December 10, 2025

Budget de la sécurité sociale 2026 : pronostics, petites phrases, tensions… ce qu’il s’est passé dans les coulisses de l’Assemblée

l’essentiel
Hier durant toute l’après-midi, macronistes et socialistes ont refait leurs comptes. Passera ? Passera pas ? Finalement, dans une ambiance survoltée, le budget de la Sécurité sociale a été adopté avec 13 voix d’avance. Ambiance.

Il n’y a pas que le PLFSS dans la vie… Hier, entre les statues de la salle des Quatre Colonnes du Palais Bourbon, députés et journalistes savouraient le plaisir d’aborder ensemble un autre sujet glissé dans l’actualité la veille comme un cadeau de Noël. À quelques heures du vote du budget de la Sécurité sociale, Brigitte Macron fait office de vedette.

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Samedi, la première dame a traité de “sales connes” quatre féministes qui ont fait irruption dans une salle de spectacle à Paris. Olivier Faure, Sandrine Rousseau… personne n’essaie d’échapper aux questions sur le sujet. Mais très vite, le texte en débat dans l’hémicycle les rappelle à l’ordre. Impossible d’y échapper.

Olivier Faure écrit sa victoire

Chacun a fait ses calculs, certains à l’aide des simulateurs de différents organes de presse, d’autres se fiant aux boucles WhatsApp des groupes politiques et les derniers, à l’ancienne, faisant le tour des parlementaires. Vers 15 heures, les pronostics varient encore. Pour un conseiller, “ça passe à quatre ou cinq voix près”. Selon un député macroniste, ce sera du 50/50 et donc un rejet du texte.

Olivier Faure, lui, préfère ne pas jouer les pronostiqueurs. Face à un mur de caméras, son ton est grave. Sans doute sait-il que si le sort du Premier ministre Sébastien Lecornu est en jeu, c’est aussi le cas de son leadership sur le PS. “Si le PLFSS n’était pas voté, ce serait une vraie déception, je ne m’en cache pas. Je considérerais que j’ai échoué à convaincre mes amis politiques”. En dramatisant ainsi, le Premier secrétaire écrit déjà l’histoire de sa propre victoire.”Quand on dit : ce sera un échec personnel, cela veut aussi dire qu’à l’inverse, ce sera une victoire personnelle si le texte est adopté”, traduit un peu plus tard, dans les jardins de l’Assemblée, une ancienne ministre.

“On est déjà on fire

Non loin de là, le député Horizons Laurent Marcangeli tente une fois de plus d’expliquer l’abstention de son groupe pourtant membre du socle commun : “C’est vrai, j’étais pour les concessions et le compromis. Mais là, c’est une capitulation. On a un budget avec un déficit de plusieurs milliards d’euros”.

À l’intérieur de l’hémicycle, les débats ont repris. La présidente enchaîne les amendements lorsque, à 17h08, les discussions bloquent sur un amendement concernant certains secteurs comme la radiothérapie ou la dialyse, accusés d’être trop dépensiers. Bronca à droite. Le gouvernement le retire immédiatement. “Ça n’est pas la peine de mettre de l’huile sur le feu, on est déjà assez on fire comme ça”, commente une ancienne ministre. Et un député Liot d’ajouter, plein d’ironie : “On n’est plus à 200 millions près”.

Un compromis qui fait mal

La nuit tombe sur le Palais Bourbon. Tout le monde parie désormais sur une adoption du texte. “Mais ce sera une victoire à la Pyrrhus”, commente notre député Liot partisan du 49.3. Il argumente ainsi : “L’impression de bazar a tellement marqué les Français que si demain on leur demande s’ils veulent refaire confiance à la démocratie parlementaire, ils diront non”. Une ancienne ministre grille une cigarette pour canaliser sa colère : “Un budget qui suspend la réforme des retraites, qui prévoit 24 milliards de déficit… Non franchement this is not a happy day ce soir. C’est un compromis qui fait mal”.

Et d’ajouter : “Le cadeau fait aux écolos pour qu’ils s’abstiennent (le maintien des dépenses de santé au même niveau que l’an dernier NDLR), il faut vraiment que ce soit le dernier des derniers. Après, c’est le RGO (reflux gastro-œsophagien NDLR)”. Au même moment, la patronne du groupe vert Cyrielle Chatelain s’avance dans la salle des quatre colonnes pour annoncer que son groupe a obtenu tout ce qu’il demandait et que donc il s’abstiendra. Une abstention qui permet au gouvernement de faire voter son budget avec les socialistes et sans Horizons.

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