La croisière connaît la plus forte croissance du tourisme mondial, avec plus de 37 millions de voyageurs attendus en 2025. Tiré par des prix compétitifs et des navires toujours plus gigantesques, le secteur suscite des critiques sur son impact environnemental.
Longtemps considérée comme une escapade “ringarde” pour retraités, la croisière s’impose désormais comme l’une des formules de vacances les plus prisées. Après avoir été durement frappé par la pandémie, le secteur affiche une santé de fer : en 2025, plus de 37 millions de voyageurs dans le monde sont attendus à bord d’un navire de croisière, selon les prévisions de l’association internationale des croisières (CLIA). C’est 57 % de plus qu’en 2014, et 25 % de plus que le niveau préCovid.
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Ce concept se popularise dès 1977 grâce à la série La croisière s’amuse diffusée sur TF1 (ou intitulée The Love Boat aux États-Unis). Près d’un demi-siècle plus tard, le modèle est poussé à l’extrême. En 2025, sept des onze nouveaux bateaux mis à l’eau dépasseront les 3 000 passagers. Le World-America, fleuron de MSC, peut accueillir 6 700 vacanciers et 2 000 membres d’équipage. Et il reste plus petit que l’Icon-of-the-Seas de Royal Caribbean, temple de la démesure, capable de transporter jusqu’à 10 000 personnes.
Plus les bateaux grossissent, plus les coûts unitaires baissent. Et plus l’offre à bord devient folle : patinoires, tyroliennes, toboggans géants, comédies musicales, bowling, manèges… “Aujourd’hui, tous les publics ont une croisière qui leur correspond, explique Lionel Rabiet, directeur de l’agence Voyages d’exception. Les paquebots modernes conviennent aux familles, les croisières fluviales aux voyageurs plus calmes, et les croisières d’exploration à ceux qui recherchent l’aventure.”
La croisière séduit un public plus jeune
Loin d’un produit réservé à une clientèle senior ou fortunée, la croisière séduit désormais un public beaucoup plus large jusque dans les classes moyennes. En 2024, l’âge moyen des passagers est également tombé à 46,7 ans, contre 49 ans en 2019. “Ce type de vacances est très fidélisant, souligne Lionel Rabiet. Une fois qu’ils ont testé, une grande partie des voyageurs revient dans les cinq ans qui suivent.”
Le prix constitue d’ailleurs un argument majeur pour séduire les vacanciers. En dehors des périodes de haute saison, certaines croisières s’affichent à moins de 800 euros la semaine, en pension complète. “Aucune autre offre touristique ne rivalise avec ce rapport qualité/prix”, insiste Lionel Rabiet. Et les Européens restent particulièrement friands de ce type de vacances. En 2024, ils étaient 8,44 millions à embarquer, une hausse de 2,8 % sur un an. Cinq pays concentrent l’essentiel du marché : l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne… et la France, bien qu’avec un taux de pénétration encore modeste.
Croisière XXL, pollution XXL ?
Reste l’épineuse question environnementale. Symbole d’un tourisme de masse, le paquebot cristallise de nombreuses critiques, accusé de générer une pollution à grande échelle. En moyenne, un seul de ces navires émet chaque année près de 20 000 tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de 10 000 voitures, selon l’ONG Transport & Environnement.
Un chiffre qui alimente les inquiétudes, même si le secteur affirme avoir pris la mesure de son impact. “Les armateurs travaillent beaucoup sur l’optimisation environnementale de leurs navires, assure Lionel Rabiet. La grande évolution récente, c’est l’électrification des ports – en voie de finalisation à Marseille – qui permet aux bateaux de se brancher sur le réseau local une fois à quai.”
Quant au surtourisme, régulièrement pointé du doigt dans des villes comme Venise ou Barcelone, le secteur se défend. Pour CLIA France, les croisières “apportent une manne touristique importante tout en maîtrisant les circulations, car on sait orienter les passagers”.