La mobilisation contre les abattages préventifs liés à la dermatose nodulaire s’intensifie dans le Gers. Lycéens et agriculteurs ont manifesté ce vendredi, dénonçant une mesure jugée inacceptable. Un protocole expérimental est proposé pour éviter le dépeuplement systématique. Retour sur une journée d’actions.
Après une nuit agitée dans l’Ariège et sur fond d’annonce des premières euthanasies de bovins dans les élevages en ex-Midi-Pyrénées, la mobilisation a pris forme dans la matinée dans le Gers. Une réunion de la “profession agricole gersoise” avait déjà été planifiée la veille par la chambre d’agriculture.
Mobilisation dans les lycées agricoles : l’exemple de Mirande
Dès 8 h et jusqu’à 14 h, une cinquantaine d’élèves de terminale et de seconde, rejoints par des agriculteurs, ont manifesté à Mirande contre les abattages préventifs liés à la dermatose nodulaire.

Banderoles en main, ils ont tourné autour du rond-point d’entrée de la route d’Auch (avenue Jean-Mermoz et route de Tarbes), pour dénoncer une mesure jugée “inacceptable” : “On voit notre avenir se dégrader. Nous, plus tard, on fait comment s’il n’y a plus de troupeaux ?”, interroge avec colère Maël, élève en terminale au lycée agricole de Mirande. Eli, lycéen également mobilisé, ajoute : “On voulait montrer que nous aussi, les jeunes, on est là.” Ils assurent vouloir se remobiliser si la situation perdure.
14 heures : les blocages débutent à Auch
À Auch, la mobilisation a pris le relais à 14 heures au rond-point de la Hurée (ex-N124 direction Vic), où une dizaine d’agriculteurs et leurs bennes ont commencé à bloquer la rocade. Le président de la Coordination rurale du Gers, Jérôme Courrèges, dénonce l’intervention policière menée la veille en Ariège : “On a été traités comme des criminels.”

Le blocage se poursuit en fin de journée avec l’arrivée en force des Jeunes Agriculteurs, qui remontent sirènes hurlantes, bennes et remorques bien chargées, la route d’Agen en direction du rond-point des Justes.
16 heures : réunion à la chambre
La Chambre d’agriculture du Gers a réuni à 16 heures l’ensemble de la profession, en présence du président du Département, Philippe Dupouy, afin d’exprimer son soutien aux éleveurs concernés par la maladie.
Dans un communiqué suivant cette réunion, elle réaffirme sa ferme opposition à la stratégie actuelle de “dépeuplement systématique” appliquée lors de la détection d’un foyer.

Les interlocuteurs présents estiment que le dispositif mis en œuvre par l’État “montre aujourd’hui ses limites”. La découverte récente de deux foyers en zone indemne, situés respectivement à 90 km et 150 km des précédents cas connus, sans lien épidémiologique identifié, est évoquée. D’autres éléments interrogent, selon la chambre consulaire gersoise, comme “l’absence de mouvements d’animaux depuis des zones réglementées”, des élevages sédentaires et une contamination intervenue en période de faible activité vectorielle.
Protocole DNC 32 : l’heure des doléances
Face à ce constat, le communiqué demande “la suspension immédiate du dépeuplement systématique” et propose la mise en place d’un protocole expérimental complémentaire.
Celui-ci prévoit l’abattage ciblé des seuls animaux PCR positifs, une surveillance PCR hebdomadaire pendant 4 à 6 semaines, un renforcement de la surveillance vétérinaire et une enquête approfondie sur l’origine de la contamination.

Le communiqué plaide également pour “une vaccination massive, rapide et efficace au-delà des zones réglementées”, ainsi que pour la création d’une zone de protection renforcée de 5 km autour des foyers, avec une surveillance accrue. La profession demande enfin que l’État assure la prise en charge intégrale de ce dispositif expérimental.

Ces revendications sont portées en début de soirée à la préfecture du Gers par un contingent formé par les représentants syndicaux (Sylvie Colas, pour la Conf Paysanne, Guillaume Fauqué pour les JA et Jérôme Courrèges, pour la Coordination Rurale) et le président de la chambre d’agriculture, Lionel Candelon, déjà présent la veille en Ariège lors des échauffourées avec les forces de l’ordre. Ce dernier réclame aussi une visioconférence avec la ministre Genevard, “condition préalable pour lever le dispositif auscitain”.

