December 8, 2025

"On surestime la pénibilité" : Tisséo veut attirer de nouveaux conducteurs et lance une campagne de recrutement de 200 postes pour 2026

l’essentiel
Tisséo Voyageurs s’apprête à renforcer massivement ses équipes pour répondre à l’augmentation de l’offre de transport et à la future mise en service de la ligne C en 2028. Thierry Wischnewski, directeur général de Tisséo Voyageurs, détaille les enjeux pour le réseau et pour l’emploi local.

Thierry Wischnewski, le Directeur Général Tisséo Voyageurs.
Thierry Wischnewski, le Directeur Général Tisséo Voyageurs.
Tisseo

Pourquoi lancez-vous une campagne de recrutement à partir de ce lundi ?

Nous avons trois raisons principales. Chaque année, nous devons recruter environ 120 à 130 conducteurs pour compenser les départs à la retraite. Cette année, les besoins sont encore plus importants. D’abord parce que l’offre augmente fortement depuis plusieurs mois, ce qui nécessite davantage de ressources. Ensuite, le métro toulousain approche de ses 35 ans : la génération qui a participé à son lancement part progressivement à la retraite, et nous devons remplacer ces départs. Enfin, nous préparons l’exploitation de la ligne C, prévue fin 2028, qui nécessitera environ 150 créations de postes supplémentaires. Concrètement, nous recherchons plus de 200 personnes pour 2026, et probablement autant pour 2027.

Ce sont plutôt des postes pour le métro ou pour le bus ?

Nous recrutons principalement des conducteurs de bus et de tramway. Grâce à la mobilité interne, certains conducteurs de bus rejoindront le métro. Pour la ligne C, nos salariés actuels seront aussi intéressés par ces mobilités, mais nous aurons besoin de nouveaux profils externes.

Vous avez 120 départs à la retraite chaque année ? C’est un effet baby-boom ?

C’est un mélange. Il y a les départs naturels, mais aussi l’évolution de la législation. Beaucoup de personnes choisissent une pré-retraite entre 55 et 60 ans. À partir de 60 ans, il est possible de travailler à temps partiel, ce qui libère des postes. Ces choix de vie individuels génèrent des recrutements supplémentaires.

Quel est aujourd’hui l’effectif de Tisséo Voyageurs ?

Nous comptons 2 700 salariés, dont 1 350 agents de conduite, c’est-à-dire les conducteurs de bus et de tramway.

Quels profils recherchez-vous ? Des jeunes diplômés ?

Nous avons plusieurs types de candidats. Certains viennent de nos concurrents, attirés par nos conditions de travail et de rémunération. Nous collaborons aussi avec différentes filières pour attirer des personnes qui n’avaient pas imaginé ce métier. Avec France Travail, par exemple, des formations financent les permis. Et à partir de 2026, nous créerons des postes de conducteurs de tramway qui ne nécessiteront pas de permis de transport en commun : un simple permis B et une formation interne de quatre semaines suffiront. Nous cherchons aussi une cinquantaine de techniciens de maintenance par an, qualifiés en électronique et technologies embarquées. Nos bus sont très informatisés, et les filières peinent à fournir assez de profils.

Donc on peut devenir conducteur de tramway sans être conducteur de bus ?

Oui. La formation interne dure quatre semaines. Pour les conducteurs déjà titulaires du permis transport en commun, la formation dure aussi quatre semaines, plus une semaine pour la prise en main des différents matériels. Pour ceux qui n’ont pas ce permis mais souhaitent conduire le tramway, il faut une habilitation interne, toujours sur quatre semaines, à condition d’avoir le permis B. Nous ne finançons pas directement le permis bus, ce sont nos partenaires, notamment via des dispositifs France Travail, qui le font. Nous recrutons ensuite les personnes qui ont suivi ces formations.

Avez-vous du mal à recruter ?

Nous recevons des candidatures, mais les candidatures réellement sérieuses sont plus difficiles à trouver. Nous cherchons des personnes rigoureuses, qui aiment la relation voyageurs et ont un vrai sens du service. L’âge ou le sexe n’ont aucune importance. Ce qui compte, c’est l’envie et la capacité à être en contact avec le public. Le conducteur travaille de façon autonome, mais il n’est jamais seul : il est soutenu par une organisation technique et sécuritaire qui peut intervenir en cas de problème. Nous utilisons toutes les filières possibles, mais les besoins restent énormes.

Quel est le salaire de départ ?

Pour un débutant, il est d’environ 1 800 € bruts, avec des heures complémentaires. Après deux ou trois ans, avec l’ancienneté et les négociations annuelles, il atteint rapidement 2 000 € bruts.

Combien de personnes aviez-vous recrutées l’an dernier ?

Chaque année, nous organisons le “Tram de l’emploi”, dont la quatrième édition aura lieu le 10 février. Avec nos partenaires, nous pouvons recruter jusqu’à 450 conducteurs par an. Nous voulons attirer des personnes hors métier pour renforcer durablement la filière. La rémunération chez Tisséo est 25 à 30 % supérieure à celle de nos concurrents. Mais le métier reste perçu comme contraignant à cause des horaires (tôt, tard, week-end). Nous assurons un service 364 jours par an, avec deux jours de repos par semaine et des week-ends réguliers.

Cette campagne de recrutement vise au-delà du Grand Toulouse ?

Oui, une campagne étendue à toute l’Occitanie. Nous voulons toucher aussi les zones rurales éloignées, car Tisséo propose de vraies carrières. Hier encore, j’ai remis la médaille du travail à un agent qui a exercé cinq métiers en 33 ans. Nous voulons montrer que les habitants des périphéries nous intéressent aussi.

Êtes-vous en concurrence pour ces recrutements ?

Non, pas directement. La seule concurrence, c’est la perception du métier. La pénibilité est souvent surestimée. Nous sommes sur un rythme de 35 heures effectives, avec deux jours de repos et un week-end de temps en temps. La preuve de l’attractivité : ceux qui entrent chez Tisséo y restent. Nous avons un régime attractif, de bonnes conditions de travail.

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