October 13, 2025

L’ancien baron de la drogue de Toulouse condamné pour avoir détourné 600 000 euros d’une entreprise de matelas

l’essentiel
Vingt-cinq ans après leurs premiers démêlés avec la justice, deux anciens trafiquants de cannabis se retrouvent devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Accusés d’avoir détourné plus de 600 000 € au détriment d’un chef d’entreprise, ils viennent d’être condamnés à un an de prison ferme.

Ils étaient les rois de l’importation de cannabis dans les années 2000. Vingt-cinq ans après leurs démêlés avec la justice, Andrès F. et Hinza C. sont de nouveau poursuivis, cette fois pour un abus de confiance portant sur plus de 600 000 €. Le duo est accusé d’avoir agi comme des mafieux en exerçant des pressions sur un chef d’entreprise afin de l’évincer de sa propre société. « C’est faux ! Nous n’avons jamais menacé personne », se défend Andrès F. devant le tribunal.

Pourtant, son passé ne plaide guère en sa faveur. En 2000, il se présente comme simple commerçant glacier à Malaga, mais une enquête va rapidement le désigner comme un acteur majeur du trafic de résine de cannabis. C’est ce que révèle une instruction approfondie menée par le juge Fabrice Rives à partir de janvier 2002. À l’époque, Andrès F. est soupçonné d’avoir orchestré l’importation de plus de 3,5 tonnes de drogue.

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Fugitif pendant 10 ans

Échappant à une opération policière d’envergure, il prend la fuite et reste introuvable pendant dix ans. Il est finalement arrêté en 2011 et condamné à neuf ans de prison. Son bras droit à l’époque n’est autre que Hinza C., déjà impliqué dans l’affaire.

Libéré en 2019 après neuf ans de détention, Andrès F., 49 ans, retrouve son ancien complice Hinza C., 41 ans. Les deux hommes semblent décidés à tourner la page et se tournent vers un tout autre domaine. Une entreprise spécialisée dans la fabrication de matelas a conçu un modèle innovant, breveté, qui rencontre un franc succès. À la recherche de partenaires, le fondateur accepte que les anciens trafiquants rejoignent l’entreprise — une alliance qui marque le début de sérieux déboires financiers qui ne s’arrêtera qu’en mars 2024.

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Les chefs auraient subi des pressions

Très vite, des tensions apparaissent. « Vous allez vous impliquer à un point étonnant. Votre arrivée coïncide avec une succession de démissions », remarque la magistrate. Une nouvelle gérante, proche des deux associés, est nommée à la tête de l’entreprise. Selon plusieurs témoignages, elle aurait subi d’importantes pressions de leur part. « Elle ne pouvait rien faire », résume la juge lors de l’audience du tribunal correctionnel de Toulouse, tenue fin septembre.

Cette gérante, qualifiée de « de paille », finit par quitter ses fonctions précipitamment et se réfugie à l’étranger, auprès de sa famille. Profitant du vide laissé par ce départ, Andrès et Hinza prennent les commandes de la société. Les paiements des véhicules en leasing sont interrompus, tandis que les machines industrielles sont démontées et revendues pièce par pièce. Les matelas en stock sont vidés pour alimenter une nouvelle société créée par le duo, au détriment de l’entreprise initiale.

Le démantèlement se poursuit : sept véhicules loués sont cédés illégalement, ainsi qu’une centaine de matelas, des oreillers et même un chariot élévateur. L’entreprise contracte ensuite des crédits qui sont rapidement détournés de leur usage prévu. « La note s’élève à plus de 600 000 € », résume le procureur de la République.

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” Tout est inventé”

Face aux accusations, les deux prévenus, assistés de Mes Clémence Doumenc, Camélia Dilmi et Jocelyn Momasso-Momasso dénoncent un procès à charge. « Le trou dans les comptes existait déjà ! L’ancien patron avait une dette auprès d’un de ses fournisseurs. Nous avons tout découvert au dernier moment. On veut nous mettre les choses sur le dos à cause de notre passé. Tout est inventé », affirment-ils.

Le procureur de la République a requis trois ans de prison ferme, assortis d’un mandat de dépôt. De par son expérience criminelle, Andrès savait qu’il risquait d’être incarcéré au moment du délibéré. Ce lundi 13 octobre, jour du délibéré, il est donc arrivé vers 14 heures au tribunal, porteur d’un sac de sport rempli de ses affaires à prendre pour la prison. Mais cette précaution se révélera inutile : le tribunal les condamne finalement à un an de prison “aménageable” et à plus de 80 000 € d’amende.

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