l’autoroute A64 est bloquée à hauteur de Carbonne par les agriculteurs, mobilisés face à l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse et, en particulier, la stratégie d’abattage total des troupeaux. À la tête du mouvement des “Ultras de l’A64”, Jérôme Bayle assume un rapport de force durable et plaide pour une alternative fondée sur la vaccination, la solidarité paysanne et un accompagnement économique d’urgence.

Comment se déroule le blocage de l’autoroute depuis deux jours ?

Le mouvement se passe bien. L’organisation est en place et la détermination est là. Beaucoup d’entre nous continuent à travailler, à soigner leurs bêtes matin et soir. On fait les allers-retours, mais le blocage est tenu. Ce n’est pas une action symbolique : on est sur un blocage durable et assumé.

Vous confirmez donc une mobilisation dans la durée…

Oui. Il y a un an et demi, on avait joué “petit bras”. Cette fois-ci, on joue “gros bras”. On a appris des précédentes mobilisations. On s’installe, on s’organise, on anticipe. On a même décoré le site pour les fêtes, c’est dire si on est prêts à rester. On ne partira pas tant qu’on n’aura pas de réponses sérieuses.

La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, doit se rendre sur le territoire. Qu’en attendez-vous ?

Elle m’a appelée ce matin. Je lui ai clairement dit que notre position restait inchangée. Ce qu’on attend, ce ne sont pas des visites ou des effets d’annonce, mais des décisions. Aujourd’hui encore, des élevages sont menacés par l’abattage, comme à Benque. Les éleveurs sont contre, et on les soutient totalement.

Quelles alternatives défendez-vous face à la crise sanitaire ?

La vaccination est déjà obligatoire dans la zone réglementée, mais ce n’est pas suffisant. Nous proposons d’étendre réellement la zone vaccinale sur un périmètre de 100 km, d’interdire strictement tout transport d’animaux hors abattage et de stopper le transit, car des camions continuent de traverser ces zones à risque. Il faut une vraie barrière sanitaire.

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Vous évoquez aussi une autre approche scientifique…

Oui, nous demandons la création d’une ferme expérimentale pour mieux comprendre l’évolution de la maladie. L’abattage massif ne peut pas être une solution durable. Il faut construire une stratégie intelligente, basée sur la connaissance et l’anticipation.

L’État a-t-il, selon vous, les moyens d’agir rapidement ?

Bien sûr. L’État sait envoyer des CRS, il peut envoyer ses services pour vacciner. Il faut une bataille vaccinale massive, de Bordeaux à Montpellier, menée en moins d’un mois. Ensuite, il faudra accompagner financièrement les exploitations : avances de trésorerie, crédits à taux zéro, exonérations de charges sociales et création d’un fonds d’urgence. On va garder nos animaux, mais il faut pouvoir continuer à vivre et à payer les salariés.

Le monde agricole apparaît divisé sur ces questions…

Sur le terrain, on voit l’inverse. Il y a les Ultras, la CR, la Confédération paysanne, et surtout des agriculteurs avant tout. Il faut dépasser les étiquettes syndicales et construire un véritable collectif paysan français. Si l’État passe en force, il y aura une révolte agricole sans précédent. Aujourd’hui, plus de 180 kilomètres de l’A64 sont impactés. Chacun devra assumer ses choix.

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