Narges Mohammadi dans son appartement à Téhéran, en Iran, le 18 décembre 2024. NOOSHIN JAFARI/SIPA
Les soutiens de l’Iranienne Narges Mohammadi sont sans nouvelles de la prix Nobel de la paix 2023 depuis son arrestation à la fin de la semaine, et ont exhorté ce dimanche 14 décembre la République islamique à libérer la militante ainsi que des dizaines d’autres personnes arrêtées en même temps qu’elle.
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La militante de 53 ans, arrêtée pour la dernière fois en novembre 2021, a passé de nombreuses années derrière les barreaux. Elle avait bénéficié d’une permission de sortie temporaire pour raisons de santé en décembre 2024, en raison de problèmes pulmonaires notamment.
• Violentes arrestations vendredi
Elle a été interpellée vendredi après avoir pris la parole lors d’une cérémonie commémorative dans la ville de Mashad (est) en hommage à l’avocat Khosrow Alikordi, retrouvé mort plus tôt ce mois-ci. Selon le procureur de Mashad, Hassan Hemmatifar, 38 personnes ont été arrêtées lors de la cérémonie, dont Narges Mohammadi et une autre militante connue, Sepideh Gholian, tandis que le frère de Me Alikordi, Javad, a été arrêté plus tard dans la journée.
Des images de la cérémonie commémorative ont montré Narges Mohammadi sans le voile obligatoire pour les femmes dans l’espace public iranien grimpant sur une voiture et s’adressant à des foules qui scandaient des slogans contre les autorités. Elle a ensuite été arrêtée « violemment », a indiqué la fondation, qui estime, elle, que plus de 50 personnes pourraient avoir été arrêtées en même temps.
• Aucune information sur son « lieu de détention ou son état » de santé
Narges Mohammadi n’a pas passé d’appel téléphonique depuis son arrestation et « seules un nombre limité de personnes interpellées ont pu contacter leurs familles », a indiqué sa fondation dans un communiqué. La fondation évoque sa « profonde inquiétude pour le bien-être physique et psychologique de l’ensemble des détenus et appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle ». La militante se serait vue refuser l’accès à son avocat.
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La fondation ajoute avoir appris que le dossier a été transmis au procureur révolutionnaire de Mashad et que la militante pourrait faire face à des accusations de « rassemblement et de collusion contre la sécurité nationale », sans pour autant avoir reçu la moindre information sur son « lieu de détention ou son état » de santé.
• Des enquêtes en cours pour des « discours provocateurs »
Cité samedi par l’agence Irna, le procureur Hassan Hemmatifar a déclaré que les enquêtes étaient en cours et accusé Javad Alikordi, Gholian et Mohammadi d’avoir prononcé des « discours provocateurs, incitant l’assistance à perturber l’ordre public et à scander des slogans contraires aux normes ».
Ce rassemblement avait lieu en hommage à Khosrow Alikordi, 45 ans, qui avait notamment défendu des personnes arrêtées lors de la répression des manifestations de 2022. Son corps a été retrouvé le 5 décembre, et des groupes de défense des droits humains ont réclamé une enquête sur sa mort, l’ONG Iran Human Rights, basée en Norvège, affirmant qu’il existe « de très sérieux soupçons d’un meurtre d’État ».

