December 12, 2025

Père aimant ou homme dangereux ? Jugé pour avoir poignardé son ex à six reprises, sa personnalité est passée au crible par la Cour d’assises

l’essentiel
Hicham Bel Hajd est jugé devant la cour d’assises du Lot-et-Garonne pour tentative d’assassinat sur conjoint. Il est accusé d’avoir agressé au couteau son ancienne compagne, à l’hiver 2023 en centre-ville d’Agen.

Difficile de dégager une vérité absolue tant s’affrontent les explications des différentes parties. Jusqu’au 15 décembre, la Cour d’assises du Lot-et-Garonne doit pourtant tenter de comprendre ce qui a pu conduire Hicham Bel Hadj à poignarder son ancienne compagne à six reprises, devant le bar le Mango’s en centre-ville d’Agen la nuit du 15 janvier 2023. Le procès de ce chauffeur de bus à Agen de 57 ans, accusé de tentative d’assassinat sur conjoint, s’est ouvert ce jeudi.

Diffusées sur les grands écrans, les images de la scène sont troublantes. Le rapport du docteur Julien Partrat, médecin légiste, glaçant. La victime de 41 ans, seconde épouse de l’accusé, “présente six plaies. L’une d’elles, sous le sein droit, a touché sur 3 centimètres le péricarde. 2,4 litres de sang lui ont été transfusés, soit la moitié de ce qu’il y a normalement dans son corps.” De longues heures de débats sur la personnalité de l’homme dans le box ont précédé cette focalisation sur l’enquête.

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Un conjoint maltraitant

À travers les différents témoignages – toujours teintés d’hostilité envers la partie adverse – Hicham Bel Hadj est dépeint comme un père “aimant” et “jamais violent” d’un côté, tandis qu’une tout autre personnalité lui est attribuée de l’autre. Notamment par la fille de la plaignante. “Si l’on résume : il vous frappe vous, votre mère, votre sœur. Il vous prend votre argent, boit, se drogue, vous isole. Pourquoi en parlez-vous aujourd’hui pour la première fois ?”, réagit Maître Sarah Nabet-Claverie, en défense. “Il était comme un père pour moi. Je lui pardonnais tout et je voulais le protéger”, rétorque la jeune femme qui s’est également constituée partie civile dans le dossier.

Durant leurs vingt-cinq années d’union, la première compagne de l’accusé, mère de ses enfants, rapporte avoir elle aussi subi des violences régulières, l’ayant conduite à déposer plainte contre lui. Il a ainsi été condamné à quatre mois de prison avec sursis en 2015. “Il sortait beaucoup, était toujours avec des femmes. Il me laissait seule avec les enfants parfois pendant plusieurs jours”, relate-t-elle.

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Animosité

La relation unissant Hicham Bel Hadj à la victime n’a pas su récolter l’approbation de ses proches, intimement convaincus que cette dernière a fait voler son premier mariage en éclats, et entraîné l’homme dans son déclin. “Je pense qu’il nous a caché leur union parce que personne ne l’aurait acceptée. Notre père aurait fait un AVC s’il l’avait su. Avec cette femme, nous ne sommes pas du même monde”, cingle la sœur cadette de l’accusé. “Je n’ai jamais souhaité la connaître. Ça ne se passait pas bien entre eux, je préférais me tenir loin de cette relation”, tranche à son tour l’une des filles du quinquagénaire.

Il faut dire que le portrait d’une femme qui “se prostitue”, “infidèle” et dépendante à l’alcool et à la cigarette, dressé par l’entourage du quinquagénaire, n’a rien d’élogieux. Une confusion, que la présidente Nelly Emin tient à dissiper, semble persister. “La personne avec laquelle votre père a trompé votre mère n’est pas la victime, puisqu’il a rencontré cette dernière en 2016, soit bien après le divorce de vos parents. Qui vous a mis cela dans la tête ?”, recadre la magistrate.

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Réactions

Le raisonnement de l’aîné de la fratrie, disant cultiver une “méfiance” envers celle qui aurait “dragué un homme marié jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle voulait” n’a d’ailleurs pas manqué de faire bondir le conseil de la partie civile. “Votre père n’était pas libre de résister ? Ce n’était pas lui qui avait un devoir de fidélité envers votre mère ? Étiez-vous présent lorsqu’ils se sont rencontrés ? Tout ce que vous racontez, ce sont des histoires”, tempête Maître Laurent Bruneau.

Dans chacune de ses relations, le quinquagénaire, lunettes apposées sur le crâne, balaie toute accusation de violence d’un revers de manche. À propos de la victime, “je n’ai jamais aimé une femme comme elle. Elle passait devant tout le monde”, insiste-t-il.

La quadragénaire est attendue à la barre vendredi 12 décembre, avant que les témoins de son agression ne soient entendus.

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